17/07/2023
Un tour à
L'émir Des Ténèbres
Épisode 50
Nous sommes arrivés dans notre palais il y a quelques heures. Je pensais être plus heureuse d'être rentré chez moi, mais je ressens toujours un goût amer. J'ai laissé alors tout le monde. J'ai laissé mon père et mon frère revoir l'organisation du royaume, j'ai laissé les servantes et d'autres d'employés de nettoyer le palais comme avant. Et j'ai rejoins la tombe de ma mère.
Je me baisse à la hauteur de la terre et m'agenouille. Je passe ma main sur la tombe de ma mère et les larmes me montent aux yeux.
- Mama, je suis revenue. Dis-je faiblement. Ta fille est revenue. Tu m'as tant manqué !
Une légère brise de vent se fait sentir sur ma peau, bien qu'il fait assez beau. Je finis par m'allonger au côté de la tombe de ma mère, en caressant la terre.
- J'ai tant à te raconter. Dis-je doucement.
Je ferme les yeux quelques secondes en laissant mes larmes couler sur la terre sèche.
- Je suis tombée amoureuse, mama. Dis-je, la voix brisée. Du fils de la reine de Qena. Tu te rappelle ? Cette femme que tu avais invité avant ta mort, et qui n'est jamais venue. Elle avait dit que son fils est mort, mais en réalité, il ne l'est pas. J'ai vécue avec lui pendant un an et il m'a protégé...
Je me mets alors à lui raconter tout mes périples là-bas, je lui vide mon cœur.
- Je me demande ce que dira Reza quand il verra ma lettre... Dis-je tristement. Il
m'aimera toujours, mama, pas vrai ? Parce que moi, je n'aimerais jamais personne d'autre.
REZA
Je me réveille et remarque que le soleil s'est levé. Pour la deuxième fois, j'ai beaucoup dormis. Et à ma surprise, je vois que Hiyam n'est plus là. Elle a dû partir déjeuner. Je me relève alors mais vois une lettre sur la table de chevet. Je fronce les sourcils et la prend. Je la déplis et reconnais directement l'écriture de Hiyam.
Reza,
Voilà, je suis partis. Le moment de la séparation est venu. C'est douloureux, tu sais ? Je pensais tellement que nous deux, c'était pour toujours. Mais pour ton bien, et pour celui de ma famille, je suis retournée chez moi. Dans le royaume de Sanaa.
Je sais que tu m'en voudras, je sais que tu seras en colère contre moi, peut-être penseras-tu que je jouais avec tes sentiments ? Mais sache que jamais, jamais je n'ai joué avec toi. Tout ce que j'ai éprouvé pour toi était vrai. Et je pense qu'il n'y a jamais eu rien d'aussi vrai dans ma vie.
Oublie moi, Reza. J'espère que tu trouveras une autre femme aimante, douce
et qui te comprendra. Une femme que tu pourras aimer à l'infini, et peut-être à qui tu diras "je t'aime" pour la première fois...
Et je vois au bout de ce paragraphe des petites tâches, et je comprends rapidement que ce sont ses larmes...
Mais sache que dans ce monde, une femme t'aura aimé si fort. Elle t'a aimé et t'aimera sûrement pour le restant de sa vie. Tu m'as empoisonné de ton amour, et je n'arrive pas à en trouver l'antidote. Je n'en ai pas envie. J'espère que tu te porteras mieux que moi. Et...
Je suis désolé. J'aimerais continuer à t'écrire mais je n'en ai plus la force...
Amoureusement, Hiyam."
Je relève la tête. Elle est partit ? Je garde le regard fixe. J'aurais dû le comprendre avec son comportement d'hier soir. Et ses mots remplis de désespoir me déchire intérieurement. Sa naïveté l'a encore eu. Mais je ne permettrais pas à ce que sa naïveté nous sépare.
Je repose alors la lettre sur la table de chevet, porte mes chaussures, une veste et sors de ma chambre. À l'extérieur, je tombe nez à nez avec Salih.
- Votre Majesté, je venais justement à vous ! Me dit-il.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Lui demandais-je.
- Je viens de recevoir la nouvelle... la famille royale de Sanaa vient de retourner dans le royaume. M'annonce-t-il. N'étaient-ils pas censé partir la semaine prochaine ?
Je serre mes poings. Non, Hiyam était censé rester avec moi. Et pour toujours. Elle n'était pas censée partir. Je m'avance alors sans lui répondre.
- Votre Majesté, où allez-vous ? Demande-t-il en me suivant.
Je m'arrête puis me tourne vers lui.
- Chercher ma femme. Lui dis-je. As-tu une objection, Salih ?
- Non ! Non, cheikh Reza. Allez-y. Allez chercher notre reine. Dit-il en souriant.
Je lui fais un signe de tête puis sors du palais, prends ma voiture et démarre. Les gardes se précipitent pour me suivre. J'accélère, afin d'arriver au royaume dans moins de deux heures.
Personne ne peut me prendre ma femme. Personne.
Hiyam appartient à Reza. Alors Hiyam doit rester au côté de Reza.
Mais Reza appartient à Hiyam. Alors Reza la suivra où elle sera.
Je ne pense alors à rien d'autre. Je pense seulement à ma Hiyam. Je pense seulement à la prendre dans mes bras. Et s'ils ne veulent pas que je la reprenne, je la marierais qu'ils le veuillent ou non. Ils n'auront plus leur mot à dire.
Je serre fortement le volant. Et en même temps que je roulais, je me souvenais de nos premières rencontres. Comme je regrettais de lui avoir fait du mal. Chaque fois que je voyais son poignée devenir bleue, à cause de la force de ma prise, j'en ressentais des remords intérieurement.
Mais je me persuadais du contraire. Je me persuadais que je ne sentais rien, parce que j'étais certain que mon cœur était mort. Et je ne pouvais rien ressentir si mon cœur est mort. Mais maintenant... maintenant, j'ai changé. Je suis devenu un autre homme.
Et je me promets qu'il n'y aura pas de paix pour moi, tant que Hiyam ne sera pas dans mon palais. Tant qu'elle n'est pas reconnu officiellement et par tous qu'elle est ma femme. Tant qu'elle n'est pas vu comme la Reine de Qena. Ma cheikha. Je te le promets, ma Hiyam, je ferais tout pour que tous nos rêves soient exaucés...
- Votre Altesse ! Crie une servante en courant vers moi. Votre Altesse, l'émir... l'émir est ici.
Mes yeux s'écarquillent. Il est réellement venu ? Sans plus attendre, je cours jusqu'à l'entrée. Et lorsque je le vois, je m'arrête directement. Il est là. Mon Seigneur, il est là.
- Reza... Chuchotais-je.
Cela ne fait même pas une journée que je suis partis du palais, et il est déjà là. Étonnement, il n'a pas l'air énervé.
- Qu'est-ce que tu fais là ? Lui demandais-je. Tu ne devrais pas...
- Je viens pour récupérer ma femme. C'est assez clair, non ? Me dit-il.
Mon cœur rate un battement. Non, il n'est pas énervé, il n'est pas déçu. Il est venu me chercher... je m'approche alors de lui.
- Reza, mon père a raison. Tu sais ce qu'en dit cette loi. Dis-je en soupirant. Ton peuple et mon peuple s'opposeront à nous. Et encore plus à toi.
Il s'approche alors et pose sa main sur ma joue, puis me la caresse avec son pouce.
- Ce qu'il y a entre nous, ne regarde que nous. Ni ton père, ni ton frère, ni nos peuples. Je te veux, Hiyam. Me dit-il. Je te veux, et tu me veux. En sachant cela, ne me demande pas de repartir comme si de rien n'était.
Je relève le regard vers lui. Et que se passera-t-il si nous faisons ce que nous voulons ? Je ne veux pas risquer le trône de mon père, ni celui de Reza. Quitte à vivre malheureuse. Reza m'a protégé,
et c'est à mon tour de le faire.
- Tu devrais... t'en aller. Dis-je doucement. Mon père s'énerverait de te voir ici.
Je lui tourne alors le dos pour m'en aller, mais il me rattrape par le bras et me colle contre son torse.
- Je voulais te le dire après notre mariage, mais si je ne le dis, je vais te perdre, alors... Dit-il doucement.
Il m'éloigne de lui pour que je puisse le regarder dans les yeux, et il pose ses deux mains sur mes joues.
- Hiyam... je t'aime. Me chuchote-t-il.
À ce moment-là, j'ai l'impression que mon coeur s'est arrêté. Il me l'a dit. Reza... m'a enfin avoué ses sentiments. Mais il ne s'arrête pas à la puisqu'il continue :
- Et en fait, je pense qu'aucun homme ne pourra jamais t'aimer comme moi. Je ne dis pas cela par pur arrogance, mais bien parce que tu as fais naître un nouvel homme en moi. Et la seule chose qu'il a connu depuis son existence est ton amour. Crois-moi, ton amour n'est pas qu'un bonus dans ma vie mais c'est littéralement sur quoi elle est bâtie. Tu es la seule femme qui est entré dans mon cœur, et je ne veux pas que tu en sortes. S'il te plaît, ne me condamne pas à une vie sans toi.
Il m'a ôté les mots de la bouche. Je n'arrive pas à y croire... j'ai l'impression de vivre dans un rêve, je...
- Laisse-moi t'aimer jusqu'à l'éternité, mon amour. Me dit-il doucement. Laisse-moi prendre soin de toi et te chérir.
Les larmes me montent aux yeux et un sourire se dessine sur mon visage. Comment puis-je le rejeter quand il me dit ce genre
de chose ? Je ne peux plus me retenir, alors je saute dans ses bras. Je le serre contre moi et il reserre mon étreinte. Mon Seigneur, qu'est-ce que je l'aime.
- Et pour te rassurer, depuis quelques temps déjà, des rumeurs circulent comme quoi nous sommes ensemble, et les gens de mon peuple étaient ravis. M'assure-t-il. Et les gens de ton peuple ne diront rien, parce que j'ai été à vos côtés durant cette crise.
Je hoche la tête. Je le crois. Je le crois entièrement.
- Pardonne-moi d'être partit sans te l'avoir dis. Dis-je doucement. Mais ça ne se reproduira plus. Je veux être avec toi pour l'éternité.
Il me sourit alors.
- Je vais aller parler à ton père, maintenant. Me prévient-il. Après ça, je prendrais une date pour le mariage, et ensuite, on retournera à l'émirat ensemble. D'accord, mon ange ?
Je hoche la tête, le sourire aux lèvres. Espérons seulement que mon père accepte... mais connaissant Reza, je sais qu'il n'abandonnera pas sans avoir eu ce qu'il veut. Et moi, je n'abandonnerais l'homme qui vient de me confesser son amour de la plus belle des manières.
REZA
Je rentre dans le bureau du roi, après que son garde m'y ait autorisé. Il doit sûrement être au courant de ma venue. Il était là, avec son fils Rayan.
- Cheikh Reza... Dit-il en soupirant. Vous êtes venus pour ma fille, n'est-ce pas ?
- Vous avez vu juste. Lui dis-je.
La place de Hiyam est à mes côtés, je suis reprendre ce qui m'appartient.
- Ma fille ne vous appartient pas ! Dit-il.
Je fais un léger sourire en coin. Sa fille m'appartient et j'appartiens à sa fille, mais ça, il ne peut pas le savoir.
- Vous connaissez les lois, vous savez que votre mariage est impossible. Dit-il fermement. Laissez ma fille. Elle trouvera quelqu'un qui lui est accessible et qui la mérite.
Je ris jaune. Il a de la chance d'être le père de ma dulcinée.
- Je suis la loi. Si j'ai décidé que Hiyam sera ma femme, alors elle le sera. Dis-je d'un ton autoritaire.
Son père me regarde d'un air ahuri. Si ça continue comme ça, je vais finir par kidnapper Hiyam.
- Et, je vous en fais la promesse, aucun homme ne pourra demander la main de votre fille. Lui dis-je en faisant un sourire diabolique. Soit votre fille restera célibataire jusqu'à la fin de sa vie, soit elle deviendra mon épouse. Il n'y a pas d'autres choix.
Surtout parce que je tuerais tous les prétendants qui oseront demander la main de ma femme. Mais inutile de le préciser.
- Je resterais dans le royaume jusqu'à que vous ayez pris votre décision. Dis-je doucement. Et je suis certain que vous choisirez le bonheur de votre fille, n'est-ce pas ?
Mais avant que je ne parte, je lève le regard sur le prince Rayan.
- Comme j'ai choisis le bonheur de ma sœur, et que je lui ai permis de se marier avec votre fils. Lui dis-je.
Mon beau-frère me sourit, reconnaissant. Je lui fais alors un signe de tête. Et c'est sur ces mots que je sors. Il prendra la bonne décision, j'en suis certain. Parce que je sais également qu'il est au courant que je ne réculerais devant rien. Si je dois attendre dix ans pour que Hiyam devienne ma femme, j'attendrais dix ans.
A suivre
