07/08/2025
(Quand l’amour défie la misère et le destin)
4 – L’enfant miracle et le début de l’ascension
Quelques mois après leur mariage, Awa commença à ressentir des vertiges, une fatigue inhabituelle et des nausées. Au début, elle pensait que c’était la chaleur ou les efforts du marché. Mais au fond d’elle, elle savait.
Un matin, elle attendit Karim devant leur cabane, les yeux brillants.
— Je crois que je suis enceinte, dit-elle doucement.
Il resta un moment sans voix. Puis, lentement, un sourire fendit son visage, le genre de sourire qu’on ne fait qu’une fois dans une vie. Il la serra contre lui, fort.
— Tu m’as donné la plus grande richesse du monde.
La grossesse fut difficile. Awa tombait souvent malade, et leurs revenus ne permettaient pas les soins réguliers. Karim se battait plus que jamais. Il acceptait les travaux les plus rudes, transportant des sacs de ciment deux fois plus lourds que lui. Son dos pliait, mais son cœur tenait bon.
Le jour de l’accouchement, il n’y avait ni clinique, ni sage-femme diplômée. Juste une matrone du village, une lampe tempête, et des prières silencieuses. Le travail dura toute la nuit. Puis, à l’aube, un cri perça le silence.
— C’est une fille ! annonça la vieille femme.
Awa, épuisée, souriait malgré la douleur. Karim, debout près du lit, les yeux embués, prit l’enfant dans ses bras.
— On l’appellera Zéna, parce qu’elle est née dans l’ombre mais porte la lumière.
À partir de ce jour, les choses commencèrent à changer. Comme si le destin lui-même avait décidé de récompenser leur patience.
Un entrepreneur pour qui Karim travaillait remarqua son courage et son sérieux. Il lui proposa un contrat stable, mieux payé. Avec ses premiers vrais revenus, Karim acheta des planches, des clous, et fabriqua une échoppe. Awa, elle, y installa ses épices, ses condiments et un petit comptoir en bois.
Les clients affluaient, attirés autant par ses produits que par son sourire accueillant. Leur échoppe grandit. Karim y ajouta un auvent, puis deux étagères. Awa engagea même une cousine pour l’aider. Petit à petit, le couple sortait de la misère.
Ils ne roulaient pas sur l’or, mais ils mangeaient mieux. Ils vivaient dans une maison en dur. Zéna grandissait, rieuse, vive, aimée.
Et le soir, quand le village dormait, Karim prenait la main d’Awa, et lui murmurait :
— Tu vois ? On a tenu bon. Et regarde ce qu’on a bâti… ensemble.
Elle souriait, posant sa tête sur son épaule, le cœur plein d’un bonheur simple et solide.
Mais parfois, dans le silence de la nuit, une étrange brise soufflait sous leur toit. Un frisson léger. Comme une ombre en attente…
H Rodrigue