14/06/2025
On dit tant de choses sur le courage...
C’est drôle, tu sais ? Le courage, tout le monde en parle. On le sculpte dans le marbre des statues, on le peint dans les livres d’histoire, on le chante comme une gloire. Mais qui sait vraiment ce qu’est le courage ? Qui peut dire qu’il l’a touché, qu’il l’a senti couler dans ses veines au moment où tout s’écroule ?
Je vais te dire une chose… Ce qui définit le courage… c’est la peur. Oui, la peur.
Parce qu’un homme qui n’a pas peur… n’est pas courageux. Il est inconscient. Ou fou. Le courage, ce n’est pas l’absence de peur… c’est la décision de l’affronter, de la regarder droit dans les yeux, même quand elle t’arrache les entrailles, même quand ton cœur tape contre ta poitrine comme s’il voulait s’enfuir sans toi.
J’ai vu des hommes forts s’effondrer. Des géants à genoux. Pas parce qu’ils étaient faibles… mais parce qu’ils avaient quelque chose à perdre. C’est là que la peur naît. Quand tu as quelque chose à perdre.
Les lâches… ah, les lâches… Ils n’ont pas peur de l’enfer, non. Ils ont peur de perdre leur propre vie. Ils s’agrippent à leur souffle comme à un trésor. Ils tremblent à l’idée de disparaître… comme si exister suffisait.
Mais moi, j’ai connu une peur plus grande. Une peur qui ne s’éteint pas avec la mort…
Une peur qui te ronge même quand tu es encore debout. Tu sais ce que c’est que de voir quelqu’un que tu aimes partir… et de savoir qu’il ne reviendra jamais ? De rester là, figé, incapable de rien faire… et de sentir ce vide… ce trou noir… aspirer toute lumière en toi ?
Je n’ai pas eu peur de mourir. Non. J’ai eu peur de ce que la mort emporte…
Peur de l’oubli.
Peur du remords.
Peur de survivre à tout ça.
Quand ta peur va au-delà de la mort, tu changes. Tu vois des choses que les autres ignorent. Tu comprends ce qu’est le mal. Pas celui qu’on montre dans les films… pas le mal caricatural du bourreau ou du tyran. Le vrai mal. Celui qui te murmure à l’oreille quand tu es seul. Celui qui s’insinue dans ton cœur et te pousse à te haïr toi-même.
Le mal… c’est ce qui reste quand tout est brisé. Quand il ne reste que la douleur… nue. Pure.
J’ai compris ce jour-là que ce qui est perdu… l’est à jamais. Il n’y a pas de retour. Pas de miracle. Pas de seconde chance. Le temps, lui, il ne regarde pas en arrière. Il écrase. Il passe. Il te laisse debout, seul, à ramasser les cendres de tes erreurs.
J’ai vu mourir des sourires…
J’ai vu la lumière s’éteindre dans des yeux que je chérissais…
Et je suis resté. Je suis resté là… vivant.
Pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi ai-je survécu alors qu’eux… ?
Et c’est là… c’est là que j’ai compris…
Il y a des choses pires que la mort.
Bien pires.
Vivre sans eux…
Vivre avec la mémoire…
Avec la culpabilité…
Avec les silences…
Avec les nuits sans sommeil, quand les souvenirs se lèvent comme des fantômes, plus réels que la réalité elle-même.
Alors non, ne me parle pas de courage comme si c’était une médaille. Ne me cite pas ces héros fabriqués à coups de propagande. Le vrai courage… c’est de se lever le matin quand tout en toi te dit de rester couché. C’est de sourire quand ton cœur est en lambeaux. C’est de tendre la main… même tremblante. C’est de continuer… même quand tu ne sais plus pourquoi.
Je n’ai pas toujours été courageux. J’ai fui, parfois. J’ai menti. J’ai trahi. J’ai eu peur. Oui, j’ai eu peur. Peur de perdre, peur de souffrir, peur d’aimer à nouveau…
Mais j’ai tenu bon. Pas parce que je suis fort. Parce que j’ai appris. Parce que j’ai souffert. Parce que je n’avais pas le choix.
Aujourd’hui… je ne suis plus un lâche. Je ne suis pas non plus un héros.
Je suis un survivant.
Un homme qui a regardé la mort dans les yeux… et qui a vu bien pire derrière elle.
Un homme qui sait que le vrai combat ne se livre pas à l’extérieur, mais dans l’ombre de son âme.
Un homme qui marche encore, même les jambes brisées, parce qu’il croit… quelque part… qu’il reste encore quelque chose à sauver.
Tu veux savoir ce qu’est le courage ?
Le courage…
C’est de continuer d’aimer…
Alors même que tu sais que tu peux tout perdre.
C’est de tendre la main à un monde qui peut te la broyer.
C’est de garder l’espérance… quand tout te pousse au désespoir.
Oui… il y a des choses pires que la mort.
Mais tant que je respire…
Tant que je peux me souvenir…
Tant que je peux parler…
Je leur dois ce courage-là.
Et je me le dois aussi.