05/05/2024
SUJET :Le travail
On a fait du travail une punition et une déchéance. Le travail, un châtiment et la misère de notre vie ! L’âge d’or de l’humanité, un temps de paresse et d’ignorance ! Je me révolte contre cette double pensée. Mais c’est ne point travailler qui eut été le grand malheur de l’humanité ; elle eut été alors vraiment condamnée et à ne rien savoir, et à ne point inventer, et à n’exercer ni son esprit ni sa volonté ; et la privation d’une telle tâche régulière et utile, loin d’être l’occasion d’un plaisir perpétuel, l’aurait privé de la haute et fine jouissance qui enveloppe le travail en cours et en sa fin. A ceux qui nieraient la beauté morale de ce travail, je rappellerai les paroles de l’historien Augustin Thierry qui, ̈ aveugle et souffrant sans espoir et sans relâche ̈ trouvait en ses heures de labeur sa suprême consolation.
Mais je repousse pareillement la théorie de ces optimistes modernes qui font du travail une manière de plaisir. Il y a plaisir à faire et à finir sa tâche. Mais le métier lui-même, par l’effort qu’il exige, par les doutes qu’il éveille est gros de peine et de fatigue. Cela est vrai non seulement de l’ouvrier manuel penché sur l’enclume et l’établi, mais de l’artiste qui cherche une forme inédite ou de l’historien qui cherche la vérité.
Douleur et joie se rencontre également dans la vie du travail, comme elles accompagnent la vie de famille ou le patriotisme. Elles sont toutes à la fois la marque et la récompense de devoir qui nous impose notre condition d’homme.
Car le travail est une nécessité. Je ne dis pas une nécessité matérielle, un devoir envers soi-même. C’est ravaler le travail, rabaisser le métier ou la profession, que d’y voir une manière de soutenir sa vie, disons le mot, de gagner de l’argent.
Que l’argent, le gain, le salaire, soient indispensables à l’exercice d’une profession, cela va de soi : l’homme de métier a droit à une rémunération en échange de ce qu’il fournit. Mais ce salaire si important soit-il dan