
16/05/2025
Scandale au Bénin
Le Libéral englué dans la corruption !
(Une quête de légitimité entachée)
28 millions pour un récépissé ? Richard Boni Ouorou arrêté, deux cadres du MISP suspendus. La BEF enquête sans relâche. Le scandale au ministère de l’Intérieur secoue le Bénin. La transparence politique est-elle en péril ? La politique béninoise, déjà fragilisée par des réformes controversées, vacille. La vérité doit éclater !
Par Yêdafou KOUCHÉMIN /nùdokàn
Un coup de tonnerre éclate dans l’arène politique béninoise. Richard Boni Ouorou, figure montante et président du parti Le Libéral, est derrière les barreaux. Avec lui, deux cadres du Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité Publique (MISP) croupissent à la Brigade Économique et Financière (BEF). Motif ? Une présumée affaire de corruption impliquant 28 millions de FCFA pour obtenir le récépissé provisoire du parti. Ce scandale, révélé ce jeudi, menace de redessiner le paysage politique à moins d’un an des élections générales de 2026.
Tout commence en août 2024. Le parti Le Libéral, porté par l’ambitieux Richard Boni Ouorou, dépose son dossier de déclaration au MISP. La procédure, régie par la charte des partis politiques, est stricte. Le dossier initial, jugé incomplet, essuie une série de retours. Pas moins de 65 pages d’insuffisances sont notifiées en septembre. Les mois passent, les corrections s’enchaînent, mais les obstacles persistent.
En avril 2025, après un congrès constitutif à Abomey-Calavi, Le Libéral obtient enfin son récépissé provisoire. Une victoire ? Pas vraiment. Derrière cette délivrance, des zones d’ombre émergent. Selon le ministre Alassane Séidou, un cadre de la Direction des Affaires Intérieures et des Cultes aurait proposé des « facilitations » à Ouorou contre une rétribution. Ce dernier aurait mordu à l’hameçon, versant des sommes colossales – 28 millions de FCFA, selon les rumeurs – pour graisser la patte des fonctionnaires. Un second cadre, de la Direction des Partis Politiques, aurait aussi été mouillé.
Le ministre, alerté par « des sources dignes de foi », n’a pas tergiversé. Les suspects, y compris Ouorou, sont interpellés. La BEF est saisie, les cadres suspendus. Une enquête rigoureuse est en cours. Ce dossier, loin d’être anodin, expose les failles d’un système où l’argent semble parfois primer sur la légalité.
Richard Boni Ouorou, l’icare de la politique béninoise ?
Ouorou, 49 ans, n’est pas un novice. Politologue, économiste, ancien collaborateur de Justin Trudeau au Canada, il s’est forgé une image de réformateur. Son retour au Bénin en 2023, après des années d’exil, a suscité l’enthousiasme. À la tête du mouvement Libéral, transformé en parti en avril 2025, il promettait une « démocratie réelle » et une gouvernance transparente. Ses discours enflammés à Parakou, Djougou ou Banikoara galvanisaient les foules.
Mais ce scandale ternit son aura. Accusé d’avoir versé des pots-de-vin, Ouorou voit son rêve de leadership s’effriter. Le Libéral, qui ambitionnait de bousculer l’échiquier politique en 2026, risque de s’effondrer avant même de décoller. Comment un homme prônant l’éthique a-t-il pu tomber dans un tel piège ? Était-ce un acte désespéré pour légaliser son parti, ou une pratique courante dans les coulisses du pouvoir ? Les Béninois attendent des réponses.
Le MISP dans la tourmente
Ce scandale n’épargne pas le MISP. Les deux cadres impliqués, figures clés de l’administration, jettent une lumière crue sur les dysfonctionnements internes. Comment des fonctionnaires ont-ils pu monnayer leurs services ? La question de la transparence dans l’enregistrement des partis politiques ressurgit avec force.
Le ministre Séidou, en réagissant promptement, tente de limiter les dégâts. Sa déclaration, lue ce 15 mai, est un modèle de fermeté. Mais elle soulève aussi des interrogations. Pourquoi le système a-t-il permis une telle dérive ? Le MISP, censé garantir l’intégrité des processus électoraux, doit désormais restaurer la confiance.
Un contexte politique explosif
Ce scandale s’inscrit dans un climat déjà tendu. À l’approche des élections de 2026, le Bénin est à un tournant. Le président Patrice Talon, au pouvoir depuis 2016, domine la scène politique. Les partis d’opposition, comme Les Démocrates, peinent à s’imposer. L’arrestation d’Ouorou, perçu comme une voix alternative, pourrait être interprétée comme une manœuvre pour étouffer la concurrence.
Pourtant, les faits sont têtus. Si la corruption est avérée, elle discrédite autant Ouorou que le système qu’il prétendait réformer. Ce dossier rappelle l’affaire Olivier Boko, où des proches de Talon ont été accusés de tentative de coup d’État en 2024. À chaque fois, la politique béninoise semble engluée dans des scandales qui sapent la foi des citoyens.
Et maintenant ?
L’enquête de la BEF sera cruciale. Si les 28 millions de FCFA sont confirmés, Ouorou risque une lourde peine. Son parti, à peine né, pourrait être dissous. Pour le MISP, ce scandale doit être un électrochoc. Des réformes s’imposent pour garantir l’intégrité des processus administratifs.
Au-delà des protagonistes, c’est la démocratie béninoise qui est en jeu. Les citoyens, lassés des promesses creuses, exigent des leaders irréprochables. Richard Boni Ouorou, jadis porté aux nues, doit maintenant répondre de ses actes. Le Bénin, lui, mérite mieux qu’un énième scandale.