11/07/2025
2133- Les 10 erreurs des présidents africains invités à Washington - "Quand 5 comédiens africains entrent à la Maison Blanche, ils ne deviennent pas des rois, mais ils transforment les lieux en un cirque". Jean-Paul Pougala
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Leçon d'intelligence économique et stratégique de Jean-Paul Pougala
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Les 10 erreurs des présidents africains invités à Washington
Mercredi le 9 juillet 2025, 5 chefs d'états sont invités par le 47ème président américain Donald Trump à la Maison Blanche, siège de la présidence des États-Unis.
On apprendra par la suite, des indiscrétions venant de l'entourage du président américain, que le format des 5 chefs d'état s'est précisé, après que tous les chefs d'états d'Afrique australe et de l'est ont refusé d'y aller, prétextant des rendez-vous urgents programmés depuis de longues dates.
A la fin, n'ont accepté l'invitation que ceux qui avaient envie de se faire humilier.
Et ils en ont eu pour leur grade !
Sur le plan purement d'intelligence économique, ces chefs d'état africains ont commis plusieurs erreurs de débutants que nous allons analyser tout au long de cette leçon.
Erreur n° 1
Confondre une rencontre multilatérale avec une réunion bilatérale.
Durant une réunion bilatérale, chacun parle à l'autre, de ce qui regarde exclusivement son côté.
Mais dans une réunion multilatérale, on se limite aux thèmes collectifs qui doivent intéresser la partie à laquelle on appartient.
Erreur n° 2
Se tromper sur l'objet de la rencontre.
Il s'agit avant de répondre à l'invitation d'obtenir de celui qui invite une réponse préliminaire à une question : pourquoi l'invitation ?
En écoutant ces chefs d'état africains répondre comme des perroquets à la petite demande du président américain, de se présenter, on comprend vite qu'ils ne savaient pas pourquoi ils étaient là.
Et c'est là, privés de capacité intellectuelle de la Pensée Critique, ils se sont tous livrés à un exercice d'auto-humiliation en monde-vision.
Hier matin, du jeudi 10/10/2025, ce sont les télévisions du monde entier qui se sont marrées de la comédie offerte par 5 clowns africains à la Maison Blanche.
De leurs visages, on a très vite compris qu'ils étaient comme perdus.
Ils étaient là sans se demander si on les a invités, parce qu'ils sont des pays tropicaux ? Des Pays du Sud ? Ou pays miséreux ?
Cela a démontré une caractéristique propre des dirigeants africains : ils ne prennent jamais le temps de comprendre le sujet avant de le résoudre.
Résultat des courses : ils sont en permanence hors-sujet.
Erreur n° 3
Ne s'intéresser que sur ses besoins et oublier ceux des autres.
Cela aurait été plus intelligent de se limiter à répondre de façon cordonnée à la demande du président américain.
S'il vous a invités, c'est qu'il a quelque chose à vous demander, c'est que c'est lui qui est dans le besoin.
À vous maintenant de vous limiter, pour écouter d'abord ce qu'il a à vous demander et puis c'est tout.
Erreur n° 4
Mettre aux yeux du monde ses lacunes en des matières aussi basiques, comme la géologie et la géographie.
C'était tellement ridicule de voir des chefs d'état mettre en évidence leurs lacunes surtout en géographie, croyant en bonne foi qu'ils sont les seuls à posséder certains minerais.
On ne leur a pas dit que le continent américain a le pétrole partout, depuis le Canada jusqu'au Chili, y compris le pétrole en offshore dans les côtes du Mexique.
On ne leur a pas dit qu'aucun pays africain ne figure sur la liste des 10 pays avec les plus grandes de réserves de pétrole du monde.
Et là encore, c'est un pays américain, le Venezuela qui, avec ses 320 milliards de barils de pétrole connus, est le pays avec les plus grandes réserves de pétrole au monde.
Erreur n° 5
Confondre la disponibilité des ressources naturelles et la richesse véritable.
En première année de la faculté d'économie, tout étudiant apprend que les ressources, toutes les ressources naturelles sont cataloguées comme des richesses Potentielles.
Les africains ne savent pas qu'ils ne sont que les gardiens des ressources naturelles minières qu'ils aiment citer à chaque discours politique.
Car pour qu'elles deviennent source de richesse pour le pays, il faut d'abord les exploiter.
Et c'est un problème que rencontrent tous les pays y compris les États Unis qui ne trouvent pas les financiers qui acceptent de risquer leur argent dans une mine même aux États-Unis, si elles ne sont pas bradées.
Expliquez-moi pourquoi ils le feraient pour des mines au Liberia ou en Mauritanie ?
Question : pourquoi les États Unis n'exploitent pas toutes leurs ressources naturelles ?
Réponse :
Pour que les ressources potentielles deviennent des richesses, il faut les investissements pour la prospection et l'exploitation de ces ressources.
Le projet n'est viable qu'en fonction du prix de la ressource sur le marché mondial.
Or plus il y a de fournisseurs et plus le prix est bas et impossible sera l'exploitation des mêmes ressources sur le sol américain.
En d'autres mots, ces chefs d'état africains ne savent pas que les États Unis n'ont aucun intérêt de financer l'ouverture d'une mine au Gabon, au Sénégal ou en Guinée Bissau, parce que toute nouvelle offre contribue à saturer le marché et baisser les prix. Ce qui fait jubiler un seul pays : la Chine ! Car c'est elle seule qui a les usines qui vont utiliser vos ressources.
Erreur n° 6
Ne pas savoir que les États Unis ne financent pas les concurrents africains de production minière.
Il y a une vérité amère que les pays africains refusent de voir : la production totale quotidienne de pétrole des pays africains est inférieure à la production quotidienne d'un pays comme la Russie.
Question : Pourquoi le Nigeria qui a une capacité de produire 4 millions de barils de pétrole par jour n'en extrait que la moitié, deux millions ?
Réponse : il n'y a ni investissements, ni équipements technologiques adéquats, pas seulement faute d'argent, mais aussi faute de partenariat.
Erreur n° 7
Ne pas comprendre que seule la Chine peut acheter leurs ressources et non les États Unis qui sont plutôt des concurrents
Ça fait 10 ans que le Nigeria fait des rendez vous à vide aux États-Unis pour soi-disant trouver des financiers pour le gazoduc devant porter le gaz nigérian vers la Méditerranée.
Ils ne sont pas au courant du fait qu'ils n'en trouveront pas, parce que le monde ne manque ni de pétrole ni de gaz.
Mais c'est le prix qui inquiète tout financier. Et plus il y a d'offre et moins intéressant sera l'affaire.
Il n'y avait que la Chine qui était en mesure de prêter en 2016, 84 milliards de dollars pour moderniser les raffineries du pays.
Les États Unis ne l'auraient jamais fait, parce que plus le Nigeria consomme son propre pétrole et plus le prix du pétrole va chuter sur le marché international, ce qui rendra non rentable l'exploitation du pétrole américain.
Résultat des courses : Le monde entier sait que le président des États-Unis ne va jamais contribuer à financer de nouveaux concurrents africains qui vont empêcher les mines américaines de s'ouvrir parce que non compétitives.
Erreur n° 8
Ne pas comprendre que pour profiter de ses ressources naturelles minières, il faut mettre ses propres citoyens en capacité d'être des protagonistes de toutes les filières d'exploitations.
Ces dirigeants africains ne se sont certainement jamais demandés pourquoi en Afrique il n'y a que l'Afrique du Sud qui profite pleinement des ressources de son sous-sol ?
Observez bien la situation des mines en Afrique. Il n'y a en effet qu'en Afrique du Sud que les privés sont devenus milliardaires.
Malheureusement ce ne sont pas les populations autochtones qui en sont les protagonistes, mais cela donne une indication sur le fait que ce n'est pas de l'étranger que viendra un sauveur des mines africaines.
Erreur n° 9
Ne pas prendre le temps pour organiser son modèle scolaire pour permettre au monde académique d'avoir le portefeuille d'exploitation minière en Afrique.
La Chine a pris 20 ans d'avance sur les terres rares, par rapport à ses principaux concurrents pourtant technologiquement très avancés de l'occident parce qu'elle a confié ce dossier à ses universités.
C'est tous les jours que l'Académie chinoise des Sciences nous annonce de nouvelles découvertes des nouveaux minerais.
L'université chinoise de Pékin ou de Tianjin annonce toutes les semaines au monde les exploits des équipes d'étudiants avec leurs professeurs dans l'acier, le nucléaire etc.
Les africains ne peuvent pas continuer de vanter les ressources minières qu'ils possèdent sans être capables de savoir ce qu'on en fait, et comment on le fait.
Erreur n° 10
L'homme d'état anglais, Sir Robert Peel affirmait au 19eme siècle une vérité que deux siècles plus t**d, les chefs d'état africains n'ont toujours pas maîtrisé :
"l'avenir sera aux peuples qui produiront le plus de houille".
Question : Pourquoi la houille ?
Réponse : parce que c'est un minerai sans lequel vous ne pouvez pas développer l’aciérie, l'industrie lourde. Et sans industrie lourde, il n'y a pas la possibilité d'utiliser à fonds ses autres ressources.
C'est ce que le président chinois Mao avait compris en créant dans les champs et les arrières-cours des communes de chine, ce qui a pris le nom de Hauts fourneaux de poche ou Hauts fourneaux villageois.
Mao avait compris l'affirmation de Peel, que sans acier, un pays ne se met pas sur la voie de l'industrie.
L'Afrique doit commencer par le début, créer des propres Hauts fourneaux ruraux pour créer les conditions matériels pour consommer elle-même ses propres ressources.
Je ne connais pas de solution miracle.
CONCLUSION
La China a accepté pendant 20 ans de mettre à disposition des techniciens et des ingénieurs compétents qui acceptaient d'être payés 50 centimes de dollars par heure après 13 heures de travail.
C'est ce sacrifice qui a été le joker proposé par la Chine aux occidentaux pour qu'ils acceptent d'investir leurs capitaux en Chine.
Les états africains croient par erreur qu'il suffit de faire la liste des ressources naturelles probables dans le sous-sol du pays, pour que des gens à New-York ou Pékin, se précipitent à les exploiter chez eux, jusqu'à les transformer sur place comme à prétendu le président du Gabon.
Par ailleurs, les africains ne savent pas que plus ils alimentent les campagnes occidentales contre les énergies fossiles, soi-disant pour sauver la planète, plus ils contribuent à décourager les investisseurs à venir exploiter leurs ressources minières.
Cela montre la nécessité de bien comprendre d'abord des enjeux des minerais avant même d'en parler.
Et dans tous les cas, la visite de cinq chefs d'état africains à la Maison Blanche à Washington le 9 juillet 2025, ne laissera aucune trace dans l'histoire en dehors de la représentation grotesque et le ridicule qu'elle a suscités.
Jean-Paul Pougala
Vendredi le 11 juillet 2025