02/10/2025
À l’occasion de cette rentrée scolaire et universitaire, prenons un moment pour réfléchir à la profondeur des défis et des espoirs que porte l’éducation, à la lumière des paroles de Ngũgĩ wa Thiong’o dans Décoloniser l’esprit.
« La prescription du remède correct dépend d'une analyse rigoureuse de la réalité »
Un appel à la lucidité contextuelle qui signifie qu’on ne peut pas soigner un peuple, résoudre ses problèmes ou construire des politiques éducatives, culturelles ou sociales en empruntant des solutions toutes faites ou en copiant des modèles extérieurs sans en comprendre la réalité locale.
Dans le contexte de l’Afrique post-coloniale et plus largement des sociétés anciennement colonisées, cela veut dire que :
✨Il faut partir de la réalité vécue des populations : leurs langues, leurs besoins, leurs structures sociales, leurs histoires et leurs visions du monde.
✨L’école, par exemple, ne peut pas fonctionner si elle ignore la langue maternelle des enfants ou les références culturelles de leur environnement.
✨Le « remède » ne peut venir que de l’intérieur, ou du moins à partir d’une lecture honnête et rigoureuse de ce que les gens vivent réellement.
Aucune transformation ne peut réussir si elle ne prend pas racine dans la réalité.
« La langue, non comme simple medium de la communication, mais comme vecteur d'une vision du monde, d'une culture, d'un imaginaire, d'un rapport à soi et à l'univers »
Ngũgĩ insiste ici sur le pouvoir profond de la langue. Elle n'est pas seulement un outil pour parler, écrire ou comprendre, mais un moyen fondamentalement subtil de structuration de la pensée et de la perception du monde.
✨La langue façonne la manière dont un peuple conçoit le réel : ses valeurs, ses émotions, ses façons de nommer, d’exprimer, de rêver.
✨Une langue n’est pas neutre : elle porte une mémoire collective, un imaginaire, un système symbolique.
✨Lorsqu’une société abandonne sa langue au profit d’une langue étrangère imposée comme souvent dans les pays colonisés, elle adopte aussi, inconsciemment, une autre vision du monde, souvent en rupture avec son identité.
Par exemple, en imposant l’enseignement uniquement en français ou en anglais dans un pays africain, on ne transmet pas seulement une langue : on impose un cadre mental, une manière étrangère de penser, de juger, de rêver.
Ces deux extraits se joignent. Le bon remède éducatif ou politique doit commencer par la reconnaissance de la langue, de la culture, et de l’imaginaire propre à un peuple. C’est en cela que Ngũgĩ appelle à une éducation endogène, enracinée et libératrice.
Bonne rentrée scolaire et académique