02/07/2025
HAUTS-BASSINS devient GUIRIKO
Pour en comprendre l’origine, il faut explorer l’histoire des Jula et leur expansion au début du XVIIIe siècle depuis la cité de Kong. Descendants des Wangara, anciens commerçants installés en Côte d’Ivoire et au Ghana, les Jula ont transformé Kong en métropole marchande après le déclin des villes de Boron et Bégho.
Afin de relier cette cité aux terminus des routes transsahariennes du Moyen-Niger, les Jula ont dû réorganiser les circuits commerciaux. À l’ouest du Burkina Faso, les territoires se divisent entre zones densément peuplées et vastes plaines quasi désertiques. Ces dernières, qui s’étendent sur plus de cent kilomètres à l’est de la falaise, représentaient une étape difficile pour les caravaniers Jula. D'où le terme “gwiri” (déuaient à ces contrées. En traversant cette zone vers l’ouest, on atteignait Sya, région plus dense et active, future Bobo-Dioulasso. C’est ainsi que le nom “Gwiriko” a émergé, signifiant “au-delà du désert”, désignant l’espace accessible où les échanges commerciaux devenaient florissants.
Rapidement, Sya est devenue un centre stratégique peuplé de nombreux lignages Jula : Barro, Cissé, Traoré, Koné et autres. Elle s'est imposée comme relais majeur entre Kong et Djenné, gagnant le surnom de Julasso — la maison des Jula. Des cités comme Darsalamy en ont également profité, renforçant l’ancrage commercial de la région. Mais au fil du temps, le Gwiriko ne fut plus seulement économique : il devint politique.
L’histoire du royaume commence avec Famaghan, frère de Sékou Watara, frustré de ne pas succéder à Kong. Il s’installe dans la région de Bobo-Dioulasso et trace les contours d’un système fédéral regroupant plusieurs groupes : Bobo-Jula, Tiéfo, Vigué. Malgré les crises et dissidences internes, ces alliances se solidifient, notamment face aux ambitions du Kénédougou.
Aujourd’hui, le terme Gwiriko évoque autant une route commerciale qu’un royaume à géométrie variable, dont les contours ont évolué selon les rapports de force. Difficile à cerner, Gwiriko demeure un symbole fort de l’histoire régionale, entre désert, métissage et puissance marchande.