
23/04/2025
Il y a des moments où tu te rends compte que trop de mains t’ont touché sans délicatesse. Trop de regards t’ont traversé sans vraiment te voir. Et trop de mots sont venus te perforer l’âme sans jamais s’excuser. À force d’encaisser sans broncher, tu apprends. Tu retires petit à petit des morceaux de toi du monde extérieur. Non pas parce que tu veux disparaître… mais parce que tu veux survivre.
Tu ne t’en es même pas rendu compte. Tu pensais juste “avoir besoin d’un peu de calme”. Et ce calme s’est transformé en silence. Puis en distance. Et maintenant, tu vis dans cette bulle que tu as construite pour te protéger, une forteresse invisible, impénétrable. Tu regardes le monde à travers une vitre. Tu participes, mais tu ne t’impliques plus. Tu souris, mais tu ne t’ouvres plus. Tu es là, mais plus vraiment.
Tu t’es choisi comme dernier refuge. Et je ne te juge pas pour ça. Tu as eu raison. Parce que quand l’extérieur devient menaçant, le seul endroit où tu peux respirer sans masque, c’est à l’intérieur de toi. Là où personne ne peut te trahir. Là où tu n’as plus à faire semblant. Là où tu peux juste exister sans avoir à te défendre. Mais à force de t’y réfugier, tu as oublié comment on vit dehors.
Ce repli n’est pas une faiblesse. C’est un réflexe. Une stratégie. Un réflexe de survie d’une personne qui en a trop vu, trop pris, trop encaissé. Mais il y a un risque, tu sais. Le risque de finir par croire que tu ne peux plus t’en sortir. Que tu n’es bien qu’en retrait. Que le monde n’a plus rien à t’offrir. Que les autres sont tous des dangers potentiels. Et ce n’est pas vrai. Ce n’est qu’une illusion née de la douleur.
Tu as le droit de te retirer pour panser tes plaies. Mais n’oublie pas de revenir. Pas tout de suite. Pas de force. Pas parce qu’on te le demande. Mais parce qu’au fond de toi, tu sais que tu ne veux pas rester enfermé(e). Tu veux encore aimer. Tu veux encore rire. Tu veux encore t’ouvrir. Et ça prendra le temps que ça prendra. Mais ce jour viendra.