29/10/2025
🔴 Abus de confiance sur fond de relation amoureuse : la gérante, son amant et le frère devant la justice
Le lundi 20 octobre 2025, la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouagadougou I a jugé trois prévenus pour abus de confiance, recel et complicité d’abus de confiance.
L’affaire concerne une somme de 5 100 000 F CFA appartenant à un commerçant, propriétaire d’une boutique de transfert d’argent.
Un audit qui révèle le détournement
Courant décembre 2024, lors d’un audit interne, le propriétaire, que nous appellerons Monsieur Kaboré, découvre un déficit de plus de cinq millions de francs CFA dans la caisse de sa boutique.
Interrogée, sa gérante, Aïcha, admet avoir transféré de l’argent appartenant à son employeur à deux autres personnes : Moussa, le vigile, et Oumar, le petit frère de ce dernier.
À la barre, Aïcha explique avoir envoyé de l’argent à plusieurs reprises, sans autorisation.
« Quand je partais vers la ZAD pour les retraits, le vigile m’a demandé mon numéro. Ensuite, il m’a sollicité pour de l’argent. Comme son téléphone était en panne, il m’a donné le numéro de son petit frère, qui, à son tour, en profitait aussi », a-t-elle déclaré devant le tribunal.
Elle reconnaît que l’argent provenait de la caisse de la boutique et que les deux frères savaient qu’il s’agissait des fonds de son patron, même si elle affirme ne plus se souvenir du montant total transféré.
Les co-prévenus se défendent
Moussa, le vigile, reconnaît avoir reçu de l’argent, mais soutient qu’il croyait qu’il s’agissait de dons.
« Je pensais qu’elle gérait les boutiques de son père. Elle m’a dit que je pouvais lui demander de l’aide si j’avais des difficultés », a-t-il déclaré.
Son frère Oumar, élève, admet avoir reçu plusieurs sommes, entre 5 000 et 10 000 F CFA, totalisant environ 500 000 F CFA sur cinq mois.
« Elle m’appelait “beau-frère”. Je ne savais pas que c’était l’argent de son patron », a-t-il expliqué.
Une relation ambiguë mise en lumière
Devant la Cour, Moussa a décrit sa relation avec la gérante comme amoureuse.
« C’est ma copine. Elle m’a dit qu’elle allait avoir 19 ans et qu’elle m’aiderait dans mon projet d’élevage », a-t-il confié.
Le président du tribunal a ironisé :
« Vous avez 25 ans, elle 19 ans, qui peut aider qui ? », avant de souligner que le vigile aurait dû s’interroger sur l’origine de l’argent, surtout que son frère en bénéficiait également.
Le verdict
Le procureur a estimé que les faits étaient pleinement établis.
Dans son délibéré du 27 octobre 2025, le tribunal a déclaré les trois prévenus coupables.
• Moussa, le vigile, a été condamné à 24 mois de prison avec sursis et à 2 000 000 F CFA d’amende.
• Aïcha, la gérante, et Oumar, le frère du vigile, ont chacun écopé de 12 mois de prison avec sursis et 500 000 F CFA d’amende.
Les trois prévenus ont été condamnés solidairement à verser 5 100 000 F CFA à Monsieur Kaboré, à titre de dommages et intérêts.
Zoodomail