
11/07/2025
👻Comment meurent les démocraties ?
📽Dans les films hollywoodiens, la mort d’une démocratie est toujours brutale : un coup d’Etat renverse le gouvernement, des tanks roulent dans les rues, les médias sont contrôlés par des militaires en uniforme… Tout tombe en un éclair.
📣Mais qu’en est-il dans la réalité ? Le plus souvent, les démocraties meurent lentement. Non pas sous la botte d’un dictateur, mais entre les mains d’élus, issus des urnes à la suite de scrutins électoraux. Le déclin d’une démocratie se joue à bas bruit, c’est une érosion progressive des valeurs, des droits, des contre-pouvoirs et des institutions…
🧑🧔Steven Levitsky et Daniel Ziblatt sont deux politologues de Harvard qui publient, en 2018, « How democracies die » (Comment meurent les démocraties ?). Ils proposent une analyse comparative des régimes d’Europe, d’Amérique latine et des Etat-Unis pour souligner des signes avant-coureurs de l’autoritarisme. Présentons-les et à chacun·e d’ouvrir les yeux autour d’elle ou de lui car, depuis 2018, le monde a déjà bien changé.
😱4 Signaux d’un déclin démocratique
1️⃣ Le rejet des règles démocratique : la contestation du processus électoral, le refus d’accepter les résultats en cas de défaite, la remise en cause des contre-pouvoirs institutionnels comme le contournement ou la suppression des moyens d’action de l’opposition.
2️⃣ La délégitimation des opposants : la présentation des adversaires comme illégitimes, des traitres, des ennemis de la nation, des agents infiltrés au lieu de rivaux politiques.
3️⃣ La tolérance ou l’encouragement de la violence : le fait de fermer les yeux sur les violences commises par ses partisan·e·s ou les encourager implicitement/explicitement.
4️⃣ La volonté de restreindre les libertés civiles : les attaques contre la presse, la justice, les menaces envers les opposants, la répression des libertés publiques et/ou des droits fondamentaux.
🇺🇸Où en sommes-nous avec Trump ?
⚡️Déjà en 2018, à la sortie du livre, les auteurs Levitsky et Ziblatt n’hésitent pas. Donald Trump incarne un autocrate et son arrivée au pouvoir en 2016, lors de son premier mandat, marque une rupture dans l’histoire politique américaine.
🔥Depuis son deuxième mandat, sans être exhaustif, nous observons dans les discours : une mise en scène des déportations, des appels à annexer le Canada et le Groenland, du racisme, du sexisme, …
🔥Dans les actes : le refus d’accepter sa défaite, la tolérance envers l’assaut du Capitole, une utilisation de l’armée et de la garde nationale contre les personnes migrantes et les manifestations, l’interdiction de certaines agences de presse à la maison Blanche, la suppression de certains sites, agences, personnels et recherches (liées, entre autres, aux questions de racisme, de genre, de climat, de culture, de féminisme, de diversité, d’inégalité…), la fin des politiques de diversité, le renvoi et l’attaque de certains magistrats, le rejet des personnes LGBTQIA+ et de leurs droits…
😰Devons-nous avoir peur ? Selon les auteurs, en 2018 déjà, oui !
❓Que faire ?
🖋Levitsky et Ziblatt expliquent : « Nous devons être humbles et audacieux. Nous devons apprendre des autres pays à reconnaître les signes avant-coureurs (…) Nous devons voir comment les citoyens ont su faire face aux grandes crises démocratiques du passé ». Ils insistent : « Nous ne devons pas seulement restaurer les normes démocratiques, mais les étendre à l’ensemble de sociétés de plus en plus diverses. C’est un défi de taille... C’est notre défi à présent. Les générations précédentes ont fait d’immenses sacrifices... Nous devons empêcher notre démocratie de mourir de l’intérieur ».
🚨Les auteurs appellent les partis à cesser de courtiser le nationalisme blanc et la démagogie et à construire une base électorale diversifiée ainsi que proposer des politiques ambitieuses sur le marché du travail en s’attaquant aux inégalités, un moteur puissant de polarisation politique.
✋Ce n’est pas que « chez les autres »
😵Une tentation fréquente dans les démocraties européennes est de se croire à l’abri, de penser que tout ceci n’arrive qu’ailleurs : en Turquie, en Hongrie, en Russie, aux Etats-Unis. Mais les petits changements qui mènent subrepticement vers l’autocratie ne tombent pas du ciel du jour au lendemain. Cela germe souvent sous nos pieds, provenant du mépris, de la surenchère, de l’inaction face aux inégalités ou à l’exclusion.
✅A (re)lire: « How democracies die : what history reveals about our future », Steven Levitsky and Daniel Ziblatt.