18/01/2024
CHAPITRE 6
Habiba a réfléchi durant toute la nuit à une solution pour empêcher ce mariage qu'elle trouve dégoûtant et pas à son goût. Ce midi, elle est venue à la cuisine discuter avec sa mère.
Habiba : maa je veux te parler
Chioma : prend le mortier tu commences à piler les légumes ci
Habiba boude mais va faire ce que sa mère lui a demandé. Elle pile avec désinvolture
Chioma : je me demande comment tu feras chez ton mari tu n'aimes pas travailler
Habiba : voilà maman c'est justement de ça que je veux te parler. Tu sais que je ne suis pas posée tu dis toujours que je suis têtue et rebelle si je me comporte mal et mon mari me répudie vous serez déçus nor
Chioma : c'est une façon de me dire quoi la
Habiba : qu'il faut éviter que je me fasse répudier, ça va détruire notre belle réputation dans le village. Et la seule façon d'éviter ça c'est annuler le mariage
Chioma : je vois qu'il y a de l'eau dans ta tête hein. Habiba ne commence pas ce que tu veux faire la ne joue pas avec mes nerfs. Tu racontes quoi comme ça donc tu vas faire exprès de mal te comporter pour qu'il te chasse, essaie et tu me verras, ça c'est même quel genre d'enfant
Habiba : maman regarde comment je suis petite et regarde le vieux père là sûrement il meurt même bientôt
Sa mère a pris le pilon pour doser sur sa tête
Habiba : aiiiiii maman ça fait mal
Chioma : dis encore une sale parole je te casse la tête. Tu n'as même pas honte une vieille fille à 17 ans tu es encore chez tes parents tes égaux sont en mariage et ont déjà deux enfants. Regarde Maya c'est ta petite sœur elle est mariée elle se plaint ? Elle a quel problème tu n'est même pas encore dedans tu veux déjà sortir
Habiba : parce que tu crois que Maya est très heureuse, elle n'a pas le choix elle obéit à ses parents tout comme vous voulez le faire avec moi. C'est même grâce à moi qu'elle sourit ici si tu ne le sais pas
Chioma: parle moi bien hein je ne suis pas ton amie. À chacun son foyer tu vas te marier après-demain donc ne commence pas le désordre. D'ailleurs même tu sais qui est ton père tu peux faire ça avec moi mais pas avec lui.
Habiba : maman je ne refuse pas de me marier mon problème c'est le choix du mari maman toi même regarde le il n'a même plus les dents il est laid et vieux il est comme mon grand père
Chioma : n'exagère pas il n'est pas vieux et je te rappelle qu'il est bien solide. Avec lui tu seras à l'abri du besoin et peut-être même qu'il t'emmènera en ville, il va t'offrir des pagnes tu donneras ma part
Habiba : je ne te donnes rien
Chioma : ok fait comme tu veux mais tu iras là-bas. Quand tu seras heureuse tu vas me remercier. En passant commence à faire ton sac tu prends juste les vêtements encore en état. Tu as compris
Habiba : j'ai compris
Chioma : ok' s'il te plaît pile ça vite je vais mettre au feu tu fais comme si tu n'as pas les os.
Habiba est désespérée, elle n'a pas d'autre choix que d'accepter les consignes de ses parents. tant mieux. Après avoir aidé sa mère, elle est allée voir Maya dans sa chambre. Maya range ses habits qu'elle a retirés dehors sous le soleil.
Maya : tu fais une tête d'enterrement
Habiba se laisse aller sur le lit avec désespoir. Maya vient s'asseoir à ses côtés
Maya : ça ne va pas ?
Habiba : je croyais convaincre ma mère mais je n'ai pas pu. Je vais me marier
Maya: tu n'as pas le choix ça ne sert à rien de vouloir fuir, et qui sait peut-être que tu seras heureuse laba. Soit positive ça va aller
Habiba : ah je l'espère. Après tu viendras m'aider à faire mon sac
Maya : d'accord
Habiba : je ne suis pas contente mais c'est mon destin je ne peux que l'accepter
Maya : pour dire vrai nos parents ne devraient pas nous obliger à nous marier
Habiba : pourquoi tu dis ça, ça a toujours été comme ça
Maya : oui mais ce n'est pas la règle. Ils ne devraient pas choisir pour nous, normalement c'est à nous de faire nos choix, de choisir qui épouser, d'écrire notre histoire, notre destin. Chacun doit écrire son destin c'est comme ça
Habiba : hummm
Maya : est ce que tu sais que ailleurs dans les grandes villes les enfants vont à l'école, aucune jeune fille de notre âge n'est mariée
Habiba : c'est comme ça ailleurs ?
Maya : Bien sûr. Même ma grande sœur m'a dit ça, dans d'autres villes les filles vont à l'école jusqu'à elles travaillent dans les bureaux. Mais ici la place de la femme se résume à faire les enfants et rester à la cuisine. On lui impose tout elle n'a rien à dire, non ailleurs c'est pas ça
Habiba : mais pourquoi ils nous font ça ici, moi je croyais que c'était partout
Maya : jamais. Ici on vit selon les coutumes que je trouve villageoises, ancestrales et malsaines. Vraiment ça m'énerve
Habiba : mais c'est bien ailleurs hein. On devrait faire ça ici.
Maya : tu vois en ville les filles se marient elles portent des grandes robes blanches, son mari a un costume ils vont à la Mairie signer l'acte de mariage, après il y a une grande fête tout le monde est bien habillé. Or ici on vient vous donner les sacs de patates, d'ignames les coqs, chèvres et j'en passe et c'est tout hein, il y a même pas d'acte de mariage ni d'alliance. Devant la loi ce n'est pas légal tu n'es pas marié
Habiba : waouhhh je ne savais pas ça
Maya : attend je te montre un mariage en ville.
Elle va dans son sac et fouille jusqu'au fond elle sort un livre
Maya : ça c'est mon livre du cours moyen je le garde précieusement à cause des images qui sont à l'intérieur j'aime les regarder. Elle ouvre et fouille jusqu'à l'image qu'elle cherche.
Maya : regarde voici la mariée regarde comment elle est belle regarde sa grande robe blanche
Habiba : waouhhh donc c'est comme ça qu'on se marie en ville
Maya : oui c'est une grande fête. Et regarde la est ce que c'est une petite fille elle a presque le même âge avec son mari.
Elle tourne la page
Maya : ici c'est la fête regarde la décoration, les invités, c'est beau nor
Habiba : magnifique. J'aimerais me marier comme ça
Maya : moi de même cette image me fait trop rêver.
Habiba : il y a d'autres photos ?
Maya : oui oui il y'en a tellement. Tiens par exemple ça c'est le stade de la capitale
Habiba : mais c'est grand hein c'est comme tout le village
Maya : Hahaha ça s'appelle le stade Ahmadou Ahidjo
Habiba : c'est qui celui là ?
Maya : c'était le premier président du pays
Habiba : ah et le deuxième c'est qui ?
Maya : ekieeee tu ne connais pas ton président ?
Habiba : il me connait aussi ?
Maya : hahahaha
Habiba lui prend le livre entre les mains et Feuillette
Habiba : eh ça c'est la route. M***e il ya beaucoup de voitures comme ça
Maya : on appelle ça l'auto route je crois que c'est sur l'axe lourd Douala Yaoundé
Habiba : mais tu connais hein
Maya : c'est écrit la nor. Ah oui tu ne sais pas lire dommage
Habiba : attend je m'installe pour bien regarder. Ça me plaît trop pourquoi tu ne m'a pas montré ça depuis
Maya : je ne savais pas que ça pouvait t'intéresser.
Habiba se couche pratiquement pour mieux feuilleter le livre, à chaque image elle sourit, elle est émerveillée
Habiba : ça donne envie d'aller voir
Maya : ah oui. Quand ma sœur me raconte comment est la ville, je suis toute émue. J'ai juste envie d'aller là-bas. Nous sommes dans le trou ici
Habiba : hummmm.
Un enfant est venue appeler Maya
Maya : j'arrive, Habiba ton père m'appelle s'il te plaît ne sort pas avec ce livre si ton père voit ça il va brûler
Habiba : qu'il est fou c'est son livre? stuippp
Maya : je te dis seulement
Elle est partie pour le salon de son mari. Ses deux autres coépouses y sont déjà bien assises
Maya : tu m'as appelé baba
Papa Diallo : oui je voulais vous parler par rapport à la dote de Habiba. Monsieur Takam me fait savoir qu'il ne sera pas seul, donc il faudra faire à manger pour les recevoir. Chioma tu vas t'occuper de ça je te donnerai de l'argent et tu vas répartir avec tes coépouses et leur dire quoi préparer. Chacune fera un repas. C'est tout
Sessimé : il faut qu'on discute tous ensemble sur le menu c'est pas elle qui va nous imposer un menu
Papa Diallo : ce n'est pas mon problème faites comme vous voulez mais je veux trois repas.
Sessimé : bien vouloir tenir compte de mon état je ne peux rien faire de fatiguant
Chioma : je sais Sessimé contrairement à toi je suis humaine
Sessimé : hummmm
Papa Diallo : si c'est bon ça va
Chioma : demain on ira faire le marché, comme ça après demain le matin on commence les préparatifs puisqu'ils vont venir le soir
Papa Diallo : ca me semble une bonne idée
Maya : j'approuve aussi
Sessimé : moi je pense que…
Chioma : arrête, je n'ai pas demandé de penser tu veux toujours parler ou tout est clair même si tu n'as rien à dire
Sessimé : mais laisse moi parler pourquoi tu m'étouffe. Baba parle à ta femme ohh je n'aime pas le mepris
Papa Diallo : wookooo
Chioma : baba si tu as fini je peux aller dans ma case
Papa Diallo : oui j'ai fini
Elle s'est levée pour partir et Maya l'a suivi
Sessimé : baba je suis fâchée, tu ne m'aimes pas. Ah oui j'ai la preuve que tu ne m'aimes pas je ne sais même pas pourquoi tu m'as épousé. Je vais te donner notre 3e enfant, tu penses que c'est petit ?.et Maya tu sais même si elle va accoucher un jour ?
Papa Diallo : tu es arrivé laba comment ? C'est toujours le même problème ou quoi ?
Sessimé : je ne suis pas fière de toi baba tu me néglige beaucoup et ta femme en profite pour me narguer
Papa Diallo : tu es très nerveuse va t'habiller on va sortir se balader un peu
Sessimé : ah bon on va se balader ?
Papa Diallo : oui oui vas-y tu es ma chérie je te l'ai toujours dit mais calme toi souvent c'est tout ce que je te demande. vas-y je t'attends
Sessimé est contente, elle court pour aller dans sa chambre se changer. Son mari n'a pas l'habitude de sortir avec ses femmes donc quand il le fait il faut en profiter.
Maya arrive dans sa chambre, Habiba dort avec le livre ouvert. Elle sourit et ressort' elle s'est assise dehors. Son mari passe avec Sessimé accroché à son bras
Papa Diallo : Maya j'emmène Sessimé se détendre un peu tu as besoin que je t'apporte quelque chose ?
Sessimé : pourquoi ? Le jour où tu vas sortir avec elle tu vas lui payer ce qu'elle veut mais aujourd'hui c'est moi et moi seule
Maya : non baba merci Sessimé en a plus besoin que moi
Papa Diallo : d'accord. Euhh en passant tu as vu Habiba ?
Maya : oui elle dort chez moi
Papa Diallo : d'accord
Ils sont partis, Sessimé se tourne pour toiser Maya.
Maya : elle me fait rire cette f***e si elle pouvait savoir comment je me moque qu'elle parte en balade avec lui. Si elle pouvait même le garder éternellement moi ça m'arrangerait stuippp.
Chioma : tu parles seule ?
Maya : ah non c'est Sessimé qui me nargue parce qu'elle va en balade
Chioma : ah ok. Habiba est ou.?
Maya : elle dort ne l'a réveille pas
Chioma : je lui ai demandé d'arranger son sac, elle n'a rien fait. Cet enfant est têtue Maya je ne sais même pas si tu lui parles souvent. Toi qui est sa petite sœur tu es plus mâture qu'elle je me demande si elle va s'en sortir dans ce mariage
Maya : ah moi je n'ai pas de problème avec elle. C'est vrai qu'elle est un peu f***e mais j'aime ca
Chioma : stuippp vous êtes pareils. S'il te plaît parle lui, encourage la à se marier dis lui comment elle sera heureuse laba tu vois un peu
Maya : ok je le ferais
Chioma : merci. Je pense qu'elle t'écoute plus. Je vais aller moi même trier ses habits
Elle est partie.. quelques heures après Habiba s'est réveillée, elle est sortie en se tirant
Habiba : m***e j'ai dormir hein
Maya : ta mère t'a cherché
Habiba : j'ai rêvé que j'étais en ville je me mariais dans la grande robe là
Maya : heureusement que ce n'est qu'un rêve.
Habiba : ah oui. Mon père t'appelais pourquoi
Maya : par rapport à la dot il faut qu'on s'organise pour préparer
Habiba : ok ohh. Je te laisse alors à demain seulement
Maya : d'accord à demain
Elle est partie Maya est entrée garder son livre. Habiba arrive dans sa chambre elle trouve ses habits sur le lit
Habiba : maaa qui a mis mes habits ici
Chioma : c'est moi j'ai trié tu vas mettre dans ton sac
Sa mère est arrivée
Chioma : le pagne qui est sur la table la c'est ce que tu vas porter
Habiba : ok.
Chioma : j'ai aussi pensé à te donner un sac tissé que tu vas offrir à ta coépouse
Habiba : pourquoi ?
Chioma : en signe de bienvenue
Habiba : c'est moi qui vient ou c'est elle. C'est à elle de me souhaiter la bienvenue pas à moi. Je ne lui offre rien du tout
Chioma : tu es vraiment très mal élevée
Habiba : tu parle comme si c'était le voisin qui m'avait élevé
Chioma : Vraiment hein ça n'en vaut pas la peine. Je ne sais pas à qui tu ressembles avec ton comportement là. Range moi ses habits. Ton sac doit être prêt ce soir demain tu n'auras pas le temps on ira au marché
Habiba : ok
Maya est toujours dehors, Sessimé est revenue avec son mari elle tient un plastique en main sûrement des achats elle va dans sa case et revient étant nerveuse
Sessimé : Maya pourquoi mes enfants sont sales tu ne les as pas lavé pourquoi
Maya : tu t'adresses à moi ?
Sessimé : il ya deux personnes ici ? comment tu peux les laisser comme ça regarde comment ils sont comme des petits cochons
Maya : mais tu as dis qu'on ne touche pas à tes enfants tu voulais que je désobéisse et tu me traite de méchante. moi j'ai lavé les enfants de Chioma c'est tout
Sessimé : merci beaucoup je vois votre cœur dans cette concession ok j'ai compris que vous ne pouvez pas m'aider merci sache que ton tour arrive je ferai pareil stuippp
Elle est partie
Maya : wandafull la fille ci n'a pas toute sa tête. J'espère que c'est la grossesse qui lui fait perdre la tête.
Elle s'est levée pour entrer et a fermé sa porte. Il ne manque plus que quelques heures pour que Habiba s'en va, elle se sent déjà seule.
Le lendemain elle s'est vite réveillée pour faire sa toilette, pendant qu'elle cherchait quoi se mettre Habiba est entrée et a fermé la porte
Habiba : il faut qu'on parle (en chuchotant)
Maya : c'est quoi il y a un problème ?
Habiba : ne parle pas fort. J'ai pris une décision je ne vais pas me marier et tu sais pourquoi ?
Maya : non dis moi pourquoi
Habiba : parce que je vais partir en ville avec toi
Maya : pardon ? Attends tu dis quoi ?
Habiba : Maya j'ai beaucoup pensé à la conversation qu'on a eu hier et ça m'a parlé. Notre place n'est pas ici Maya on doit partir
Maya : je suis vraiment désolée que ce que j'ai dis a pu te mettre cette idée que je trouve tordue en tête mais Habiba ce n'est même pas envisageable, on ne peut pas quitter le village comme ça je suis mariée tu imagines un peu les retombés
Habiba : Aka laisse ça. Tu parles de quel mariage, Toi même tu as dis que ce n'est pas légal ça ne compte même pas, tu as dis que ce qui se passe ici n'est pas normal ailleurs on ne vit pas comme ça. Maya moi je ne veux pas passer toute ma vie dans ce trou je veux découvrir d'autres endroits je veux voyager je veux vivre comme une fille de mon âge et toi aussi c'est ce que tu veux tu n'es pas heureuse ici, ton corps est la mais ton esprit est ailleurs, et tes projets que fais tu de ça ? Tes ambitudes ou c'est ambi quoi la (Maya sourit) tu fais quoi de ça. Tu ne veux plus devenir médecin ? Maya tu ne veux pas écrire ton destin toi-même ?
Maya : hummm on dit ambitions et non ambitudes, ce que tu dis est vrai j'ai envie de faire tout ça mais Habiba nous avons nos coutumes et quand tu désobéis aux parents on te renie, mon père va me renier et le tiens aussi, en plus on ne connait personne en ville on va faire quoi il ya beaucoup de paramètres en jeu
Habiba : je ne m'inquiète pas du renie, on dit quoi ?
Maya : hahahaha on dit reniement
Habiba : moque toi toujours de moi je m'en fou. Je n'ai pas peur du reniement de mon père c'est son problème moi je veux partir. Tu as dis que la ville est grande donc on ne va pas manquer quoi faire, où chez qui aller ma copine binkou est Là-bas elle peut nous aider.
Maya : je ne sais pas c'est une décision difficile à prendre j'ai besoin de réfléchir
Habiba : d'accord. Mais sache que je vais partir ce soir donc avant de dormir tu me donnes ta réponse. Je vais aller voir un ami son père à la moto il viendra me chercher la nuit pour me déposer à la gare
Maya : tu as de l'argent ?
Habiba : non mais je sais où prendre l'argent de mon père. J'espère vraiment que tu viendras avec moi. Imagine nous en ville c'est pas beau ?
Maya : oui c'est très beau. Je vais te revenir le soir laisse moi réfléchir je ne peux pas prendre une décision pareille sur un coup de tête
Habiba : ok. Après alors moi je suis devant
Elle est sortie.
À suivre....