22/11/2025
Récit d'un procès : La prison ferme pour deux apprentis-chauffeurs voleurs de colis
Abdoulaye (nom d’emprunt) et Zoumana (nom d’emprunt), âgés respectivement de 21 et 20 ans, ont comparu le mercredi 18 novembre 2025 devant la chambre correctionnelle du TGI de Banfora. Il leur est reproché d’avoir soustrait un colis (carton) contenant 25 téléphones portables flambant neufs le 28 octobre dernier à Bobo-Dioulasso. Ils sont en effet tous les deux apprentis-chauffeurs d’un camion de transport dont le chauffeur n’est autre que Jacques (nom d’emprunt).
Le colis en question a été commissionné en bonne et due forme au chauffeur du camion pour qu’il le remette à un destinataire à Sindou. Seulement, Abdoulaye et Zoumana ont remarqué le colis au chargement et l’ont soustrait du véhicule. Ils ont pris le soin d’enlever chacun un portable pour leur propre utilisation, et de cacher les 23 autres téléphones dans un magasin de la gare.
C’est une fois arrivé à destination que Jacques a fouillé son chargement pour remettre le colis à son destinataire. Il cherchera en vain le carton et son contenu. Il a alors joint le propriétaire du camion pour lui expliquer la situation et ce dernier lui aurait fait savoir qu’il devait assumer cette perte en remboursant la valeur du colis. Jacques a alors décidé de mener sa propre enquête. Il contacte dans un premier temps Zoumana, et après insistance, ce dernier a pointé du doigt Abdoulaye en avouant que c’est Abdoulaye qui lui a fait descendre le colis depuis le chargement du camion à Bobo-Dioulasso.
Jacques décide d’appeler Abdoulaye. Ce dernier, en décrochant l’appel, lui a dit qu’il n’était pas à Sindou mais à Banfora. La suite : Abdoulaye va éteindre son portable et se fondre dans la nature. Parti à ses trousses, Jacques l’a finalement retrouvé à Banfora et l’a conduit à la police.
À la barre, tout comme en enquête préliminaire, les deux délinquants ont reconnu les faits. Les deux téléphones soustraits du colis ont été retrouvés et repris. Abdoulaye les avait entre les mains ; Zoumana, lui, avait offert son portable volé en cadeau à sa dulcinée.
Où se trouvent les 23 autres téléphones portables ? Aucun des deux prévenus n’a dit savoir où ils étaient, hormis leur aveu selon lequel ils ont camouflé le carton dans un magasin à la gare à Bobo-Dioulasso. Après vérification, et jusqu’au jour du procès, le colis n’a été retrouvé dans aucun magasin de la gare.
Qui est parti récupérer le butin quand les deux prévenus étaient partis pour Sindou ? Zoumana a sa petite idée. Pour lui, c’est bel et bien Abdoulaye qui a envoyé quelqu’un soutirer le colis à son insu. Ce qu’a nié immédiatement Abdoulaye. Zoumana a également laissé entendre à la barre qu'Abdoulaye a voulu le convaincre en prison de ne pas montrer où se trouvait le butin, comme ça, une fois leur peine purgée, ils pourraient l’écouler et se faire des sous. « Il m’a raconté qu’après son premier séjour en prison il avait fait pareil et a pu profiter de l’argent une fois dehors », a confié Zoumana à la barre.
Il faut rappeler qu’Abdoulaye est un repris de justice. Il a été condamné en 2024 à 12 mois de prison et à une amende de 500 000 F CFA, le tout assorti de sursis, pour avoir transféré frauduleusement l’argent de son oncle de son mobile money vers un autre numéro et dépensé ladite somme.
« Entendiez-vous vendre ces portables pour utiliser l’argent à quelles fins ? » À cette question du ministère public, Abdoulaye a répondu qu’il n’avait rien comme planification. Zoumana, lui, a affirmé avoir en projet d’utiliser ces sous pour passer le permis de conduire.
Pour le parquet, il n’y a pas de doute que les deux prévenus ont planifié le vol ensemble, et les faits sont suffisamment constitués. Il a demandé de les maintenir dans les liens de la prévention et de les en déclarer coupables.
En répression, il a été requis, pour Abdoulaye, de révoquer le sursis de sa précédente condamnation et de le condamner pour la présente infraction à 48 mois de prison et à une amende de 500 000 F CFA, le tout ferme. D’où, en somme, une condamnation à 60 mois de prison et à une amende d’un million de F CFA, le tout ferme. Quant à Zoumana, le parquet a demandé de le condamner à 12 mois de prison et à une amende de 500 000 F CFA, le tout ferme.
Le parquet a également demandé de restituer les deux portables sous scellé retrouvés dans les mains des prévenus à Jacques. Jacques s’est constitué partie civile et a demandé la somme de 504 900 F CFA à titre de dommages et intérêts pour les 23 téléphones non retrouvés.
Le tribunal a reconnu les deux prévenus coupables. Il a condamné Zoumana à 36 mois de prison ferme et à une amende de 500 000 F CFA assortie de sursis. Pour Abdoulaye, le tribunal a révoqué le sursis de sa précédente condamnation avant de le condamner pour la présente infraction à 48 mois de prison ferme et à une amende ferme de 500 000 F CFA. Abdoulaye a donc été condamné à 60 mois de prison ferme et à une amende ferme d’un million de F CFA.
Le tribunal a en outre reçu la constitution de partie civile de Jacques et l’a déclarée entièrement fondée. Il a par conséquent condamné les deux prévenus à verser solidairement au plaignant la somme de 504 900 F CFA, avec une contrainte d’exécution judiciaire fixée à 5 mois pour Zoumana et 9 mois pour Abdoulaye.
Le tribunal a par ailleurs ordonné la restitution du scellé contenant les deux portables à Jacques.
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