20/10/2025
Lorsque vous serez en train de lire cette lettre, je serai certainement en train de faire mon entrée dans la prison civile de Ouidah, qui devient dès aujourd’hui ma nouvelle demeure pour les dix prochaines années.
Et avant de perdre définitivement mon droit d’utiliser un téléphone, je voudrais vous laisser ces quelques phrases pour vous expliquer mon histoire et surtout vous sensibiliser.
Je m'appelle Elvis Presley.
Ma vie vient de basculer, et mon avenir vient d’être enfermé entre quatre murs pour les dix prochaines années.
Tout a commencé avec une histoire d’amour, une histoire simple, sincère qui visait le mariage.
J’étais en relation avec une fille que j’aimais profondément.
Nous sortions ensemble depuis un peu plus d’un an. Elle était douce, gentille, et on se voyait souvent. Ses parents ne savaient pas encore vraiment qu’elle sortait avec quelqu’un,
Et moi, je prévoyais d'aller les voir un de ses jours.
Le mois dernier, je lui ai proposé de venir passer un week-end chez moi.
C’était censé être un moment de détente, juste pour nous deux.
Elle a accepté, toute souriante, et elle est venue le vendredi soir.
Tout s’est bien passé. On a mangé, ri, regardé des films et même fait l'amour.
Le samedi, vers 21h, on a décidé de sortir un peu, prendre de l’air, aller au bord de la route acheter à manger.
Elle m’a dit qu’elle voulait se préparer pendant que je sortais chercher quelques trucs.
Je suis parti à peine 20 minutes.
Quand je suis revenu, elle était allongée au sol, inerte. J’ai tout lâché. J’ai crié son nom, j’ai essayé de la réveiller. Rien.
J’ai paniqué. J’ai immédiatement appelé les secours, puis la police.
Quand ils sont arrivés, ils ont constaté le décès. On m’a demandé ce qui s’était passé, j’ai tout raconté.
Mais très vite, les regards ont changé.
Les murmures ont commencé.
Et avant même que je comprenne, j’étais déjà menotté.
Ils m’ont conduit au commissariat pour « audition », mais très vite, c’est devenu une garde à vue.
J’ai passé trois jours dans une cellule froide, à pleurer, à prier, à ne pas comprendre ce qui se passait.
Et c’est là que le pire est arrivé : les parents de la fille sont venus.
Pas pour chercher à comprendre.
Pas pour savoir ce qu’il s’est réellement passé.
Mais pour me détruire.
Ils ont dit qu’ils ne me connaissaient pas et qu'ils n'avaient jamais entendu parler de moi comme copain de leur fille et qu'aucun des frères et soeurs de ma petite amie ne me connaissaient également et ils avaient vraiment raison, je ne connaissais aucun autre membre de sa famille.
Qu’elle n’avait jamais dormi dehors.
Et qu’il était donc impossible qu’elle soit morte chez moi
« sans que je sois responsable ».
Le reste, vous le devinez.
Procès. Accusation de meurtre. Avocat commis d’office. Témoignages contradictoires. Et moi, seul, face à tout le monde.
Je criais mon innocence, mais personne n’écoutait.
Le juge a tranché : dix ans d’emprisonnement ferme.
Je n’ai plus pleuré. J’ai juste senti quelque chose mourir en moi.
Je repense sans cesse à ce samedi soir. À ce corps sans vie. À ce regard que je n’oublierai jamais.
Et à cette erreur qui
m’a coûté ma liberté : recevoir une fille chez moi sans que ses parents ne sachent.
Je ne sais pas ce qui s’est réellement passé. Peut-être une crise cardiaque, une hypoglycémie, une fatigue, je ne saurais le dire.
Mais je sais que, désormais, c’est moi qui paie.
Pas seulement avec des larmes.
Mais avec des années. Dix longues années.
Alors à vous, les jeunes, qui lisez cette lettre, je vous en supplie : apprenez de mon erreur.
Ne laissez jamais une fille venir dormir chez vous si ses parents ne sont pas au courant ou si un membre de sa famille ne vous connaissent pas également.
Ne vous laissez pas emporter par l’amour au point d’oublier la réalité.
Parce qu’en un instant, un simple moment d’insouciance peut devenir une tragédie.
Et quand la société vous jugera, croyez-moi, elle ne vous fera aucun cadeau.
Aux filles aussi, je veux parler :
Quand vos parents vous demandent où vous allez, dites-leur la vérité. C'est pas pour vous contrôler vee
L’amour n’est pas un crime, mais le mensonge, lui, peut détruire plusieurs vies.
Soyez prudentes. N’allez pas dormir chez un homme sans que votre famille soit informée.
Parce que si un malheur arrive, vos proches chercheront un coupable. Et ce coupable, ce sera lui.
Aujourd’hui, je ne cherche plus à ouiprouver quoi que ce soit.
Je ne cherche plus à convaincre personne.
Je vais simplement purger ma peine, avec dans le cœur une douleur que je ne souhaite à personne.
Si un jour cette lettre parvient à quelqu’un qui est amoureux, qu’il la lise deux fois avant de laisser son cœur décider sans la raison.
L’amour, c’est beau.
Mais dans notre société, l’amour sans prudence peut vous coûter la liberté.
Je vous écris ces mots du fond de ma cellule, avec un téléphone que je vais bientôt devoiru remettre.
Et je me dis juste : si au moins cette histoire peut servir à éviter un autre drame, alors mes dix années ne seront pas totalement perdues.
Prenez soin de vous, aimez-vous, mais soyez prudents.
Parce qu’une seule nuit peut suffire pour que votre vie ne soit plus jamais la même.
Signé :
Un jeune condamné à Ouidah.
Lu pour vous
Etêkadié
