09/10/2025
Kombere(Canton) de Sandbondtenga(San’mentenga), aperçu historique d’une principauté devenue alliée de Busma
Naaba Oubri (1495-1517) fonda à la demande de ses oncles maternels de Guiloungou, un royaume qui porta son nom, l’Oubritenga et installa sa résidence première à Ziniaré, précisément à Raboodzouguin. Il entreprit alors d’agrandir son royaume et campe son décor. A cette époque, l’Est de Ziniaré, précisément la rive gauche du fleuve Nakambé était déjà conquise par Naaba Guegma, fils de Naaba Zoungrana et donc frère ainé de Naaba Oubri, qui s’était installé à Kando puis à Tougouri. Le Nord était occupé par les descendants de son oncle Naaba Rawa (fils de Naaba Ouedraogo et donc frère de Naaba Zoungrana) installés autour de Goursi et formant le royaume du Zandoma ou Rawatenga. Naaba Oubri décida donc d’envoyer son fils Naskiemdé à Louda au nord, son fils Rimso à Gambo (Nord-Ouest, Yatenga actuel) et Wumtanango à Guitti (Nord-Ouest, Yatenga actuel également) et fit de Latodin (Ouest de Yako) sa nouvelle capitale. De Latodin, il se lance dans la conquête de l’Ouest, étant assuré de ses arrières au niveau des autres points cardinaux.
C’est dans cette situation que Naaba Oubri, vers 1500, décida d’envoyer son fils Sandbondo, fils de Napaga Neyamba, au Nord en rive gauche du fleuve Nakambé (zone où son ainé Naskiemdé s’y trouve déjà) pour accentuer et élargir les conquêtes. Sandbondo partit de l’Oubritenga avec une forte suite de notables et de guerriers.
La légende retient que c’est à la demande des autochtones de la zone conduits par le patriarche des Marensé(Sonrai) de Tiffou qui subissaient les incursions meurtrières des Kibilsi de Kalambaogo que Naaba Oubri désigna son fils Sandbondo pour aller pacifier ce territoire. Toujours est-il que la caravane conduite par le Prince Sandbondo partit en saison pluvieuse en marche forcée vers le Nord et fut stoppée par les crues du fleuve Massiili au gué de Loumbila. Sandbondo eut recours à un habitant de la localité en travaux dans son champ pour les aider à traverser le fleuve. Cet homme, à l’aide d’un bâton magique, réussit à fendre l’eau qui se retira de part et d’autre (à l’image de Moise dans la bible) permettant aux caravaniers de traverser le fleuve sans encombre. Sandbondo demanda donc à son bienfaiteur de les accompagner jusqu’à leur destination n’ignorant pas l’existence sur la route d’autres obstacles naturels, notamment le fleuve Nakambé encore plus important.
L’homme de Loumbila au pouvoir magique accepta et poursuivit le chemin avec Sandbondo qui fit de lui plus tard et une fois sa principauté en place, son premier collaborateur/conseiller, c’est-à-dire le doyen des notables de sa cour ; il s’agit de l’ancêtre de la famille de Kaya Naaba.
Sandbondo installa son palais à Kaya à l’emplacement de l’actuel campement Oasis devenu « Amitié » au nord du marché central dans le quartier Yangrin (rappelons que le chef de ce quartier est le représentant du chef de Tiffou, chef de la délégation des autochtones partie demander un prince auprès de Oubri). Il entreprit alors la pacification du Nord jusqu’au Djelgogui et installa ses fils comme chefs des villages conquis. A la disparition de Naaba Oubri, il lui donna une tombe symbolique à Kaya non loin du Rondpoint qui porte actuellement son nom. Sa principauté, qui s’étend sur un vaste territoire, prit le nom de Sandbondtenga qui devient par déformation San’mentenga. La capitale est fixée à Kaya. A l’arrivée du convoi de Sandbondo dans la localité, il aurait trouvé une vielle femme en train d’étaler son produit à sécher et quand on lui a demandé le nom de la localité, et ayant compris qu’on lui demandait ce qu’elle étalait, elle aurait répondu « yaa kay’ya » ce qui signifie « c’est du mil germé » et c’est donc ce nom Kaya qui est resté pour le village qui fait office de première capitale de Sandbondtenga.
Le nom Sandbondo proviendrait de la réponse de Naaba Oubri à la mission des autochtones venus lui demander un fils pour leur protection et qui dit à un de ses conseillers « kin zakin wan n guesse sanda bond pa be be » autrement « rentre dans la cour voir si quelqu’un n’y est pas » ; quand les étrangers ont entendu cela, ils ont conclu que « Sanda Bondo » est le nom de l’enfant de Oubri qui allait devenir leur futur chef et ils le retinrent ainsi.
D’autres disent que Sandbondo vient de la devise du Prince qui dit « Sand bond segd guegma » qui signifie « tu penses croiser des ânes alors que ce sont des lions » pour dire que les apparences sont souvent trompeuses et que tu peux sous-estimer le jeune prince qu’il est pour diverses raisons mais tu l’apprendras tard à tes dépens. Une troisième version défend que le nom Sandbondo proviendrait de la réponse de la délégation des autochtones à Naaba Oubri qui les invitait après quelques années à identifier le prince dont ils avaient choisi pour les protéger. L’ayant handicapé mystiquement, ils déclarèrent à la vue des nombreux princes et en désignant un jeune prince : « y d sanda me ti yaad bonda la woto » qui signifie « Nous pensons que c’est notre propriété celui-ci ».
Au fil du temps, plusieurs localités comme Rinkilga, Paspanga, Kalambaogo, Wassobgué, Tangasgo, Ringuissi, Nongfairé, Silmiougou furent des capitales de la principauté. Même à Kaya, plusieurs autres quartiers comme Wemtenga (actuel Hôtel Pacific et ensuite actuel Bar Univers), et Dimaasa (palais depuis Naaba Yemdé jusqu’à nos jours) ont abrité des palais de différents chefs qui se sont succédé.
Depuis sa création pour le compte du père Oubri, Sandbondtenga est d’abord resté assujetti au royaume d’Oubritenga avant de passer dans la souveraineté du Rissiam vers 1670. C’est autour des années 1800 que Busma obtient sa souveraineté sur la principauté de Sandbontenga, dernière à intégrer le Royaume sous le Dima Tanga puis parachevé par le Dima Piiga et avec Naaba Yolongo comme Sandbondteng’Naaba.
Sandbondtenga a dès lors évolué aux côtés de Busma dans une alliance très forte et a activement participé et avec une loyauté à toutes épreuves à toutes les confrontations entre Busma et les autres puissances politiques et militaires de l’époque et avec à la clé des victoires encore racontées et chantées de nos jours. Le peuple de Sandbondtenga est réputé dans l’Histoire pour son courage, sa persévérance et le respect de la parole donnée.
Il existe entre le canton de Sandbondtenga et le canton de Pissila une forte et vivante relation de parenté à plaisanterie ou rakiiré.
La mission coloniale Voulet-Chanoine est arrivée à Kaya en provenance de la capitale du Royaume de Busma qu’est Wayuguiya le 21 Octobre 1896 qu’il a incendiée avant d’aller faire de même à Ramané et poursuivre sa route en direction du Yatenga.
Pendant l’occupation coloniale, Naaba Sawadogo, chef de canton du Sandbondtenga a été révoqué pour insuffisance de résultats par l’administration en 1938.
L’actuel Kombere du Sandbondtenga est Naaba Koom, intronisé le Samedi 17 mai 2008 à Wayuguiya par le Dima Sonré de Busma.
Royaume de BOUSSOUMA ✍️