
10/07/2025
On ne marchande pas sa dignité, son honneur et sa souveraineté
Un mépris de plus s’ajoute aux mille autres que l’Afrique subit. Le “sommeil” — ou plutôt le sommet— entre cinq chefs d’État africains et Donald Trump a encore été une démonstration claire de condescendance. Dès l’ouverture, le président américain a demandé à chaque président de décliner son nom et le pays qu’il dirige. Un détail qui peut sembler banal, mais qui en réalité, constitue un manquement grave au protocole diplomatique. Cela montre que ces dirigeants n’ont pas été conviés avec respect, mais plutôt convoqués comme des élèves à un appel nominal.
Je suis enseignant. Quand j’ai une nouvelle classe à grand effectif, je mets un mois pour mémoriser les noms de mes élèves. Et une fois que c’est fait, je ne leur redemande plus jamais leurs noms. C’est une marque de respect. L’élève doit sentir qu’il compte pour moi. Même dans la vie courante, lorsqu’une connaissance vous salue avec courtoisie, si vous avez oublié son nom, vous trouvez une autre manière discrète de le retrouver, mais jamais vous ne lui demandez directement, pour éviter de l’humilier.
Trump connaît parfaitement le nom de chacun de ces présidents. S’il leur a demandé de se présenter, c’était délibéré. C’était une façon de tester leur soumission, leur docilité, leur capacité à courber l’échine.
Et ce mépris ne s’est pas arrêté là. Il a feint de s’étonner que le président libérien parle aussi bien l’anglais, oubliant commodément que le Liberia est historiquement une colonie américaine. Il a même coupé court à leurs interventions, les accusant d’être trop bavards, leur rappelant qu’il n’avait pas le temps.
Le jour où le capitaine Ibrahim Traoré acceptera ce genre d’humiliation, ce jour-là, je prendrai mes distances avec lui. Je sais qu'il ne le fera jamais . L’honneur d’un peuple ne se marchande pas, pas même contre des millions de dollars.
Tingin-biiga