
01/08/2025
Quand cette peinture du Meir à Anvers a été réalisée en 1660 par Erasmus De Bie, l’âge d’or de la cité flamande était derrière elle. A la tête de l’Escaut relié à toutes les mers du monde, Anvers était au XVIe siècle une puissance commerciale phénoménale. Mais quand les divisions confessionnelles la rongèrent de l’intérieur, l’impitoyable duc d’Albe envoyé par le monarque espagnol pour mater la rébellion entraîna une guerre de quatre-vingts ans et sa déchéance. Anvers perdit son statut de haut lieu du commerce international et ne retrouva sa gloire qu’au XIXe siècle grâce à Napoléon.
Pourtant, cette peinture d’un extraordinaire réalisme laisse encore entrevoir une partie de la grandeur de la cité et de sa vie bouillonnante. C’est le carnaval et des personnages vêtus à la manière des caractères de la Commedia dell’arte dansent et font la fête. Les bourgeois à cheval ou en carrosse traversent la place très animée alors que les gens du peuple sont venus assister à une pièce de théâtre en plein air. Tout autour, les maisons de guilde avec leurs façades à pignons témoignent de la richesse architecturale de la ville tandis qu’à l’arrière-plan, se dresse tel un doigt de mise en garde, l’unique clocher gothique de la cathédrale Notre-Dame. Un peu plus à gauche, on aperçoit la tour de guet de la maison Den Spieghel au sommet duquel un jeune homme aux yeux aiguisés comptait les navires entrant dans le port qui seraient soumis à la taxe.
Erasmus De Bie, Vue du Meir à Anvers, 1660.