Ian & Frank

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𝐆𝐮𝐢𝐥𝐥𝐚𝐮𝐦𝐞 𝐃𝐮𝐥𝐮𝐝𝐞 𝐞𝐭 𝐥𝐞 𝐠𝐫𝐚𝐧𝐝 𝐜𝐢𝐫𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐮 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐞𝐧𝐬𝐮𝐬 𝐦𝐨𝐮Par Samuel Rasmussen, sur PiluleRougeDans la dernière semaine, l’ent...
12/11/2025

𝐆𝐮𝐢𝐥𝐥𝐚𝐮𝐦𝐞 𝐃𝐮𝐥𝐮𝐝𝐞 𝐞𝐭 𝐥𝐞 𝐠𝐫𝐚𝐧𝐝 𝐜𝐢𝐫𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐮 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐞𝐧𝐬𝐮𝐬 𝐦𝐨𝐮

Par Samuel Rasmussen, sur PiluleRouge

Dans la dernière semaine, l’entrevue de Mathieu Bock-Côté à « Tout le monde en parle » a fait couler beaucoup d’encre et creuser un fossé entre « les clans ». Dulude lui-même le concède : « ça a augmenté, évidemment, la division sociale, le clan de la droite et le clan de la gauche ». Mais au lieu d’alimenter le débat, ce pourfendeur de la polémique a choisi la voie la plus « sage » qui soit : édulcorer chaque controverse. Son jugement? Avant tout, ne pas fâcher. Résultat? Un commentaire d’une mollesse confondante, bardé de la novlangue du « pas de vague ».

L’analyse sans aspérité de Dulude

Guillaume Dulude n’est pas venu pour en découdre. Dès le début, il prévient qu’il redoute les débordements : « je ne favorise pas la polarisation ou la division sociale ». Autrement dit, basta les grands mots et les vrais enjeux. Questionné sur un sujet brûlant, il se rabat sur une thermos de consensus tiède. Il « joue de mot » pour ne froisser personne, répète qu’il ne verra pas l’intérêt de discuter, et promet de ne pas mettre « l’emphase sur l’aspect politique ». Plus explicite encore, il dit tout net : le vif du sujet, « je ne le mettrai pas… je ne reviendrai pas » dessus. L’homme renonce donc d’avance à prendre position ; comme s’il fallait protéger le Québec fragile de la moindre réflexion qui pique.

Un autre exemple de sa langue de coton : pourtant averti que l’émission risquait de devenir un pugilat, Dulude bénit l’effet « pacificateur » de l’équipe en coulisses. Son mantra? Encourager des « arguments qui font du sens des deux côtés » afin d’« inhiber les dérapages, la polarisation ». Sauf que sur le plateau, bingo : c’est tout le contraire qui se produit. Plutôt que d’affronter la controverse, les animateurs se jettent dans l’humour et les poncifs. Dulude s’en inquiète comme si c’était un tour de passe-passe programmé : « une personne qui a peur de la conversation… va vouloir ralentir la conversation ». Son idéal? Qu’aucun intervenant ne dépasse les bornes. Son plan d’action? Trier les mots au cadmium pour ne surtout pas heurter. Bref, on zappe le vif du sujet. Comme il l’affirme sans honte : « Je ne souhaite pas ça, je souhaite qu’il y ait une vraie conversation » (c’est-à-dire, du débat, mais très soft).

Le consensus mou, ou l’art de ne surtout rien choisir

Cet exercice d’équilibriste plaît bien à Dulude. Car en arrière-plan, on devine sa véritable conviction : toute friction lui donne de l’urticaire. Il répète en boucle qu’il « n’en voit pas la pertinence » de prendre parti, tant ça « va augmenter la polarisation ». En gros, il préfère se pavaner en conciliateur insipide qu’en penseur engagé. Par sa posture, il incarne cette « culture du consensus mou » où l’on préfère la diplomatie aseptisée à la courageuse confrontation des idées. Rien ne doit déplaire, surtout pas l’opinion de quelqu’un.

Résultat : le débat public québécois en prend un sérieux coup de jeune… en moins. Plus de bourdonnement poli que de true clash. Même la question du Grand Remplacement ou de l’« islamophobie » (débats explosifs ailleurs) devient ici un sujet traité à la louche et renvoyé aux calendes (Dulude confesse d’ailleurs benoîtement qu’il ne juge pas utile de réactiver ces vieilles questions, préférant dire qu’il « ne considère pas [que le terme Grand Remplacement] soit tellement usé… qu’il n’est plus utilisable aujourd’hui »). Pour citer Facal, ce sont des « arguments très faibles » qui circulent chez ces joueurs du chacun-son-mot.

Le pompon : pour Dulude, même l’émission elle-même aurait dû rester dans cet esprit faussement apaisant. Comme s’il était inquiet de déplaire, il louange un mécanisme « qui inhibe… la polarisation » et regrette que cette mécanique-là « n’ait pas eu lieu ». En substance, il plaide pour qu’aucune voix ne soit trop haute, qu’aucun point de vue ne domine. Ironie cruelle : ce refus même du conflit transforme la TV publique en épisode d’ennui collectif. Les deux clans s’y observent en chien de faïence, chacun murmurant à l’oreille du Québec qu’il faut tous vivre heureux dans un pays tout rose. À ce jeu, Dulude se fait le plus fervent gardien de l’ambiance « chambrée sans drame », refusant de faire de vagues même quand il y aurait matière.

Les voix tranchantes : antidote au politiquement correct

À l’opposé, certains n’hésitent pas à attiser le débat. Richard Martineau, animateur polémiste bien connu, se décrit lui-même sans détour : « Sans peur, sans pitié… c’est l’opinion tranchante qui bouscule les bien-pensants et réveille les endormis ». C’est peu dire : Martineau se moque du « tu peux le dire? » et balance son blabla sec comme coups de balai. De même, l’irascible Dr Pierre Mailloux jadis sur les ondes (le « Doc Mailloux ») n’était pas du genre à sucer les Anges. Jean-Luc Mongrain, autre héritier de la presse à la hargne, aurait raillé les bonnes âmes trop polies qui « n’osent pas » chambouler les convenances. Ces trublions comme Martineau, Mongrain, Mailloux font bonne figure quand il s’agit de jeter un pavé dans la mare des faux-semblants, quitte à rameuter la controverse. Ils préfèrent clairement un clash franc à un obscur consensus larvaire.

Pendant ce temps, Dulude apparaît comme un automate du politiquement correct. Il aurait pu s’insurger en hurlant contre la pensée molle de Joseph Facal ou colporter ses propres uppercuts ; au lieu de cela, il berce ses spectateurs d’un soupçon de coussin sonore. Ses propos coulent comme de la gélatine, sans réelle consistance. On cherche en vain dans son discours quelque piquant, une flèche, une position tranchante. Rien que des « peut-être », « il faudrait » et des digressions creuses sur la communication interpersonnelle. Résultat : on n’a plus affaire à un commentaire d’opinion, mais à une bouillie consensuelle. Faudrait-il lui rappeler le slogan martien : « Tu veux du tiède? Passe ton chemin », parce qu’ici on nage dans l’ennui tiède?

Nécessité de l’irrévérence et de la tension démocratique

On peut trouver ce pacifisme de salon sympathique jusqu’à ce qu’il étouffe le dialogue. Car une démocratie qui refuse le clash devient une morgue culturelle. Il est vital d’avoir des débats vifs, où l’on se réveille un peu de son coma collectif. Dulude lui-même réclame la « vraie conversation » ; or la vraie conversation, elle bourdonne aussi de désaccord et de défi. Sans dent, cette prétendue « conversation » se mue en monotone rapport de réunion de condo.

La critique mordante, l’irrévérence, la provocation intellectuelle ne sont pas de sales maux : ce sont le sel et le poivre d’une démocratie vivante. Oser dire « je ne suis pas d’accord », oser heurter, bousculer les idées reçues voilà ce qui fait progresser la pensée publique. Des figures comme Martineau ou même des humoristes grinçants s’en servent comme d’un carburant : ils ne craignent pas de déplaire pour mieux piquer les consciences endormies. En cela, ils rendent service au débat collectif.

Clamons-nous l’insolence !

Guillaume Dulude aurait sans doute préféré finir sur un bilan optimiste. Nous, on a vu dans son commentaire sur Facebook l’illustration triste d’un consensus mou : prudence maximaliste, débat bâillonné, peur de la moindre étincelle. À trop craindre la discorde, il offre un spectacle lénifiant où l’on n’apprend rien et où personne n’est dérangé. Le Québec mérite mieux que ce déo-dorant discours sans relief. Qu’on emprisonne un temps la trouille de déplaire : la démocratie québécoise réclame du tonus, de l’irrévérence et du vrai débat. Que cesse enfin ce « festival de la pensée molle ». Debout, briquons la dialectique, ravivons les idées! L’avenir se construit à l’ombre des micros allumés, pas dans le confort tiède des conciliabules.

12/10/2025

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12/10/2025

𝐈𝐬𝐫𝐚𝐞̈𝐥 𝐞𝐭 𝐇𝐚𝐦𝐚𝐬 : 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐥𝐚 𝐩𝐨𝐥𝐢𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐟𝐫𝐚𝐧𝐜̧𝐚𝐢𝐬𝐞 𝐚 𝐜𝐡𝐚𝐧𝐠𝐞́ 𝐝𝐞 𝐜𝐚𝐦𝐩

Par Simon Leduc, sur PiluleRouge

Depuis des années, la nouvelle gauche woke et victimaire a pris le contrôle des débats dans les campus universitaires. Selon Ghislain Benhessa, on peut observer le même phénomène dans les institutions de savoir en France. La classe politique française est très divisée sur cet enjeu délicat et sensible.

Ghislain Benhessa est avocat, essayiste et observateur de la scène politique française.

Entretien

Simon Leduc : Est-ce que les grandes universités françaises sont gangrenées par la gauche woke, palestinienne et anti-Israël?

Ghislain Benhessa : « Tout d’abord, je vais faire un retour dans le passé qui est nécessaire. En France, après le 7 octobre, on a l’impression de découvrir une nouvelle gauche pro-Hamas et pro-Palestine qui a pris de l’influence dans les universités. Ce n’est pas un phénomène nouveau en terre française. Cela fait des décennies qu’une grande partie de l’univers universitaire français, surtout les sciences sociales, diffuse une narration d’une certaine gauche déconstructionniste des années 60 et 70. Cette dernière a tranquillement muté vers une nouvelle gauche woke et pro-Palestine. Il y a 20 ans, j’ai moi-même observé, à l’université, un mouvement progressiste victimaire qui divisait le monde entre dominants et dominés. C’est une dialectique très radicale et binaire des choses. Cette théorie des bons et méchants a muté tranquillement jusqu’à aujourd’hui. Pour cette gauche radicale, il y a deux camps qui s’affrontent, le mal blanc hétérosexuel et la jeunesse qui est sensible aux revendications de toutes les minorités (les transgenres, les Palestiniens, etc.) Pour ce mouvement politique, la Palestine est devenue la nouvelle minorité à la mode. Les Palestiniens sont opprimés par Israël, qui représente le mal incarné, et qui bénéficie du soutien de l’impérialisme américain. Par exemple, le campus de SciencePo a déjà été occupé par des militants pro-palestiniens. Donc, la présence de cette gauche radicale à l’université n’est pas nouvelle. Elle est apparue il y a des décennies et elle est bien présence dans l’espace public français. »

Cette gauche victimaire fait-elle la promotion de ses idées à l’intérieur des universités françaises?

Ghislain Benhessa : « Des militants pro-palestiniens prennent le contrôle des amphithéâtres et disséminent leurs idées dans le milieu universitaire. Cette mouvance radicale est très présente et active dans les sciences sociales. Ses idées se sont facilement répandues dans ces institutions de savoir, car son socle idéologique est présent dans celles-ci depuis longtemps. Pour elle, il y a une lutte des classes entre les dominants (le patriarcat, le sionisme, l’impérialisme américain, l’homme blanc hétérosexuel) et les dominés (les Palestiniens, les LGBT, les féministes, etc.).

En France, l’islamisme radical a pris le contrôle de certaines banlieues françaises. Dans mon pays, il a réellement un problème avec l’islamisme, surtout avec les Frères Musulmans. Les élites françaises sont pro-Palestine et sympathiques à la cause islamiste dans les périphéries. Donc, il y a une conjonction entre l’islamisation des banlieues et les idées pro-islam radical et anti-Israël des mouvements progressistes.

Avant l’attentat terroriste du 7 octobre 2023, cette gauche woke et victimaire demandait déjà aux dirigeants des universités françaises de ne pas inviter des personnes juives et des personnalités conservatrices. C’est une sorte de censure qui touche ceux qui n’adhèrent pas aux idéaux de la gauche diversitaire.

Alors, ce mouvement de censure était présent dans les universités du pays bien avant le 7 octobre. La réplique israélienne contre le Hamas a accentué et galvanisé ces militants gauchistes anti-État hébreu. On peut observer une montée de l’antisionisme en territoire français. Depuis le 7 octobre 2023, on peut dire que l’antisionisme flirte avec l’antisémitisme.

Il faut savoir qu’une majorité de Français soutient Israël dans son combat contre le Hamas. Tandis que les élites françaises sont plutôt sympathiques à la cause palestinienne. Dans ce débat, on peut constater un fossé idéologique entre le peuple français et ses élites. Cette division est aussi réelle dans plusieurs enjeux politiques en France. »

Comment la classe politique française a réagi face à la montée de cette gauche pro-Palestine?

Ghislain Benhessa : « On retrouve exactement la même partition à l’Assemblée nationale. La gauche a toujours été pro-Palestine. La France insoumise épouse depuis la Nuit des Temps les idéaux de la gauche radicale française, et ce, sans nuances. Cette dernière flirte avec l’électorat islamiste de la France périphérique afin de renforcer son bassin de sympathisants.

Le centre macroniste est très embêté par cet enjeu sensible. Le président Macron tente toujours de trouver un point d’équilibre entre les deux protagonistes. Il change souvent de point de vue entre Israël et la Palestine. Il a déjà soutenu l’État hébreu. Or, le président français appuie maintenant la reconnaissance de l’État palestinien à l’ONU.

Sur le flanc droit, Eric Zemmour et son parti Reconquête sont de fidèles partisans des Israéliens.

D’autre part, historiquement, le Front national de Jean-Marie Le Pen n’était pas pro-Israël. L’ancien leader du FN a fait des déclarations controversées sur le génocide juif lors de la Deuxième Guerre Mondiale. Il a souvent remis en question l’existence des chambres à gaz. Les fondateurs du FN étaient des nostalgiques du Régime de Vichy. Donc, le FN était perçu comme une formation antisémite, d’extrême droite et marqué historiquement par sa proximité avec la Collaboration et ses jours sombres.

Par contre, Marine Le Pen a radicalement changé le point de vue du Rassemblement national sur ce sujet. Ce parti populiste identitaire soutient fortement la cause israélienne contre le Hamas. Marine Le Pen défend ardemment les Juifs de France. Le point tournant fut le fait qu’Arno Klarsfeld voterait pour le RN lors de la prochaine présidentielle s’il affrontait les LFI. Son père Serge Klarsfeld était l’avocat qui a largement œuvré dans la poursuite de criminels de guerre n***s. Son fils est un avocat très connu du grand public. Lui et son père ont clairement dit qu’ils voteraient pour Marine Le Pen au second d’une présidentielle l’opposant à Jean-Luc Mélenchon. Une partie des Juifs de France a remercié Marine Le Pen et le RN pour leur soutien à la cause juive. Donc, le cordon historique de séparation entre le RN et les Juifs français a disparu. Le RN est devenu un parti pro-juif et on ne peut clairement pu l’étiqueter d’extrême droite. »

𝐂𝐫𝐢𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐝’𝐀𝐧𝐭𝐢-𝐂𝐢𝐯𝐢𝐥𝐢𝐬𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 : 𝐛𝐨𝐧 𝐝𝐢𝐚𝐠𝐧𝐨𝐬𝐭𝐢𝐜, 𝐦𝐚𝐮𝐯𝐚𝐢𝐬 𝐜𝐨𝐮𝐩𝐚𝐛𝐥𝐞Par Frank, sur PiluleRougeJ’ai lu avec attention le nouve...
12/09/2025

𝐂𝐫𝐢𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐝’𝐀𝐧𝐭𝐢-𝐂𝐢𝐯𝐢𝐥𝐢𝐬𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 : 𝐛𝐨𝐧 𝐝𝐢𝐚𝐠𝐧𝐨𝐬𝐭𝐢𝐜, 𝐦𝐚𝐮𝐯𝐚𝐢𝐬 𝐜𝐨𝐮𝐩𝐚𝐛𝐥𝐞

Par Frank, sur PiluleRouge

J’ai lu avec attention le nouveau bouquin d’Étienne-Alexandre Beauregard Anti-Civilisation. À première vue, tout nous sépare. Ancien caquiste, nationaliste et « post-libéral » face à un conservateur, tant au fédéral qu’au provincial, et résolument libéral sur le plan économique.

Pourtant, son constat d’ensemble, celui d’un effondrement du « commun », me rejoint fondamentalement. Qui n’a pas constaté qu’il devient presque impossible d’organiser quelque chose d’aussi simple qu’un repas entre amis? Autrefois, l’étiquette et la politesse élémentaire imposaient à chacun de manger ce qu’on lui servait. Aujourd’hui, il existe presque autant de petites sectes alimentaires que de religions, ce qui explique la popularité des fameux « pot luck », où chacun arrive avec sa luzerne ou ses machins kéto.

Et qui n’a jamais remarqué, dans les transports en commun, cette foule de gens incapables de faire preuve de la décence minimale de mettre du déodorant, ou ce culte de la laideur qui traverse une population de plus en plus débraillée, même dans des contextes où la coutume exige pourtant un minimum de propreté et d’élégance?

Selon Beauregard, nous vivons dans une époque qui pousse un individualisme déresponsabilisé. Une société matériellement confortable, mais moralement stagnante, où les valeurs communes s’effacent derrière un ensemble de préoccupations post-matérielles : écologie délirante, quête identitaire et sexuelle, hyper-individualisme. La liberté moderne deviendrait ainsi une liberté sans responsabilité, où l’individu s’attend à pouvoir choisir absolument tout. On choisit désormais son nom, sa religion, son sexe, et qui sait, peut-être bientôt ses origines ethniques. L’esprit de Mai 68 aurait remplacé la discipline et le devoir par une injonction permanente à l’épanouissement personnel.

Là où nos désaccords surgissent, c’est dans l’explication de cette dérive. En page 34, il écrit que « l’orthodoxie libérale de la fin du XXe siècle » aurait enseigné que l’on sert le bien commun en poursuivant simplement son intérêt individuel. Or, tous les libéraux que je connais insistent sur l’idée qu’il n’y a pas de liberté sans responsabilité. C’est précisément pour cette raison qu’ils sont irrités lorsque l’État se met à préparer le lunch des enfants ou qu’il multiplie les mesures maternantes.

Pour Beauregard, la liberté telle qu’elle s’est imposée depuis les années 60 est une liberté détraquée, fondée sur le fameux « il est interdit d’interdire », et qui débouche sur des comportements antisociaux. Cette logique expliquerait, entre autres, le mépris affiché envers la vie familiale, sacrifiée sur l’autel du « petit temps pour soi ».

À mes yeux, cette lecture du libéralisme relève de la confusion. J’ai d’ailleurs rapidement reconnu, dans les pages du livre, l’influence de Jean-Claude Michéa, que Beauregard finit par citer. Celui-ci reprend les thèses du marxiste Michel Clouscard, selon lesquelles le libéralisme économique et le libéralisme des mœurs seraient deux faces d’une même médaille.

Le problème est simple. On trouve certes quelques libéraux qui sont également socialement libéraux, mais la gauche libertaire, celle qui inspire la mouvance woke, est foncièrement antilibérale sur le plan économique. Le consensus d’aujourd’hui, autant à gauche qu’à droite, est largement étatiste et hostile au marché. La gauche socialiste de Zohran Mandani ou d’Alexandria Ocasio-Cortez rejoint, sur ce point, la droite MAGA de Donald Trump : protectionnisme, dirigisme, méfiance envers le libre marché. Voilà le paysage réel.

En page 247, Beauregard évoque les fondements « de gauche » de la nouvelle droite française et craint qu’un éventuel gouvernement du Rassemblement national n’applique que sa dimension social-démocrate en négligeant le volet culturel. Mais comment un parti qui aspire à gouverner peut-il croire que la France, littéralement encroûtée dans un étatisme hors norme, avec un État obèse qui dépasse la moitié du PIB, a besoin d’un programme social-démocrate pour se relever? Ce pays a besoin, non d’une nouvelle couche de programmes, mais d’une scie mécanique. L’État français est aujourd’hui si lourd qu’il peine à savoir combien de personnes il emploie réellement.

Cela dit, Beauregard a raison de dénoncer ce « libéralisme des mœurs », qui nous mène vers une époque déstructurée et dégénérée où chacun se voit comme un petit soleil autour duquel la société entière devrait orbiter. Mais il me semble tout aussi clair que le libéralisme authentique, et même la philosophie libertarienne, n’a jamais été un culte de la liberté sans contrainte. Elle repose au contraire sur la responsabilité personnelle et sur l’idée que la liberté oblige.

Ce principe est magnifiquement formulé par Matt Kibbe dans son Manifeste libertarien. L’un des six piliers qu’il identifie est la responsabilité individuelle. Les libéraux croient à la méritocratie parce qu’ils croient au lien essentiel entre liberté et responsabilité. La réussite découle de l’effort. Et chacun a la charge de sa propre vie, y compris le devoir moral de ne pas nuire aux autres, qui constitue l’un des principes fondateurs de Kibbe. Cette vision est tout simplement incompatible avec la culture progressiste contemporaine de la victimisation, où chacun se proclame victime structurelle du patriarcat du racisme systémique ou du pétro-masculinisme. Voilà l’une des nombreuses raisons pour lesquelles la thèse Michéa/Clouscard demeure séduisante, mais fausse.

En fin de compte, je ne suis pas opposé à la notion de bien commun que Beauregard souhaite réinscrire dans une vision renouvelée du conservatisme. Ce concept, pourtant galvaudé et instrumentalisé par toutes les familles politiques, me semble inévitable. Toute société repose sur un horizon de sens partagé. Et les principes libéraux comme la liberté d’expression ou le droit de propriété devraient en faire partie dans toute civilisation digne de ce nom.

Je me réjouis que l’auteur, encore un peu trop étatiste à mon goût, conclue en affirmant que la première institution du bien commun est la famille. Puisque le poisson pourrit toujours par la tête, l’État a évidemment un rôle dans les messages qu’il transmet. Mais nous sommes arrivés au bout de la logique du « gouvernemaman » qui micromanage la vie quotidienne. Le réveil doit venir de la société civile elle-même. Recréer du commun suppose d’abord des familles responsables, qui font des enfants, les élèvent, les éduquent, leur transmettent des valeurs, plutôt que de déléguer cette tâche au gouvernement en espérant qu’il civilise la prochaine génération.

Franchement, je vous recommande cette lecture.

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