11/01/2025
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🔴 Solidaire d’Élisabeth Borrel, cette v***e dont le courage défie la mécanique froide des institutions, nous assistons à une lutte qui transcende la simple quête personnelle. Face à deux États - La République de Djibouti et la France -, elle se dresse non comme une victime, mais comme une conscience en éveil — celle d’un être humain refusant que l’amour et la vérité soient ensevelis sous la raison d’État et l’indifférence bureaucratique.
Son combat ne relève pas uniquement du deuil, mais d’une interrogation fondamentale sur la nature même de la justice dans nos sociétés modernes : comment un individu, démuni de tout pouvoir, peut-il encore espérer la lumière face à la structure tentaculaire des appareils politiques ? En cherchant la vérité sur l’assassinat lâche de son bien-aimé, Élisabeth Borrel interroge le rapport de force entre l’intime et le politique, entre la mémoire privée et la vérité publique.
Sa persévérance devient alors le symbole d’une résistance humaine à l’effacement : celle d’une femme qui, dans le fracas du mensonge et du silence, rappelle que la dignité ne se mesure pas à la puissance, mais à la fidélité envers ce qui fut aimé et injustement perdu.
🔴 Tribune : Le grand désert des cœurs
Il faut avoir le courage de le dire : notre société souffre d’une terrible sécheresse — non pas de pluie, mais d’âme. Ce n’est pas le sable qui brûle sous nos pas, mais le vide dans nos regards. J’en suis profondément choqué, bouleversé même, de voir à quel point certains de nos compatriotes sont devenus incapables de percevoir les émotions humaines les plus élémentaires. Comment pourraient-ils comprendre la douleur d’autrui, eux qui n’ont jamais pris le temps d’affronter la leur ?
C’est une époque étrange : on rit plus volontiers d’une larme que d’une injustice. On se moque de la douleur d’une femme au lieu de saluer sa dignité. La compassion est devenue ringarde, l’émotion suspecte, la sincérité presque subversive. Comme si l’humanité elle-même était devenue un signe de faiblesse.
Regardez pourtant cette femme — cette v***e — qui, dans son deuil, se tient droite. Elle pleure son mari, mais c’est tout un monde qu’elle pleure avec lui : celui où aimer n’était pas une honte, où la fidélité ne faisait pas rire, où la tendresse ne se dissimulait pas derrière des écrans. Son chagrin n’est pas un spectacle : c’est un acte de résistance. Car dans un pays où l’on confond virilité et froideur, où la sensibilité est traitée comme une maladie honteuse, pleurer devient un acte politique.
Philosophiquement, cette indifférence collective traduit une angoisse plus profonde : celle de se confronter à soi-même. Rire de la douleur d’autrui, c’est refuser de voir sa propre faille. Sociologiquement, nous avons érigé l’ironie en vertu et le cynisme en art de vivre. Nous nous croyons forts parce que nous ne ressentons plus rien — alors que c’est précisément là notre plus grande misère.
Historiquement, jamais la communication n’a été aussi facile, et pourtant jamais la solitude n’a été aussi dense. Nous échangeons des messages, pas des émotions. Nous réagissons, mais nous n’écoutons plus. Nous “likons” des souffrances à distance, sans jamais tendre la main à ceux qui tombent à nos côtés. L’homme moderne, cet animal connecté, n’a plus de cœur : il a des notifications.
Et dans ce paysage desséché, surgit cette femme, cette “éplorée” que certains osent tourner en dérision. Mais qu’ils se regardent donc dans un miroir ! Ce n’est pas elle qu’ils méprisent, c’est ce qu’elle réveille en eux — ce qu’ils ont enfoui, renié, oublié : leur propre humanité. Car il faut beaucoup de courage pour aimer encore dans un monde qui ne croit plus qu’en lui-même.
Honte donc à ceux qui se moquent, et respect éternel à celle qui aime au-delà du temps, au-delà du regard des autres. Qu’ils sachent que leurs sarcasmes ne valent pas une seule de ses larmes. Car au fond, ce sont les cœurs arides qui fanent les civilisations, pas les âmes sensibles.
Dans un pays où l’on célèbre les discours creux et les certitudes sans émotion, qu’il est rare — et magnifique — de voir encore quelqu’un pleurer avec vérité.
Peut-être est-ce cela, aujourd’hui, la dernière forme de courage : oser ressentir. MQ