30/08/2025                                                                            
                                    
                                                                            
                                            Kinshasa - Rentrée scolaire morose : les parents étranglés, les vendeurs désespérés
[Par Ibrahim Mamba]
À l’approche de la rentrée scolaire 2025-2026, prévue pour ce lundi 1er septembre, l’ambiance dans les marchés populaires de Kinshasa est loin de refléter l’effervescence habituelle. Exit la cohue et les longues files d’attente devant les étals de fournitures scolaires. Frappés de plein fouet par la crise économique, les parents peinent à répondre aux besoins scolaires de leurs enfants. De leur côté, les vendeurs assistent, impuissants, à la chute vertigineuse de leurs ventes.
Notre média est allé à la rencontre de ces acteurs de la rentrée. Jeudi 28 août, une descente sur terrain dans plusieurs marchés de la capitale, notamment à Matete, a permis de recueillir des témoignages aussi poignants qu’inquiétants.
Papa Jonathan, un père de famille visiblement préoccupé, témoigne : 
« J’ai quatre enfants qui doivent reprendre les cours, mais je n’y arrive pas. Je me bats petit à petit. Pour l’instant, je n’ai pu acheter l’uniforme et un ketch qu’à un seul enfant. Pour les autres, je n’ai encore rien. »
Même constat du côté de Papa Dico, père de huit enfants : 
« Les fournitures sont devenues hors de prix. Un simple sac coûte 35.000 FC, un complet uniforme à 15.000 FC. Ça fait 50.000 FC par enfant. Imaginez quelqu’un qui a cinq, six, voire huit enfants comme moi. C’est presque impossible, surtout si vous ne travaillez pas. »
Cette pression ressentie par les parents a un impact direct sur les commerçants.  
Maman Nadine, vendeuse d’uniformes au marché de Matete, se dit inquiète : 
« Nous ne savons même pas si les enfants vont effectivement reprendre ce lundi. On ne vend presque rien. Les écoles elles-mêmes ont commencé à vendre les fournitures. Qui prendra soin de nos enfants et petits-enfants ? Moi, je suis v***e, je n’ai plus de soutien. »
Même son de cloche au marché de la Liberté, où Maman Kalu, vendeuse de cahiers, décrit une situation alarmante :  
« Depuis le matin jusqu’à midi, je n’ai rien vendu. Qu’on paie les fonctionnaires pour que nous puissions vendre. Les parents viennent, regardent, puis repartent les mains vides. Nous dépendons uniquement de cet argent, mais sans achat, comment élever nos enfants ? »
À Pascal, Maman Philo, vendeuse de fournitures scolaires, exprime sa frustration face à la chute des ventes : « Nous ne vendons presque rien. Comment allons-nous, à notre tour, acheter les fournitures pour nos propres enfants ? Les policiers nous chassent constamment. Lorsqu’ils saisissent nos marchandises, ils exigent des amendes de 100 000 à 200 000 francs pour les récupérer. Et dans nos foyers, comment allons-nous vivre dans ces conditions ? »
En cause : la hausse généralisée des prix, le manque de soutien gouvernemental et la précarité des revenus dans de nombreux foyers.
Cette rentrée 2025 s’annonce particulièrement difficile. Entre rêves d’éducation et réalité économique, les parents sont à bout, tandis que les vendeurs perdent espoir. Une situation qui met en lumière l’urgence d’un accompagnement plus concret des familles congolaises face aux enjeux scolaires.
MkActu.cd