25/05/2025
Je connais la loi : Comment acheter un terrain non loti sans avoir de problèmes avec la justice ?
Avec l’explosion démographique et le coût élevé des terrains lotis, de nombreux Burkinabè se tournent vers les terrains non lotis pour se loger ou investir. Mais attention ! L’achat d’un terrain non loti comporte des risques juridiques importants, car ces zones ne sont pas officiellement aménagées ni sécurisées juridiquement.
Voici ce qu’il faut savoir et faire pour éviter les ennuis avec la justice.
1. Comprendre ce qu’est un terrain non loti
Un terrain non loti est une parcelle située dans une zone où l’État ou la commune n’a pas encore procédé au lotissement (aménagement officiel avec attribution légale de parcelles).
Cela signifie :
- Pas de titre de propriété ;
- Pas d’acte de vente reconnu légalement ;
- Pas de sécurité juridique pour l’acheteur.
Acheter un terrain non loti, c’est prendre le risque de perdre son argent ou sa maison si le terrain est repris ou détruit par la commune.
2. Ce que dit la loi : l’achat d’un terrain non loti n’est pas légalement reconnu
Le Code de l’urbanisme et de la construction est clair : « L’occupation sans droit ni titre du domaine public ou privé de l’État, des collectivités territoriales ou de tout autre établissement public est interdite. »
Autrement dit : même si vous avez acheté un terrain non loti avec une reconnaissance de vente signée par des témoins ou le chef de zone, vous n’avez aucune garantie juridique.
3. Avant d’acheter, vérifiez ces 5 points essentiels :
a) La nature juridique du terrain :
Renseignez-vous à la mairie ou à la Direction régionale de l’urbanisme pour savoir si le terrain est :
- sur une emprise réservée (voie, école, hôpital, zone verte),
- déjà revendiqué par l’État ou un particulier,
- dans une zone à risque (marécage, ravin, etc.).
b) Le statut de l’occupant-vendeur :
- Est-il le premier occupant du terrain ou l’a-t-il lui-même "acheté" de façon informelle ?
- Demandez une preuve d’occupation continue (reçus d’eau, d’électricité, témoignages).
c) L’existence d’un plan de lotissement en cours :
- Si la commune prévoit un lotissement dans la zone, le terrain peut être repris ou redistribué selon des critères précis.
- Assurez-vous que le terrain est potentiellement régularisable.
d) Les documents de transaction :
Même si ce n’est pas légalement reconnu, faites établir un acte de reconnaissance de vente signé par :
- le vendeur,
- deux témoins,
- le chef de zone ou le délégué du quartier.
e) Demandez un reçu de paiement clair et daté :
Il est conseillé de faire une copie certifiée et de conserver toutes les pièces.
4. Ce qu’il ne faut jamais faire :
- Acheter un terrain sur plan, sans voir physiquement la parcelle ;
- Acheter un terrain dans une zone litigieuse ou occupée par plusieurs personnes ;
- Construire immédiatement sans avoir vérifié que le terrain est constructible ;
- Payer sans avoir de reçu clair ou de témoins fiables.
5. Après l’achat : que faire ?
- Attendez les opérations de lotissement pour pouvoir régulariser la parcelle ;
- Si la zone est concernée par une opération de régularisation, déposez rapidement un dossier auprès de la mairie ;
- Évitez d’agrandir ou de vendre le terrain tant que vous n’avez pas de titre régulier.
En résumé :
Acheter un terrain non loti est un pari risqué, mais souvent nécessaire faute d’alternatives.
Pour éviter les problèmes avec la justice, il faut :
- vérifier le statut du terrain,
- s’informer auprès des autorités locales,
- formaliser au mieux la transaction,
- être conscient qu’aucune reconnaissance de vente ne vous protège légalement sans régularisation.
Connaître la loi, c’est se protéger.