21/06/2024
🔴TITRE: Mahuna la fille qui travaillait trop🔴
: 2
Aussi intelligent, une belle et tres attachee a sa mere, Mahura n'avait qu'un
defaut: elle travaillait trop.
Chaque soir, a la meme heure, Mahura sortait son grand
mortier de la case maternelle et piiait, ecrasait, broyait les grains
de mil et les racines de manioc. Elle pilait, pilait, inlassablement.
Mais le pilon etait long, si long, que chaque fois qu'elle le sou
levait, il venait cogner douloureusement le front du Ciel.
« Oh ! pardon, Ciel ! s'excusait-elle. Veux-tu te pousser un
peu ? Je n'ai pas assez de place pour mon pilon. »
Et le Ciel, maugreant et se frottant la bosse qu'il avait au
front, se haussait un peu.
Mahura poursuivait sa besogne. Un, deux, trois coups de
pilon !
« Ah ! pardon, Ciel ! s'exclamait la jolie fille toute a son
ouvrage. Pousse-toi encore, veux-tu ? »
Et le Ciel de se hausser encore, aussi furieux qu'embarrasse :
que faire, en effet, contre une fille qui travaille avec tant
d'ardeur ?
Mahura, quant a elle, pilait toujours. Et plus elle pilait, plus
le pilon s'al!ongeait, s'allongeait, et heurtait le Ciel qui s'eloi
gnait chaque soir un peu plus, emportant avec lui ses fils,
les Nuages facetieux, et sa fille, la Pluie, qui pleurait, qui
pleurait...
Tous les jours, la meme scene se renouvelait. II n'en pouvait
vraiment plus, le Ciel ! Son front etait tout bossele et tumefie
par le pilon de Mahura.
Un soir, il resolut d'en finir. II venait de recevoir tant de
coups qu'il se facha !
« Ah, tenez, je vous abandonne ! Prenez-la donc, votre Terre,
et gardez-la pour vous ! La ou je vais, foi de Ciel, jamais pilon
ne m'atteindra ! Adieu ! »
Rappelant alors a lui les myriades de petits nuages et la Pluie.