01/09/2025
Nous sommes le 01 septembre 2025 et nous posons nos valises en Afrique du Nord pour parler d'une grande figure de notre histoire. Quoique quelque peu controversé, il a incarné une grande ambition, un rêve... Les plus anciens ont certainement deviné de qui il s'agit... Pour les plus jeunes, j'ai nommé .
Prenez donc votre tabouret et suivez-moi...
Mouammar Mohammed Kadhafi naît en 1942 près de Syrte, dans une famille bédouine pauvre. Il grandit dans une tente, au cœur du désert libyen, loin des centres urbains et des privilèges. Très tôt, il se distingue par une curiosité intellectuelle rare dans son milieu : il est le seul de sa famille à fréquenter l’école. Mais son parcours est irrégulier. Il apprend l’anglais, l’italien et le droit de manière informelle, lit des textes politiques et religieux, et s’imprègne des discours de Gamal Abdel Nasser, dont il admire la posture anticoloniale et panarabe. Son éducation est en grande partie autodidacte, guidée par une volonté militante plus que par une ambition académique.
En 1963, il entre à l’Académie militaire de Benghazi, où il se forme comme officier. Il poursuit ensuite un entraînement complémentaire au British Army Staff College en Grande-Bretagne. Mais Kadhafi ne cherche pas à faire carrière dans l’armée au sens classique : il l’intègre avec l’intention de l’infiltrer, comme Nasser l’avait fait en Égypte, pour préparer une révolution. Son approche du savoir est sélective et stratégique — il apprend ce qui peut servir son projet politique.
Le 1er septembre 1969, profitant de l’absence du roi Idris Ier, Kadhafi et ses compagnons des “Officiers libres” organisent un coup d’État sans effusion de sang. À seulement 27 ans, il annonce par radio la chute de la monarchie et la naissance de la République arabe libyenne. Il devient chef de l’État, préférant le titre de “Guide de la Révolution” à celui de président.
Dès les premières années, Kadhafi engage une politique de nationalisation des ressources, notamment du pétrole. Il expulse les bases militaires étrangères, récupère les bénéfices des compagnies pétrolières et augmente les prix de l’énergie. En 1971, il nationalise British Petroleum, puis en 1973, l’American Bunker Hunt Oil Company. Ces mesures permettent à la Libye de générer des revenus considérables, qu’il réinvestit dans le développement social.
Sous son régime, les Libyens bénéficient de services publics gratuits et étendus : santé, éducation, logement. Il finance la construction de logements modernes pour éliminer les bidonvilles, subventionne les produits de base, développe l’agriculture et améliore l’accès à l’eau et à l’électricité, notamment dans les zones rurales. L’alphabétisation progresse rapidement, les soins médicaux deviennent accessibles, et la Libye atteint l’un des meilleurs niveaux de vie du continent africain.
Kadhafi développe une idéologie politique originale, exposée dans son Livre vert, fondée sur la “démocratie directe”. Il abolit les partis politiques et installe des “comités populaires”, affirmant que le peuple gouverne sans intermédiaires. En réalité, le pouvoir reste concentré entre ses mains, et toute opposition est réprimée. Les dissidents sont arrêtés, torturés ou exécutés, souvent sans procès. Les prisons secrètes du régime deviennent des lieux de disparition, et la peur s’installe dans la société.
Sur le plan international, Kadhafi se positionne comme un leader panafricain et anti-impérialiste. Il soutient activement les mouvements de libération nationale en Afrique australe, centrale et occidentale. Il finance des gouvernements en crise, notamment en Ouganda, au Tchad et au Burkina Faso, et offre une aide matérielle à plusieurs États africains. Il milite pour une intégration continentale fondée sur la solidarité et l’unité.
En 2001, il propose la création des États-Unis d’Afrique, avec une monnaie unique, une armée commune et une diplomatie coordonnée. En 2009, il devient président de l’Union africaine et tente de transformer l’organisation en un véritable outil d’unification. Il soutient la Charte africaine de l’éducation, le Code de l’enfant africain, et encourage l’émancipation des femmes dans les sociétés musulmanes. Il finance également des projets d’infrastructures, des universités et des banques panafricaines.
Mais derrière les ambitions continentales et les progrès sociaux, le régime s’assombrit. Kadhafi est accusé de soutenir des groupes terroristes, notamment dans les années 1980, avec l’attentat de Lockerbie en 1988. Il impose une lecture rigide de l’islam, interdit les syndicats indépendants et marginalise toute voix dissidente. Des témoignages posthumes révèlent des abus de pouvoir dans sa vie privée, notamment des violences sexuelles commises en toute impunité. L’État devient dépendant de sa personne, affaibli par la suppression des institutions et la centralisation extrême.
En 2011, dans le sillage du “printemps arabe”, une révolte éclate en Libye. Kadhafi refuse de céder le pouvoir et réprime violemment les manifestations. Une guerre civile s’engage, et l’OTAN intervient militairement. La France, en particulier, joue un rôle décisif dans la reconnaissance des insurgés et dans les frappes aériennes contre les forces loyalistes. Le 20 octobre 2011, alors que Kadhafi tente de fuir Syrte, son convoi est repéré et frappé. Capturé par les rebelles, il est tué dans des circonstances encore floues. Certains responsables libyens évoqueront plus t**d l’implication directe de services étrangers dans son exécution, suggérant que des secrets diplomatiques ou financiers auraient précipité sa fin.
Son corps est exhibé publiquement, marquant la fin brutale d’un règne de 42 ans. Et avec lui s’effondre un État sans institutions solides, livré au chaos et aux rivalités armées.
Pour ses partisans, Kadhafi reste le symbole d’une Afrique souveraine et ambitieuse. Pour ses détracteurs, il incarne la dérive autoritaire et la violence d’un pouvoir sans contrepoids. Et pour vous, cher·e·s ami·e·s?