PopEx - Populisme, extrémisme et complotisme

PopEx - Populisme, extrémisme et complotisme Comprendre le populisme, l'extrémisme & le complotisme avec François Debras, Dr en siences politiques

PopEx, c'est avant tout un projet, celui de François Debras (docteur en sciences politiques et sociales, professeur associé à l'Université de Liège et Maître assistant à HELMO), qui souhaite
sensibiliser à la présence et à la montée des discours, des mouvements et des idéologies populistes, extrémistes et complotistes en Europe et aux Etats-Unis. Pour ce faire, François Debras enregistre des podc

asts et des vidéos, organise des conférences, des débats et des ateliers, rédige des articles, des ouvrages et des enquêtes, propose des outils théoriques et pédagogiques accessibles à toutes et à tous pour mieux comprendre les phénomènes populistes, extrémistes et complotistes. PopEx, c'est une nécessité, celle de lutter contre ces phénomènes! PopEx, c'est une volonté, celle que chacune et chacun devienne les actrices et les acteurs de la société démocratique de demain!

: https://www.youtube.com/

En lien avec PopEx, François Debras organise:
- un certificat inter université et haute école "Populisme et extrémisme en Europe" (Université de Liège et Haute Ecole Libre Mosane). https://www.programmes.uliege.be/cocoon/20222023/formations/bref/DYPEXE90.html
- une formation continue "Réagir aux discours de haine ? Populismes, extrémismes et complotismes" (Haute Ecole Libre Mosane). https://www.helmo.be/Formation-continuee/Social/reagir-discours-haine.aspx

❌Un contradicteur malveillant (« malicious contrarian »)🎤Charlie Kirk est mort, assassiné ce 10 septembre. Plutôt que de...
11/09/2025

❌Un contradicteur malveillant (« malicious contrarian »)

🎤Charlie Kirk est mort, assassiné ce 10 septembre. Plutôt que de revenir sur cet événement ou sur son idéologie d’extrême droite, interrogeons-nous plutôt sur sa posture rhétorique dans les débats qu’il organisait sur les campus américains. Je vous partage l’analyse de Julius Doyle, University Professor, Loyola Marymount University.

🧐🧐🧐

➡️Un contradicteur malveillant (« malicious contrarian ») est une personne qui dira: « Hé, tout le monde, j’ai une opinion sur quelque chose. Venez débattre avec moi. Prouvez-moi que j’ai tort ». Ce faisant, peu importe qui s’adresse à ce contradicteur, il ne concédera jamais quoi que ce soit. Il n’admettra jamais qu’il a tort. Il n’admettra jamais la défaite. Il n’admettra jamais que vous avez raison. Son succès n’a jamais reposé sur le mérite intellectuel. Au contraire, le succès de cette personne repose entièrement sur sa capacité à vous énerver.

♟Un contradicteur malveillant ciblera intentionnellement un public vulnérable. Dans le cas de Kirk, il s’agit des étudiant·e·s de premier cycle universitaire. Au lieu de débattre avec des professeur·e·s sur la base des idées qu'il avance, il s’adresse directement à celles et ceux qu’il prétend être endoctriné·e·s. Ce faisant, il n’essaie jamais réellement de prouver quoi que ce soit mais plutôt de rallier à lui des personnes qui n’ont pas encore les connaissances nécessaires pour voir à quel point il a tort.

❗️Un autre élément, c’est la focalisation argumentative. Cela signifie que c’est toujours « ton camp contre mon camp ». Ce n’est jamais la recherche d’un terrain d’entente. Ce n’est jamais la recherche d’un consensus. Ce n’est jamais une quête commune de vérité. C’est toujours te prouver que tu as tort, ou de t’appâter en te poussant à essayer de prouver qu’il a tort, ce qu’il n’admettra jamais. Ainsi, le contradicteur parle aux autres sur un ton de supériorité pour remettre les gens «à leur place». Cela s’accompagne souvent d’une forte agressivité.

🤔Si vous prêtez attention à la manière dont Charlie Kirk débattait, vous remarquerez que, lorsqu’une personne lui parlait, il défendait ses idées de façon réflexe, interrompait, perturbait ce que l'autre expliquait, puis il insérait de la désinformation partout où il le pouvait, afin de faire trébucher son interlocuteur·rice, même si elle ou il avait une bonne idée.

👉Un conseil, ne parlez jamais à une personne comme Charlie Kirk.

Doyle

⛔️"Bloquons tout"⚡️Le mouvement est né à la suite de la présentation du plan budgétaire du gouvernement Bayrou. Cette mo...
10/09/2025

⛔️"Bloquons tout"

⚡️Le mouvement est né à la suite de la présentation du plan budgétaire du gouvernement Bayrou. Cette mobilisation, analysée par Antoine Bristielle, directeur de l’Observatoire de l’opinion à la Fondation Jean-Jaurès, présente des caractéristiques politiques, sociologiques et stratégiques qui la distinguent à la fois des mouvements syndicaux et des mobilisations récentes comme celles des Gilets jaunes.

✊Selon l’enquête menée par Antoine Bristielle, trois dimensions apparaissent aujourd'hui comme centrales :

1️⃣La justice sociale,
2️⃣La protection de l’environnement,
3️⃣La démocratie directe (9 personnes sur 10)

😡La colère exprimée par les participant·e·s ne se limite pas à une revendication économique ponctuelle. Au contraire, elle s’inscrit dans un registre plus large de transformation politique et sociale. Il n'y a également pas de revendication identitaire ou sécuritaire.

🧐Les données recueillies par le questionnaire d'Antoine Bristielle permettent d’établir un portrait type des manifestant·e·s :

1️⃣Sociologiquement : jeunes, citadin·e·s de villes moyennes, davantage masculins, diplômé·e·s du supérieur, exerçant majoritairement dans les professions intermédiaires ou cadres ;
2️⃣Idéologiquement : 70 % déclarent avoir voté pour Jean-Luc Mélenchon en 2022, 10 % pour Philippe Poutou, confirmant un ancrage idéologique marqué ;
3️⃣Politiquement : un rejet net du président de la République et de l’idée de « front républicain », seulement 24 % ayant voté Emmanuel Macron au second tour de 2022.

👉Comparativement aux Gilets jaunes, issus d’horizons politiques divers et marqués par une forte précarité socio-économique (ouvriers, retraités), les manifestant·e·s de « Bloquons tout » appartiennent à une frange plus politisée de la société.

❓« Bloquons tout » s’inscrit dans la lignée des mobilisations citoyennes émergentes depuis le début des années 2000 facilitées par les plateformes numériques. Comme Nuit debout, le mouvement illustre une auto-organisation en marge des organisations institutionnalisées bien que différentes des Gilets jaunes au vu des profils sociaux et politiques. Plusieurs questions restent entières: quelle trajectoire prendra cette mobilisation? (A suivre demain et les prochains jours donc). Quel avenir pour ses revendications? Ces formes de participation citoyenne non institutionnelle et non traditionnelle marquent-elles l’émergence durable d’un nouveau répertoire de l’action collective ?

🏋️Les ressorts de la rhétorique de Trump🕵Donald Trump est un cas d'étude tout à fait spécifique en analyse des discours....
10/09/2025

🏋️Les ressorts de la rhétorique de Trump

🕵Donald Trump est un cas d'étude tout à fait spécifique en analyse des discours. Sa manière de s’exprimer rompt volontairement avec les codes traditionnels de la communication politique. Là où d’autres cherchent la solennité et la retenue, Trump privilégie un style direct, agressif, parfois vulgaire où se mêlent improvisation, humour grossier et attaques frontales.

🔥Rupture
Donald Trump se présente comme un "outsider", un "homme du peuple" qui échappe aux règles des "élites politiques". Ses phrases courtes, ses répétitions, ses digressions et même ses phrases inachevées donnent une impression de spontanéité. Cela renforce le sentiment d’authenticité auprès de ses partisans qui ont parfois l’impression de participer directement à son discours en le complétant mentalement. La mémorisation est alors d'autant plus forte. La rupture est aussi une traduction verbale de son idéologie, "nous" contre "eux". La distinction est physique, symbolique mais aussi, et peut-être avant tout, verbale.

🎙Improvisation et authenticité
Une grande partie des interventions de Trump semble improvisée, marquée par un "flux de pensée" inintérrompu, décousu. Ce style conversationnel, avec ses hésitations et ses détours, donne l’image d’un discours non scénarisé. C’est précisément ce qui convainc ses partisan·e·s qui perçoivent Trump comme sincère et naturel, par opposition aux responsables politiques jugés artificiels, aux longues phrases compliquées et hautaine renvoyant à un "mais pour qui se prennent-ils"? A l'inverse, Donald Trump parle comme ses électeur·rice·s. Il parle comme elle et eux et donc, implicitement, il créé une illusion, "si je parle comme vous, c'est que je suis comme vous, c'est que je vous comprends".

😡Violence verbale
La violence verbale constitue un autre ressort central. En multipliant insultes et provocations, Trump projette une image de force et de combativité. Ses attaques visent des adversaires clairement identifiés : "l’élite" politique, les médias accusés de "fake news", les personnes immigrées ou encore les "snowflakes", terme méprisant pour désigner celles et ceux qu’il juge trop fragiles. Cette violence marque les esprits, crée la sidération et accole des étiquettes à ses adversaires, leur retirant la possibilité de réagir sur le fond.

💪Masculinité et pouvoir
Son langage choquant et sa brutalité verbale ne sont pas anodins, ils participent à une rhétorique du pouvoir très codée. L’agressivité, l’usage de termes crus, le mépris affiché pour ses adversaires incarnent une forme de masculinité virile, opposée à une gauche décrite comme affaiblie et "féminisée". Dans ce registre, l’insulte devient un signe de domination et l’outrance une preuve d’authenticité et de force.

📺Saturation médiatique
Enfin, sa stratégie repose sur la saturation. En produisant sans relâche des déclarations choquantes ou mensongères, il occupe l’espace médiatique et crée du chaos. Chaque polémique en chasse une autre rendant toute vérification impossible et écartant tout débat rationnel. L’enjeu n’est pas d’argumenter mais de monopoliser l’attention, de marteler les mêmes propos pour qu'à terme, dans les esprits, quantité signifie vérité. Pas besoin d'expliquer, il suffit de répéter.

🤼Face à ce type de rhétorique, deux écueils. 1) rester dans le registre de l’argumentation rationnelle, au risque de paraître faible, professoral ou déconnecté de l’expérience des citoyen·ne·s, de manquer de proximité et d'authenticité. 2) tenter de répondre sur le même registre, en surenchérissant dans l’agressivité, au risque de faire s’effondrer les conditions mêmes du débat démocratique.

💥Dans ce jeu truqué, face Trump gagne, pile nous perdons toutes et tous.

🗳Elections en Norvège, l'extrême droite double ses résultats! 📊Lors des élections législatives du 8 septembre, le Parti ...
09/09/2025

🗳Elections en Norvège, l'extrême droite double ses résultats!

📊Lors des élections législatives du 8 septembre, le Parti travailliste de Jonas Gahr Støre est arrivé en tête avec environ 28 % des voix consolidant sa place de Premier ministre pour un nouveau mandat de quatre ans. Le bloc de gauche conserve ainsi le pouvoir avec 87 sièges sur 169.

⚡️Mais la majorité du Premier ministre est plus étroite qu’en 2021, où il en détenait 100 sièges. Cette fragilité ouvre la possibilité d’un gouvernement minoritaire (une pratique fréquente dans les pays scandinaves) étant donné les fortes divergences notamment entre le Parti travailliste, le Parti du Centre, le Parti socialiste, les Rouge et les Verts.

📈L'extrême droite en forte progression !

😳Le véritable bouleversement de ce scrutin réside dans la percée spectaculaire du Parti du Progrès (FrP), formation d'extrême droite dirigée par Sylvi Listhaug. Avec plus de 24 % des suffrages, le parti double son score de 2021 et devient la première force d’opposition, reléguant les conservateurs à un résultat historiquement faible d’environ 14,5 % (le pire depuis 2005).

⛈Ce changement transforme profondément l’équilibre de l’opposition norvégienne.

🌪Né en 1973, Le FrP (« Parti pour une forte réduction des impôts, des taxes et de l’interventionnisme public »), a longtemps mêlé un discours ultralibéral sur l’économie à une rhétorique violente contre l’immigration. Anciennement incarné par Carl Hagen, libertarien et admirateur de Donald Trump, il a trouvé une nouvelle dynamique avec la présidence de Listhaug, surnommée la « Meloni norvégienne ».

❓Quel·le·s électeur·rice·s

😵Ce qui frappe dans cette progression, c’est le profil sociologique des électeur·rice·s qui l’ont alimentée : le vote des jeunes, surtout masculins, s’est nettement orienté vers l'extrême droite. Cela confirme une tendance de plus en plus marquée en Europe où des segments importants de la jeunesse masculine se reconnaissent dans des formations extrémistes et anti-immigration, en quête d’un discours perçu comme en rupture avec les "partis traditionnels".

🔨La montée du FrP ne se traduit pas par une participation directe au gouvernement mais bouleverse déjà le jeu politique en devenant la principale opposition. Le FrP peut également gagner une importante visibilité et influence, notamment en imposant sa rhétorique sur l'immigration.

✅Source: l'Echo (référence en premier commentaire)

👑Moi président·e! (8/8)8 conseils pour analyser des discours politiques 👨‍👨‍👦👨‍👩‍👧‍👦👩‍👩‍👧‍👧Argument de majorité: quantit...
09/09/2025

👑Moi président·e! (8/8)
8 conseils pour analyser des discours politiques

👨‍👨‍👦👨‍👩‍👧‍👦👩‍👩‍👧‍👧Argument de majorité: quantité = vérité
Personne n'a envie d'être à contre-courant. Mais ce n'est pas parcequ'une idée est largement partagée qu'elle est pour autant fondée.

💪Clap de fin pour cette série de fiches et conseils en analyse des discours. Nous espérons qu’elle vous aura plu et qu’elle vous aura permis d’apprendre et de renforcer vos propres interventions. La rhétorique est pour toutes et tous. Elle vous aide non seulement à mieux comprendre ce que nous entendons, mais aussi à mieux vous défendre et à faire entendre vos idées.

👽Complot - Pourquoi y adhérons-nous? 🔎Depuis plusieurs années, les psychologues étudient les facteurs individuels suscep...
08/09/2025

👽Complot - Pourquoi y adhérons-nous?

🔎Depuis plusieurs années, les psychologues étudient les facteurs individuels susceptibles de prédisposer certaines personnes aux théories du complot : irrationnalité, traits de personnalité particuliers ou encore méfiance vis-à-vis des institutions. Pourtant, ces approches centrées sur l’individu ne suffisent pas à expliquer l’essor des discours complotistes et leur traduction en formes d’activisme.

📑Une recherche menée sur cinq ans (✅référence en premier commentaire) démontre que ce qui attire certains individus vers ces théories, c'est la dimension communautaire et militante qui les accompagne. Contrairement au stéréotype de l’"internaute isolé", enfermé derrière son écran, les complotistes s’organisent, recrutent et manifestent.

👩‍🦳🧔L’étude met en évidence un parcours récurrent : un événement de vie traumatisant (perte d’emploi, décès d’un proche, difficultés économiques) qui déclenche un sentiment de colère et de méfiance vis-à-vis des autorités (politiques, médicales, médiatiques etc.). Ces moments sont vécus comme une prise de conscience soudaine. La conviction que les problèmes trouvent leur origine dans l’action de groupes occultes qui contrôleraient la société.

👥Mais cet "éveil" n’est presque jamais solitaire. Dans les discussions en ligne comme dans les réunions publiques, ces croyances se renforcent par l’échange et la résonance émotionnelle. Les individus découvrent une communauté soudée, traversée par des affects communs (indignation, peur, exaltation) qui créent une atmosphère d’enthousiasme collectif. À une époque où les lieux de sociabilité traditionnels disparaissent et où la solitude progresse, ces communautés offrent un sentiment d’appartenance et de soutien.

🤝Les théories du complot ne se contentent donc pas de proposer des explications alternatives aux "crises". Elles fournissent également une identité, une raison d’être et d'agir, ainsi qu'une communauté d'appartenance à celles et ceux qui s’y engagent.

🔬Dans ce cadre, l’injonction à "faire ses propres recherches" joue un rôle central: en accumulant documents, vidéos ou rapports, chacun·e a l’impression de contribuer à un nouveau savoir partagé qui nourrit l’estime de soi et encourage la participation active et collective.

🧟‍♂️Enfin, il ne faut toutefois pas sous-estimer le rôle des "entrepreneurs du complot". Des individus qui tirent profit de ce marché idéologique en vendant livres, stages ou produits dérivés. Ces figures alimentent les soupçons, attisent la peur et monétisent la défiance.

👨‍👩‍👧‍👦👨‍👨‍👧‍👦Les théories du complot répondent à des besoins sociaux et émotionnels : appartenir, comprendre, agir. Lutter contre leur influence, ce n'est donc pas isoler ou stigmatiser celles et ceux qui y adhèrent mais écouter leurs inquiétudes et les intégrer, petit à petit, dans des espaces de dialogues alternatifs. Lutter contre les théories du complot, c'est lutter contre le désengagement, c'est lutter contre le sentiment de perte de sens, c'est lutter contre l'isolement social.

🔧Vous souhaitez acquérir de nouveaux outils pour identifier? Nommer? Argumenter? Inscriptions ouvertes - Il reste encore...
05/09/2025

🔧Vous souhaitez acquérir de nouveaux outils pour identifier? Nommer? Argumenter? Inscriptions ouvertes - Il reste encore des places!

🔥Nous avons besoin de vous, à faire tourner autour de vous!

🧐Dans un contexte où les discours extrémistes ainsi que les appels à la haine s’intensifient, il est urgent de comprendre, d’analyser et de débattre de ces phénomènes de manière rigoureuse et constructive.

🖋La 4e édition du Certificat inter université et haute école « Populisme et Extrémisme » (ULiège – HELMo) ouvre ses inscriptions pour l’année académique 2025-2026.

✅Cette formation vise à :
➖Comprendre, analyser et débattre ;
➖Déconstruire les discours et donner des clés pour mieux y répondre ;
➖Dialoguer avec des expert·e·s issu·e·s du monde académique et du terrain.

✅Le certificat se compose de :
➖4 journées de formation;
➖5 conférences (en ligne ou en présentiel);
➖10 crédits reconnus par l’ARES.

✅Le certificat est ouvert à toutes et à tous, sans prérequis, et s’adresse aussi bien aux professionnel·les qu’aux citoyen·nes engagé·es.

📣N’hésitez pas à en parler autour de vous et à partager l’information dans vos réseaux!

🔥Pour toute question ou pour vous inscrire, vous pouvez nous contacter à l’adresse : [email protected]

🎉Nous espérons vous compter parmi nous pour cette nouvelle édition, tournée vers le débat démocratique et l’analyse critique !

François Debras
Université de Liège
ULiège - Faculté de Droit, de Science politique et de Criminologie
HELMo Campus Guillemins
HELMO - Haute Ecole Libre Mosane

04/09/2025

🎤Vous pouvez retrouver l'intégralité de mon analyse dans ma publication précédente, avec les outils et sources qu’il n’est pas toujours possible de présenter en intégralité lors d’un plateau

📺« le MR est-il un parti politique d’extrême droite ? » 🔎Hier soir, dans le cadre d’un débat sur LN24, François Debras é...
04/09/2025

📺« le MR est-il un parti politique d’extrême droite ? »

🔎Hier soir, dans le cadre d’un débat sur LN24, François Debras était présent pour répondre à cette question. Vous retrouverez ci-dessous l’ensemble de son analyse avec les outils et sources qu’il n’est pas toujours possible de présenter en intégralité lors d’un plateau.

📐1) Axe économique, axe culturel

👩‍🏫Selon des chercheur·euse·s de l’Université d’Anvers et de l’UCL, le MR a nettement glissé à droite sur l’axe économique entre 2019 et 2024 faisant donc aujourd’hui du MR, le parti le plus à droite du pays sur ce plan. Sur les questions culturelles, le mouvement est également présent mais plus modéré. Cela s’explique par la disparition du Parti Populaire qui a poussé le MR à élargir son spectre vers la droite, le rendant davantage conservateur (Stefaan Walgrave, Jonas Lefevere - Universiteit Antwerpen - et Benoît Rihoux – UCLouvain. Article de la RTBF reprenant les principaux éléments en commentaire)

🔻2) La question de la définition de l’extrême droite

🤬Traditionnellement en sciences politiques, l’extrême droite se définit par trois critères : inégalitarisme, nationalisme, sécuritarisme. Cependant, depuis plusieurs années, en Europe, nous évoluons dans une « zone grise ». En raison de législations contre l’incitation à la haine raciale et de diverses stratégies rhétoriques, les partis d’extrême droite avancent sous couvert du sous-entendu, de l’implicite, du langage codé. Il est rare d’entendre un président de parti tenir des discours prônant ouvertement l’incitation à la haine raciale. De plus, les questions de sécurité et d’immigration sont désormais au cœur des débats politiques, mobilisées par l’ensemble des formations politiques (Article de Sibylle Gioe et François Debras en commentaire).

🌫Quand nous sommes confrontés à une zone grise, pour y voir plus clair, nous devons revenir aux fondamentaux. Après la Seconde Guerre mondiale, les Etats ont rédigés la Déclaration universelle des droits humains. Ce texte consacre la centralité des droits humains et de l’Etat de droit, reconnus à la fois comme le but d’un gouvernement mais aussi comme les limites du pouvoir de ce gouvernement (Intervention de Sibylle Gioe, présidente de la Ligue des droits humains sur la Première en commentaire).

🎯Cette centralité des droits humains et de l’Etat de droit est traduite dans les textes européens ainsi que dans la législation belge. L’article 8 de la loi organique des services de renseignement et de sécurité (30 novembre 1998) définit l’extrémisme par son opposition aux droits humains et à l’Etat de droit. Cet outil apporte une analyse plus fine et plus précise des discours et propositions politiques qui seraient en contradiction avec ces principes, pouvant dès lors être juridiquement qualifiés d’extrémistes.

🔧En plus de cela, les démocraties ont mis en place des gardes fous. En Belgique, nous pouvons citer, entre autres, le cordon sanitaire politique, composé de la charte de la démocratie et du code de bonne conduite. Le MR, via la plume de son président, a rédigé avec les autres formations politiques ce document dont la dernière version date de 2022 et où il reconnait et promeut, entre autres, la lutte contre le racisme, contre les discours de haine, contre la discrimination et encourage la tolérance, le dialogue, la diversité, les droits humains et l’Etat de droit (le lien pour consulter le cordon sanitaire est en commentaire).

💬3) Après les outils, quelques exemples (non exhaustifs et non-nominatif)

📣Discours : lorsqu’une personnalité politique parle de « pulvérisation », de « nettoyage » en évoquant des minorités ou qu'une autre affirme que « vous n’êtes pas obligés de rester en Belgique », ce sont des discours de haine.

📑Propositions : lorsqu’un président de parti valide les pushbacks de Viktor Orban, c’est une opposition à l’article 3 de la CEDH (nul ne peut subir de traitement inhumain ou dégradant). Lorsqu’un président de parti propose, lors des élections communales, d’ « interdire le centre-ville de façon permanente à certaines personnes », c’est une opposition à la loi contre les discriminations. Ce sont des propositions extrémistes.

👎Comportements : lorsqu’un parti accueille des représentants transfuges d’un parti d’extrême droite, c’est une opposition aux article 6, 8, 9, 11, 15, 17 du code de bonne conduite (ne pas respactibiliser l’extrême droite ni procurer des ressources). Lorsqu’une personnalité considère que le programme du VB n’est pas d’extrême droite, c’est aussi une opposition aux articles 3, 4, 6 de la charte (ne pas banaliser l’extrême droite, lutter contre ses discours). Lorsqu’une personnalité publie et partage sur ses réseaux régulièrement des contenus d’extrême droite, c’est encore une opposition aux articles 9, 10, 17 du code de bonne conduite (lutter contre la publicité et modérer ses réseaux). Lorsque des personnalités s’affichent ou organisent des conférences avec des personnes issues de l’extrême droite ou financées par elle, c’est toujours une opposition aux articles 8, 11, 15, 17 du code de bonne conduite.

🏋️‍♀️Stratégies : plus généralement à présent lorsqu’une personnalité brutalise l’espace public, attaque des journalistes (séquence RTBF) et utilise la désinformation en sortant des propos de leur contexte pour promouvoir son agenda politique (séquence du conseil communal de Molenbeek), ce sont des stratégies que l’on retrouve dans différentes formations politiques mais qui sont systématiquement présentes à l’extrême droite.

❓4) Le MR est-il un parti d’extrême droite ?

⏩Pour toutes ces raisons, et en gardant en tête l'interrogation quant au caractère structurant, le MR n’est pas un parti d’extrême droite mais des personnalités d’extrême droite ainsi que des discours et propositions d’extrême droite sont entrés au sein du parti. Les membres du MR ne sont pas tous d’extrême droite, non, bien au contraire, mais son président mobilise et recourt à certains discours qui sont qualifiable d’extrémistes.

✅Le lien pour écouter l’ensemble du débat organisé par LN24 est disponible en commentaire.

✅Vous pouvez également consulter le dernier numéro de Politique R***e de Débats intitulé « La nouvelle menace réactionnaire » pour mieux comprendre les concepts abordés et les enjeux politiques actuels dont notamment l’enquête de Martin Georges « L’extrême droite au MR, ou la stratégie de la perversion (lien en commentaire).

💸"Il n'y a pas d'argent magique", la réponse trop facile! 🎙Les expressions "il n’y a pas d’argent magique" ou "l'argent ...
03/09/2025

💸"Il n'y a pas d'argent magique", la réponse trop facile!

🎙Les expressions "il n’y a pas d’argent magique" ou "l'argent doit bien venir de quelque part", reprises par certaines personnalités politiques, apparaissent comme des outils rhétoriques centraux pour légitimer certaines décisions économiques et politiques. L'usage fonctionne comme un rappel à la "réalité" et au "bon sens", opposant les responsables sérieux aux "magiciens", capables de créer de l’argent ex nihilo. Par ce biais, certains décideur·euse·s disqualifient les critiques ou propositions jugées irréalistes, en les assimilant à des fantasmes.

🎯Ce discours construit une dichotomie entre, d’un côté, l’argent tangible et concret, associé à la vie quotidienne et aux limites matérielles, et de l’autre, une notion de magie illusoire et dangereuse. La force de l’expression repose sur sa capacité à mobiliser une expérience partagée: chacun·ne connaît le montant et les limites de l’argent qu'elle ou il a sur son compte bancaire. Elle s’appuie ainsi sur une évidence apparente immédiate pour justifier les contraintes budgétaires, le refus d’augmenter certaines dépenses publiques, les coupes, bref les mesures d'austérité.

🌟Pourtant, la "magie de l’argent" existe, non pas dans le sens fantastique, mais comme un phénomène réel issu de la complexité des systèmes financiers. La création monétaire par les banques, la dette publique ou l’injection massive de liquidités en période de crise montrent que l’argent peut apparaître "comme par magie", en ce qu’il dépasse les limites matérielles perçues. Vous avez dit des avions de chasse? 😉

🏆Mais l’expression vise avant tout à réduire l'adversaire au silence, à simplifier la réalité et à masquer des mécanismes économiques qui permettent pourtant de mobiliser des ressources importantes lorsque le politique le souhaite.

💰Pour illustrer cela, nous pouvons reprendre le schéma classique du cycle économique : dépenses → revenus → épargne → nouvelles dépenses. L’argent circule, l’économie n’est pas figée. Lorsqu’un crédit est accordé, la banque crée de l'argent qui permet l’investissement: acheter un logement, financer une entreprise ou soutenir un projet. Ces investissements génèrent des revenus futurs, accroissent le PIB et, en retour, permettent de rembourser la dette initiale. Ainsi, la dette, qu’elle provienne d’un prêt bancaire ou d’un déficit public, peut être perçue comme un investissement qui produit de la richesse réelle et non simplement comme une charge pour les générations futures.

➡️En ce sens, l'argent "non magique" correspondrait à l’argent existant que l’on emprunte à un tiers, comme un voisin ou un épargnant. Son remboursement implique une contrainte réelle.

➡️L'argent "magique" proviendrait des banques, qui créent de la monnaie via le crédit. Du point de vue comptable, le procédé est similaire entre un investissement privé ou public. La banque injecte de l’argent dans l’économie pour générer de la richesse future.

‼️Le vocabulaire utilisé ici est d'ailleurs très révélateur : pourquoi parle-t-on d’investissement dans le domaine privé (connoté positivement), là où, dans le secteur public, il est question de dette (connotée négativement) ?

📊La "magie" réside ainsi dans la capacité de la banque et de l’État à mobiliser de l’argent nouveau pour financer des projets, sans que cela implique nécessairement une perte immédiate pour quelqu’un. Une bonne dette, orientée vers l’investissement dans les services publics ou les infrastructures, peut se rembourser naturellement grâce au développement économique, augmentant les revenus fiscaux et la richesse collective.

🌬L’expression "il n'y a pas d'argent magique" joue donc sur une dimension morale implicite. Elle valorise la "rigueur", le fameux "bon sens", tout en dénigrant celles et ceux qui questionnent les limites financières et qui sont assimilé·e·s à des individus "irréalistes" ou "irresponsables". "Il n’y a pas d’argent magique" n’est pas une constatation économique, c'est un instrument rhétorique de cadrage politique et idéologique. L'expression simplifie une réalité monétaire complexe pour produire un effet de légitimation des choix politiques menés.

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