28/07/2025
🔵 À LA BARRE N°2
À LA BARRE est une rubrique qui vise à mettre en lumière les artistes, les entrepreneurs, personnalités et autres de notre commune ainsi que le Bénin en général.
🎙️ Rencontre avec Lorentus HOUEDOTE : Quand la culture devient moteur de développement à Allada
1. Présentez-vous brièvement.
Je suis Lorentus HOUEDOTE, professionnel du tourisme, de la culture et des arts. Passionné par la valorisation du patrimoine béninois, les initiatives communautaires et le développement local à travers la culture, je m’efforce, à travers mes projets, de bâtir des ponts entre tradition et modernité, entre mémoire et avenir. Mon objectif : mettre en lumière les talents d’ici et révéler la richesse culturelle de notre territoire.
2. Vous êtes le président fondateur du groupe URTA. Quels étaient vos objectifs à l'époque ? Et pourquoi le groupe n’existe-t-il plus aujourd’hui ?
L’URTA – Union des Rappeurs et Slameurs d’Allada – était bien plus qu’un simple collectif artistique. C’était une aventure humaine et fraternelle née en 2014, avec l’ambition de créer un espace d’expression libre pour les jeunes talents de la commune. C’était un peu notre république hip-hop, version Allada.
À l’époque, nous avions soif : soif d’expression, de reconnaissance, de scène. Et comme il n’y avait rien, nous avons tout créé nous-mêmes. Mon objectif en fondant ce groupe était de fédérer, de former et de faire rayonner notre scène locale. Et ça a fonctionné… un temps.
Mais sans financement, avec des divergences d’ego et des réalités difficiles, le groupe a fini par s’éteindre. L’URTA n’existe plus officiellement, mais son esprit continue de vivre à travers nos engagements personnels et mon travail actuel en faveur de la culture à Allada.
3. Selon vous, quel est le problème fondamental que rencontrent les jeunes artistes d’Allada ?
Trois mots : pas de scène, pas de sous, pas de soutien.
Le problème majeur reste l’absence de structures d’accompagnement. Les talents existent, mais faute d’encadrement, ils disparaissent aussi vite qu’ils émergent.
Il y a aussi un manque de confiance. Beaucoup pensent qu’il faut partir à Cotonou ou à l’étranger pour réussir. Pourtant, tout peut commencer ici, si l’on croit en ses rêves et qu’on s’organise.
Et enfin, l’absence d’investissements publics dans la culture freine énormément les initiatives. Pourtant, la culture pourrait être un véritable levier économique et social pour Allada.
Il est temps de structurer, de professionnaliser, de valoriser. Sinon, nous continuerons à voir nos jeunes talents se perdre dans l’oubli ou des métiers sans passion.
4. Pourquoi avez-vous quitté le monde du hip-hop pour vous tourner vers le tourisme ?
Je n’ai pas quitté le hip-hop, j’ai simplement changé d’instrument. Pour moi, c’est le même art, sous une autre forme.
Depuis le collège, je suis passionné par l’histoire. Avec le temps, j’ai accumulé des savoirs que je ne pouvais garder pour moi. Le besoin de transmission m’a naturellement conduit vers le tourisme, avec une approche axée sur la culture, l’identité et le retour aux racines.
Aujourd’hui, à travers mon agence Miwa Bénin, je raconte le Bénin autrement. Je guide, je transmets, je reconnecte les Afrodescendants à leur terre-mère. Que ce soit à travers un micro ou un circuit culturel, je reste ce conteur engagé, soucieux de faire aimer et comprendre l’Afrique.
5. Quelles sont vos ambitions dans le domaine culturel et artistique à Allada ?
Je rêve d’un Allada où la culture devient un levier de transformation sociale et économique.
À travers mon association Asán Ogàn, je développe des projets concrets : ateliers de formation, fresques murales, valorisation du patrimoine, accompagnement de jeunes artistes… Mon ambition est de bâtir un écosystème culturel local, solide et durable.
Je veux également briser le complexe du “dehors c’est mieux”. Ici aussi, tout est possible. Il suffit de mieux s’organiser et d’y croire.
Enfin, je souhaite construire des ponts entre Allada et la diaspora, pour une dynamique panafricaine, enracinée et ouverte sur le monde.
6. On ne vous voit pas très engagé dans le football, le sport roi. Y a-t-il une raison particulière ? Quel est votre sport préféré ?
Effectivement, je ne suis pas très présent sur les terrains de foot. Mais ce n’est pas par désamour. Le football est un sport admirable, populaire et fédérateur.
Simplement, je n’ai pas grandi avec un ballon dans les pieds. J’étais plutôt du genre à courir vers les livres.
Je préfère les activités comme la marche, la randonnée culturelle, ou la natation. Des sports qui me permettent de me recentrer, d’observer, de comprendre.
Mais en réalité, le sport que je pratique le plus, c’est celui du mouvement intérieur : celui de la transmission, du dialogue interculturel et de l’action communautaire.
Et qui sait ? Peut-être qu’un jour, je chausserai les crampons… juste pour le plaisir !
AWOYO ✍️