Saambiigha Rapaogtaaba

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Certifié en cohésion sociale et résilience communautaire

22/08/2025

Améliorer la qualité de vie des gens requiert des choix politiques avisés et une action continue de la part de nombreuses personnes. Il pourrait donc sembler vain d’écrire un livre théorique sur ce sujet, même si ce dernier est profondément nourri par un récit détaillé. Mais les théories sont un élément important de notre monde. Elles structurent la manière dont nous voyons les problèmes, forment notre perception de ce qui est important ou non et orientent le débat vers certaines mesures plutôt que d’autres. Les militants avisés n’ont qu’une trop faible influence dans les couloirs du pouvoir. Parce que les théories dominantes qui ont historiquement guidé l’action politique dans ce domaine sont profondément erronées, comme je voudrais le montrer, elles ont orienté les politiques de développement vers des choix qui sont erronés du point de vue de valeurs humaines largement partagées (telles que le respect pour l’égalité et pour la dignité). Si nous voulons orienter l’action politique dans la bonne direction, il nous faut une contre-théorie qui remette en question ces théories répandues et fautives. Une telle contre-théorie exprimera le monde du développement de façon nouvelle, et nous révélera une image différente de nos priorités. L'approche par les capabilités est cette contre-théorie, plus que jamais nécessaire à une époque où abondent des problèmes humains urgents et des inégalités injustifiables.

Marta Nussbaum dans Capabilités


Saambiigha Rapaogtaaba

20/08/2025

Jean-Claude VORILHON

« Si l'on explique à quelqu'un que l'on rencontre dans la rue que l'on va dans quelques années créer des êtres vivants scientifiquement en laboratoire, des ordinateurs capables de parler, d'écouter, de composer de la musique, de se reproduire par eux-mêmes, que l'on parviendra peut-être prochainement à devenir éternel en recréant un individu grâce à une de ses cellules par le procédé qu'on appelle le clonage, le brave homme va très vite penser que celui qui lui raconte tout cela a fortement besoin de repos, et que ses propos sont absolument insensés. Pourtant, tout cela est en train de se réaliser ou sur le point de l'être, et de nombreuses équipes de scientifiques très sensés et pas du tout dans les nuages y travaillent d'arrache-pied dans de nombreux pays du monde.

Pourquoi un tel décalage entre l'homme de la rue et les réalités scientifiques ? Parce que la vulgarisation scientifique n'est pas assez importante. Comment est-il possible qu'à notre époque il y ait à la télévision un temps d'antenne plus important pour les émissions religieuses que pour les émissions de vulgarisation scientifiques ? Comment s'étonner ensuite que toutes les nouvelles sectes obscurantistes et culpabilisantes fassent le plein ? Chaque fois qu'une émission religieuse est diffusée, par exemple le dimanche matin, une émission d'un temps égal devrait permettre à des vulgarisateurs scientifiques athées d'expliquer où la science en est sur le plan de la création de la vie par exemple, que l'on essaie de faire passer pour un privilège d'un dieu immatériel. De même, chaque fois qu'un film à inspiration religieuse est projeté, une émission groupant des scientifiques athées devrait être projetée conformément à un « droit de réponse idéologique ».

L'éducation des enfants elle aussi devrait accorder une plus large place à la vulgarisation scientifique dès la petite enfance. On envoie les jeunes enfants au catéchisme et on ne fait rien pour leur faire découvrir les fantastiques révélations faites par la biologie moderne ou par l'informatique.

Il faut absolument lutter contre cette obscurantisation des enfants en rééquilibrant les éducations religieuses qu'ils subissent soit directement de leurs parents, soit d'organismes spécialisés, par une vulgarisation scientifique précoce rétablissant l'équilibre dans des cerveaux encore trop sensibles et trop malléables pour faire par eux-mêmes la part des choses.

A plus forte raison, on comprend aisément que les écoles religieuses devraient être supprimées pour ne pas en rajouter dans ce processus de conditionnement précoce des individus. La liberté religieuse des individus pleinement responsables oui, mais le conditionnement institutionnalisé ou même toléré non.

Il n'est plus admissible que l'on enseigne à des enfants qu'ils vont aller « au ciel » s'ils font leur prière à l'époque des cosmonautes ! Tout au moins, si leurs parents leur racontent cela, il faut qu'à l'école on leur explique très tôt que non seulement on peut aller au ciel, mais aussi sur la Lune, et que sur la Terre il y a une foule de religions qui ont des enseignements bien différents, et qu'on ne saurait dire qu'il y en a une qui est supérieure aux autres, en insistant sur le fait qu'il y a aussi des gens qui n'en ont aucune et qui se portent très bien ainsi...

En leur expliquant par exemple qu'il n'y a pas de « miracles » , mais seulement des phénomènes scientifiques soit explicables actuellement, soit qui le seront plus t**d, et que s'il est facile d'impressionner un primitif avec une lampe de poche il est aussi facile d'impressionner des êtres soi-disant civilisés avec des moyens très perfectionnés comme les rayons laser ou les projections en trois dimensions sans écran...

Chaque « miracle » auquel peut faire allusion la tradition religieuse, et qui sont bien connus, devrait âtre expliqué pour démontrer que devant les êtres primitifs d'il y a deux mille ans toute civilisation provenant d'un monde plus évolué avec des engins volants serait pris pour des dieux arrivant dans des chars de feux, qu'une projection dans l'espace en trois dimensions serait prise pour une apparition, qu'un être arrivant du ciel dans un vaisseau spatial comme nous en envoyons actuellement dans l'univers serait pris pour un « ange », que le fait de pouvoir recréer un être mort à partir d'une de ses cellules par le procédé du « clonage » serait pris pour une résurrection miraculeuse, etc.

Il ne s'agit pas d'empêcher les enfants de croire à quoi que ce soit, mais de leur donner les moyens de choisir leurs croyances par euxmêmes, en empêchant un conditionnement unilatéral, traditionnel et coutumier. Une foi profonde et librement consentie est belle, mais un endoctrinement totalitaire est haïssable. »

'intelligence

18/08/2025

« Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur Terre. »

— Hans Jonas

Cette citation condense la profondeur du que Jonas propose comme fondement éthique pour notre époque. À l’ère de la puissance technologique, de l’urgence climatique et de l’épuisement des ressources, il ne suffit plus d’agir selon l’intention morale immédiate. Il faut penser aux conséquences à long terme de nos choix sur la planète et sur l’humanité.

Ce que nous faisons aujourd’hui engage non seulement notre présent, mais aussi la possibilité même d’un avenir humain sur Terre. Nous n’avons plus le droit d’être inconscients ou passifs : chaque geste, chaque politique, chaque technologie doit être jugé à l’aune de sa durabilité et de son impact sur la vie.

C’est un appel à une conscience élargie, une éthique de la précaution, un sursaut de lucidité. L’humanité ne peut se permettre le luxe de l’irresponsabilité. Le monde de demain se construit ou se détruit dans nos décisions d’aujourd’hui.

18/08/2025

Auteur : Claude VORILHON

« Il y a toujours eu des prophètes millénaristes pour annoncer la fin du monde, mais ils n'avaient aucune raison scientifique pour affoler les populations. Maintenant, ces « prophètes millénaristes » sont des scientifiques éminents, des philosophes totalement athées et même des chefs d'Etats, parce que, pour la première fois de toute l'histoire de l'humanité, l'homme a entre ses mains de quoi détruire toute vie sur sa propre planète, de quoi s'autodétruire en un formidable cataclysme nucléaire. Cela ne s'est jamais produit depuis des millénaires et des millénaires que l'homme existe sur terre, et nous avons la chance, je dis bien la chance, de vivre à cette époque. La chance d'être responsables de la fin de l'existence de notre espèce où de l'entrée de l'homme dans l'Age d'Or, dans une civilisation nouvelle tournée vers l'amour, la fraternité et l'épanouissement. Vous qui allez lire ce qui suit êtes l'un des responsables de cet ultime choix que nous avons à effectuer face aux générations qui suivront ou... qui ne suivront pas. Ne lisez pas ces lignes comme un spectateur indolent, mais comme un acteur, car c'est de vous qu'il s'agit, c'est de votre vie... ou de votre mort ! »


Géniocratie

🌱 Des racines jailliront de la terre fertile …Ce n’est pas un simple rendez-vous. C’est une naissance. Une semence d’esp...
16/08/2025

🌱 Des racines jailliront de la terre fertile …

Ce n’est pas un simple rendez-vous. C’est une naissance. Une semence d’espoir. Un mouvement qui prend vie avec la force des convictions, la richesse des idées et la volonté ferme d’agir.

Ce jour, nous ne faisons pas que nous réunir. Nous enracinons une vision. Celle d’un monde plus juste, plus solidaire, plus conscient. Un monde porté par les jeunes, inspiré par nos cultures, et nourri par l’intelligence collective.

Parce que le changement ne se décrète pas, il se construit. Ensemble.

Parce que nos rêves méritent mieux que des silences. Parce que les défis de notre génération – écologiques, sociaux, culturels – exigent des réponses audacieuses et ancrées.

Parce que tu fais partie de la solution. Ton idée, ton énergie, ton regard sur l’avenir ont une place dans cette dynamique.

🌟 Le changement commence ici, maintenant, avec toi. Notre foi est en l'humain et nous espérons en la terre








Paul Zongo Honourable François Bazie Laurentine Kientega Damien Ouedraogo Guirou Toussaint Arthur Carlos Yonli Made Marie Zagré Armel Kabore Abel Djiguemde

13/08/2025

⚖️ La discrimination positive : réparer les inégalités pour construire l'équité

Dans une société où les déséquilibres historiques et sociaux persistent, il ne suffit plus de prôner l’égalité formelle. Il faut bien parfois des mesures correctrices pour permettre à chacun d’avoir une réelle chance. C’est le rôle de ce qu’on appelle la discrimination positive. Elle consiste à favoriser temporairement des groupes historiquement désavantagés (femmes, minorités ethniques, personnes en situation de handicap, etc.) afin de corriger les inégalités systémiques. Cela peut passer par des quotas, des bourses spéciales, ou des politiques de recrutement préférentiel. L'effet attendu est le relèvement d'une pente.

Est-ce injuste ?
Non. Il ne s’agit pas de donner plus à certains par favoritisme, mais de créer un terrain de jeu plus équitable. Ce n’est pas une injustice contre les privilégiés, c’est une réponse à une injustice structurelle. Ce n'est non plus un nivellement social, c'est une réparation stratégie. La discrimination positive est une forme de solidarité structurelle à l'égard des marginalisés historiques. Elle intervient pour réduire le fossé creusé entre deux ou plusieurs catégories de personnes disproportionnées et est un maillon de cohésion sociale :

Parce que le “mérite” seul ne suffit pas quand tout le monde ne part pas du même point.
Parce que les inégalités ne se corrigent pas toutes seules.
Parce que la diversité renforce les institutions, les entreprises, les nations.

Mais cette démarche doit être temporaire, ciblée et évaluée, pour ne pas créer de dépendance ou de nouveaux déséquilibres. La discrimination positive exige une analyse soutenue des chances offertes à tous. Elle vise rééquilibrage social. Elle n’est pas une faveur. C’est un moyen d’accélérer la justice sociale.

Articles17 March 2025Déesse-Mère et re-masculinisation de l’homme noir : Quand le discours panafricain afrocentriste se ...
13/08/2025

Articles
17 March 2025
Déesse-Mère et re-masculinisation de l’homme noir : Quand le discours panafricain afrocentriste se met au service de l’anti-genre

17/03/2025

Bousso Seck

Le rôle et la place des femmes dans les aspirations panafricaines font l’objet de littératures antinomiques et conflictuelles. Comment repenser le genre dans une perspective de construction d’un nouvel ordre continental, et de quelle manière cela se traduit-il ? Entre émancipation des normes occidentales et retour à une identité africaine « authentique »[1], le concept de genre est aujourd’hui envisagé par certain·es comme une nouvelle tentative de l’Occident de nuire aux sociétés africaines, en diffusant une idéologie qui pourrait être l’origine de leur déclin. La femme et l’homme africain·es en tant qu’entités immuables, dont les caractéristiques propres seraient dictées par une nature divine, sont placés au cœur d’un modèle idéologique largement diffusé en Afrique. Cet article invite à repenser les normes de genre sur le continent africain, en tentant d’apporter une approche historico-culturelle sur la manière de repenser les femmes africaines et leur rôle au sein du mouvement panafricain afrocentriste.

Panafricanisme afrocentriste : l’instrumentalisation du « genre » par des discours de rupture historico-culturelle avec le système néocolonial

Le panafricanisme, en tant qu’idée et mouvement historique, œuvre à l’émancipation et la réconciliation de l’Afrique. Ce mouvement postcolonial s’organise autour de trois axes principaux de lutte : la remise en cause de marquages frontaliers européens arbitraires, la racialisation primitive des africain·es faisant l’objet d’une classification des races, et finalement la volonté d’unification des africain·es du continent et de la diaspora autour d’un projet de construction d’une communauté africaine mondiale politique, économique, sociale et culturelle[2]. Une approche historico-culturelle est incontournable pour saisir les origines et évolutions de ce mouvement, qui s’ancre dans une histoire de résistance à la domination coloniale et dans une perspective d’autodétermination politique et culturelle. En explorant les centres névralgiques de ce projet, il est nécessaire de considérer non seulement les pays historiquement symboliques, comme le Ghana ou le Sénégal, mais également les puissances africaines émergentes, comme l’Afrique du Sud, le Niger ou le Nigeria, qui jouent un rôle majeur dans la redéfinition des jeux de pouvoir du continent et œuvrent pour une unité continentale. Ces pays, en tant que leaders économiques, culturels et géopolitiques, influencent la trajectoire du panafricanisme.

Le panafricanisme marque aussi un retour des africain·es au cœur de leur Histoire intellectuelle et politique. Cela se traduit par une volonté de reprendre et de réécrire l’Histoire du continent en s’appuyant sur une perspective historique africano-centrée, inspirée notamment des travaux de Cheikh Anta Diop, historien et anthropologue, qui remet en question la vision eurocentrée de l’Afrique “noire”[3]. L’afrocentricité se définit avant tout comme une perspective intellectuelle qui pose les africain·es comme sujets plutôt qu’objets de l’Histoire humaine, établie sur des fondements scientifiques, pour expliquer les expériences historiques africaines[4]. Ce mouvement nourrit la conception identitaire du mouvement panafricain, mais l’afrocentrisme se distingue par sa radicalité idéologique suprémaciste. Au cœur des revendications panafricaines afrocentristes, les leaders tels que Kémi Seba cherchent à préserver une identité africaine authentique. Les discours anti-genre jouent un rôle central dans ce projet politique et culturel. L’influence économique, diplomatique et culturelle des anciennes puissances coloniales, comme la France ou le Royaume-Uni, sur les dynamiques africaines, complexifie les discours panafricains. Judith Butler introduit l’idée de « la force phantasmatique[5] croissante du ‘genre’ »[6]. Comment ce phantasme qui génère peurs et angoisses est-il mobilisé par les discours panafricains afrocentristes ?

Les discours différentialistes et essentialistes, quasi prophétiques, dénoncent le concept de genre comme étant artificiel, « émasculinisant » et incompatible avec un objectif afro-identitaire. Léonora Miano met en évidence comment la perception du genre est instrumentalisée dans ces discours[7]. Elle démontre que ces visions excluent toute remise en question des structures patriarcales traditionnelles et assignent les femmes à un rôle prédéfini. On peut notamment citer la résurgence des théories du « maternisme »,[8] défendues par des autrices comme Natou Pedro Sakombi, qui conçoit la féminité comme un pilier fondamental et inaliénable de l’identité africaine. Le genre est perçu comme un outil d’ingérence culturelle, bien qu’il puisse aussi être mobilisé pour renforcer les luttes locales défendant les droits des femmes et des minorités sexuelles contre les oppressions systémiques et patriarcales présentes sur le continent. Ces oppressions se manifestent par des violences basées sur le genre, le maintien de normes sexistes strictes et la criminalisation des identités q***r. Ces idées résonnent fortement en Afrique et dans la diaspora, où elles sont mobilisées dans l’objectif d’une valorisation des rôles de genre traditionnels, en renforçant une division sexuée du travail et une hiérarchie stricte des responsabilités domestiques et sociales.

Ce combat culturel passe aussi par une remise en cause des religions du Livre, le christianisme et l’islam, importées et imposées par les colons et les esclavagistes. Il semble important ici d’inclure la revalorisation des religions qualifiées d’ « africaines », qui s’inscrit dans cette logique identitaire et contribue à la création et la diffusion de discours anti-genre. La religion khémite, particulièrement influente et nourrie à partir des travaux de Cheikh Anta Diop, remet au goût du jour le polythéisme de l’Égypte antique. Le khémitisme, de la racine « kemet » qui peut se traduire par « terre noire » ou « pays des Noirs », est central dans l’approche de certains groupes afrocentristes et suprémacistes noirs. La Tribu Ka, mouvement créé par Kémi Seba et dissout en 2004, s’en revendique. Kémi Seba, leader très controversé, aujourd’hui président de l’Organisation Non Gouvernementale Urgences Panafricanistes, demeure influent au sein du mouvement panafricain en Afrique francophone. Conseiller spécial d’Abdourahamane Tiani, chef d’État du Niger, il est suivi et écouté par de nombreuses personnes afrodescendantes en France et en Belgique. Malgré ses condamnations pour appel à la haine raciale et négationnisme sur le sujet de la Shoah, ce militant politique influenceur compte plus de 300 000 followers sur Instagram et est soutenu par de nombreuses personnalités francophones. Défenseur de l’identité noire il promeut une approche essentialiste de genre[9].

Approche hiérarchique et différentialiste des sexes : mise en avant des rôles « naturels » des sexes

L’identité afrocentriste se caractérise par une approche différentialiste et essentialiste des sexes. Fondée sur des principes transcendants, souvent liés aux traditions et aux valeurs culturelles africaines, elle est difficile à remettre en question. Le genre, en tant que construction sociale de l’identité sexuelle, n’est ici pas pris en compte. Seule la volonté naturelle qui ferait correspondre le sexe à des attributions genrées définies par une entité immuable explique la différence des sexes. Cette conception du genre ne s’inscrit pas dans un mouvement critique des rôles genrés, mais au contraire dans la promesse d’un équilibre social à défendre.

Les militant·es du panafricanisme afrocentriste s’opposent fermement aux théories féministes post-constructivistes qui viennent déconstruire la binarité des sexes et l’hétéronormativité[10]. En réaction à un féminisme blanc, critiqué pour sa non-prise en considération des spécificités de la race sociale, se construisent des mouvements portés par des femmes se réclamant de l’afrocentrisme. Ces mouvements et concepts permettent à ces femmes afro-descendantes d’affirmer leur rôle au sein des groupes afrocentristes, une idéologie en grande partie dominée par des perspectives masculines, où elles restent souvent en position minoritaire. C’est le cas entre autres de Clenora Hudson-Weems, universitaire et théoricienne du féminisme noir, à l’origine de l’Africana womanism[11]. Cette idéologie spécifique aux afro-descendantes se concentre sur les luttes, les besoins et désirs des femmes en intégrant une attention particulière aux injustices raciales. L’Africana womanism s’inscrit dans une logique différentialiste et essentialiste, avec des rôles sexués strictement délimités et valorisés. Cette idée fait écho au concept de « maternisme »[12] développé par Catherine Acholonu, qui a influencé et été repris dans le combat des femmes afrocentristes. Le maternisme s’oppose au concept d’égalité « naturelle » des sexes défendu par le féminisme et insiste sur l’importance des rôles « naturels » de l’homme et de la femme. L’inégalité des sexes ne se traduit pas ici comme une minimisation du rôle de la femme dans la structure sociale africaine, mais au contraire par une valorisation de son rôle de mère et de gardienne des traditions. La femme africaine est représentée comme la figure maternelle de l’Afrique et de l’humanité dans son ensemble, et par sa force et son caractère « sacré », elle serait la plus à même d’abolir la suprématie occidentale.

À partir de ces concepts, il est essentiel de questionner les dynamiques de circulation et de récupération de ces discours. Que change-t-il lorsque ce sont les femmes qui défendent ces idéologies en se plaçant comme actrices principales, par opposition aux hommes qui les intègrent dans une stratégie globale du projet panafricain afrocentriste ? En réalité, bien que ces autrices contribuent à légitimer ces idées, leur rôle reste souvent circonscrit à la sphère domestique et culturelle, tandis que les hommes demeurent en première ligne du combat politique. Ainsi, même si les discours féminins viennent parfois nuancer l’idéologie masculine dominante, les rôles sexués restent fortement hiérarchisés et déterminés par une vision essentialiste commune aux deux groupes. Le mouvement panafricain afrocentriste, dans la défense d’un ordre « naturel », met en avant la place de la femme comme pilier de la société et de la structure familiale africaine. Cette valorisation du rôle de la « mère déesse » se construit en parallèle d’une revirilisation des hommes. Dans le cadre de ce combat, les militant·es afrocentristes choisissent parfois de ne pas tenir compte des oppressions de genre et des minorités sexuelles, au nom d’une unité de la « race » face à l’ennemi que représente l’impérialisme occidental. Toutefois, cette dimension anti-genre de la mouvance afrocentriste n’est pas directement rattachée au panafricanisme, mais constitue une réinterprétation du panafricanisme culturel, dans un objectif de revalorisation de l’homme noir, et plus largement de l’homme racisé, « émasculé » par un « regard blanc » qui dénie leur virilité[13]. S’oppose alors le caractère viril des colonisateurs, incarné par des figures dominatrices d’hommes blancs, et une dévirilisation des peuples colonisés et esclavagisés, réduits à une condition subalterne[14]. L’homme noir possède à la fois une identité extérieure prédéfinie, façonnée par le regard des autres qui le perçoivent à travers des stéréotypes raciaux, et un « être intérieur » qui prend conscience qu’il est perçu comme dépourvu de point de vue et déshumanisé[15]. Ce ressenti est fortement mobilisé par les militant·es afrocentristes, et il est difficile pour les femmes noires de dénoncer frontalement le sexisme et le patriarcat sans avoir le sentiment de trahir les hommes de leur communauté[16].

Approche essentialiste des rôles genrés : retour identitaire ou legs colonial ?

L’affirmation des masculinités noires est un enjeu culturel majeur, particulièrement mis en avant par les militants.es panafricanistes afrocentristes. Ce discours revendique la défense de l’authenticité africaine contre ce qui est perçu comme une « idéologie du genre occidentale ». Aujourd’hui, l’homme noir est souvent représenté comme « castré », ayant perdu son rôle central dans la structure familiale[17]. L’afrocentrisme, imprégné d’une forte tradition masculiniste, soutient que les femmes dominent désormais la société et qu’il existerait une féminisation des hommes, un discours qui s’inscrit dans la lignée des théories essentialistes développées par Cheikh Anta Diop. Si ce dernier reconnaît l’existence de figures féminines influentes dans l’Afrique précoloniale[18], il considère néanmoins que le régime politique idéal est dirigé par les hommes, s’inscrivant ainsi dans une longue tradition occidentale remontant jusqu’à Aristote[19] Cette vision appelle à un « retour à l’ordre naturel » dans lequel les hommes retrouveraient leur rôle au sein du foyer, réaffirmant le modèle du pater familias. Selon cette perspective, cet ordre serait menacé par les luttes féministes et les débats sur le genre, perçus comme des importations étrangères.

Les tensions autour du genre et de la sexualité en Afrique se cristallisent dans un affrontement entre des mouvements sociaux occidentaux et une tradition africaine présentée comme immuable. L’universalisme occidental peine à être perçu comme légitime par de nombreux·ses africain·es, notamment sur la question de l’homosexualité, qui est envisagée comme une importation étrangère menaçant l’identité culturelle et la structure sociale. Elle est souvent assimilée à une pathologie ou une déviance, et certain·es n’hésitent pas à la rapprocher de la pédophilie ou de la zoophilie. L’afrocentriste Frances Cress Welsing qualifie même les personnes homosexuelles noires de « traîtres »[20], les accusant de participer à la destruction de l’identité africaine authentique et d’être complices d’un projet occidental visant à dissoudre les familles noires. En janvier 2024, Amnesty International alertait sur la multiplication des lois discriminatoires visant la communauté LGBTQIA+ sur le continent africain[21]. Cette remise en cause croissante de leur identité entraîne des restrictions légales et sociales renforçant leur marginalisation.

Mais cette vision d’une Afrique profondément conservatrice mérite d’être questionnée. Le modèle hétéropatriarcal et cisnormatif défendu par les militant·es afrocentristes anti-genre repose en réalité sur une idéologie coloniale, fondée sur des conceptions eurocentriques et des valeurs chrétiennes. Ce paradoxe est frappant : alors que ces discours revendiquent une opposition à la recolonisation du continent par l’Occident, ils perpétuent en réalité une structure sociale façonnée par la domination coloniale. Le discours panafricaniste afrocentriste instrumentalise et réinterprète le panafricanisme culturel afin de rallier les africain·es à une rhétorique anti-genre. Pourtant, loin de favoriser une véritable autonomisation identitaire et culturelle, cette approche sacralise une conception coloniale du genre et de la sexualité, tout en renforçant les rapports de pouvoir entre l’Afrique et l’Occident. La politologue Haley McEwen souligne ainsi que cette rhétorique ne fait que reconduire des schémas hérités de la domination occidentale[22]. Pourtant, d’autres approches panafricaines ont proposé des alternatives aux visions colonialistes et eurocentristes. Thomas Sankara, ancien président du Burkina Faso (1983-1987), a porté un discours novateur sur la place des femmes dans la société africaine. Il prônait une vision radicalement progressiste de l’égalité des genres, insistant sur la nécessité de l’émancipation des femmes et de leur participation à tous les niveaux de la société, y compris en politique. À rebours des discours masculinistes afrocentristes qui invoquent un retour aux traditions, Sankara encourageait une redéfinition des rôles sociaux fondée sur l’émancipation et l’égalité. Il affirmait que la lutte pour l’égalité des genres était indissociable de la lutte contre l’impérialisme et le néocolonialisme, intégrant ainsi la question féministe dans un projet panafricaniste plus large. Il proclamait ainsi que « la révolution est aussi une affaire de femmes »[23]Sankara, T.,1987. Discours à la nation lors de la Journée internationale de la femme. Cette approche reste aujourd’hui une référence essentielle pour les mouvements féministes africains cherchant à décoloniser les mentalités[24] et à proposer un modèle d’émancipation en adéquation avec les réalités socioculturelles africaines.

Enjeux du genre : manipulation historique et réinterpertations culturelles

L’anti-genre dans le mouvement panafricain afrocentriste est un enjeu majeur. Par l’intermédiaire de manipulations historiques et de réinterprétations culturelles, cette mouvance a su créer et rallier de nombreux·ses africains.es à son approche déterministe et différentialiste des sexes. Cette approche est pourtant le résultat de legs coloniaux imposant une approche eurocentrée de la famille, du genre et de la sexualité. Les discours masculinistes et anti-genre s’inscrivant d’un afrocentrisme idéologique et politique sont à surveiller de près, d’autant plus en raison de leur large diffusion via les réseaux sociaux. Ces discours ne sont pas sans conséquence sur les réalités des minorités de genres. Il y a une recrudescence des discriminations et des oppressions envers les minorités de genres qui, sous couvert de retour à une identité africaine « authentique », menacent aujourd’hui toute personne ne se reconnaissant pas dans ce modèle sociétal. Toutefois, certaines autrices, telle que Jo Güstin[25] proposent de repenser le panafricanisme par le prisme de l’intersectionnalité, s’émancipant d’une approche patriarcale hétéronormée empruntée à la culture coloniale. D’autres autrices africaines engagées, à l’image d’Ama Ata aidoo, Flora Nwapa ou Mariama Ba, s’inscrivent dans cette approche intersectionnelle. À travers le prisme d’une remise en question du modèle patriarcal, elles repensent l’identité noire[26] en proposant une lecture plus inclusive et égalitaire des futures sociétés africaines.

Les propos contenus dans cet article n’engagent que l’autrice.

Pour citer cette production: Bousso Seck, “Déesse-Mère[27] et re-masculinisation de l’homme noir : Quand le discours panafricain afrocentriste se met au service de l’anti-genre”, 17.03.2025, Institut du Genre en Géopolitique. https://igg-geo.org/2025/03/17/deesse-mere-et-re-masculinisation-de-lhomme-noir-quand-le-discours-panafricain-afrocentriste-se-met-au-service-de-lanti-genre/















17/03/2025Bousso SeckLe rôle et la place des femmes dans les aspirations panafricaines font l’objet de littératures antinomiques et conflictuelles. Comment repenser le genre dans une perspective de construction d’un nouvel ordre continental, et de quelle manière cela se traduit-il ? Entre ém...

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