19/07/2025
LES NOCES DE CENDRES !
« le Savaient-ils ? Qui pleuraient plus qu’ils ne riaient, qu’ils riaient à plus qu’ils ne pleuraient. »
Gilbert Doho, Noces de cendres.
La plupart d’entre vous ne connaissent pas Gilbert Doho, un grand écrivain et dramaturge camerounais, décédé il y a deux ans aux États-Unis.
Un écrivain hors pair, qui savait, de par sa plume, dessiner le drame dans une robe sensuelle noire.
Gilbert Doho est mort dans le silence le plus absolu, un génie réduit en cendres, une mémoire oubliée, une part de l’histoire camerounaise balayée.
Hier, j’ai vu que vous vous disputiez pour savoir qui sera le prochain président. Vous en êtes encore là ? Enfants à la quiétude inquiète…
Vous devriez rendre à ce pays toute sa souveraineté, toute sa grandeur, surtout sa dignité.
Chaque sept ans, pour un jour seulement, vous avez les dirigeants à vos pieds, suppliant le peuple de leur accorder une grâce pour pouvoir mener son destin pendant sept ans encore.
Et vous vous disputez, au lieu d’être exigeants, au lieu de demander aux candidats : « Vous nous demandez de faire quelque chose pour vous, mais qu’est-ce que vous allez faire pour nous ? »
Mais je vous vois débattre comme des poissonnières sur des choses inutiles.
« Jamais un Bamiléké ne sera président ! », disent certains.
« Jamais les Bassas au pouvoir ! »
« Non, pas les anglophones ! »
Vous oubliez que quand le sort s’abat sur nous, il ne veut pas savoir la couleur de nos terres. Quand il n’y a pas d’électricité, ça ne choisit pas de quartier. Aujourd’hui, la CAMWATER n’existe plus. Ce sont vos enfants qui périront de typhoïde, de malaria. Certains n’auront jamais d’enfants à cause de plusieurs facteurs socio-économiques, d’autres enfants ne survivront pas cette journée à cause des couveuses défaillantes, des médecins trop chers et mal payés, des hôpitaux qui ressemblent à des tombes.
Et ça, le destin s’en fout de votre ethnie. Il frappe.
Quand vous tenez des propos tribaux dans un pays comme le Cameroun, où le métissage est flagrant et naturel, vous oubliez que ce pays est trop uni pour qu’on brandisse le tribalisme comme la pomme de discorde. Cet argument n’est que du pain béni pour ceux qui veulent se maintenir au pouvoir.
Vous nourrissez juste, de votre colère, le Moloch affamé à la tête de votre pays, avec la division.
À un moment, nous devons tomber d’accord sur l’homme qui va diriger ce pays. Nous ne jugerons pas la taille de ses co****es, ni la couleur de sa peau, mais par la pertinence de son programme politique et la vision du futur.
Le Cameroun est trop brisé, brisé jusqu’à l’esprit. Nous avons besoin d’une thérapie. Nous voulons encore nous regarder dans la glace et lever la tête face aux autres.
Nous sommes devenus un ancien peuple. Ce Cameroun des grands hommes…
Nous le savons les Camerounais, vous le savez tous au fond : ce n’est pas de ce Cameroun-là que nous rêvions. Mais sachez-le pour la suite : ce n’est pas de notre faute, c’est eux qui nous ont rendus fous.
Aujourd’hui, nous avons soif d’un nouveau pays.
Sept ans encore pour le vieux pouvoir, et nous assisterons aux noces de cendres de ce pays.