24/06/2025
Théâtre : « Sans Souci », l'homme qui conquis des cœurs avec son art !
De la musique au théâtre, il n'y a que des chiffres : 16 ans, jour pour jour depuis la disparition, le 23 juin 2009 à Kinshasa, de l'une des plus rayonnantes étoiles du théâtre populaire congolais, Matondo Mateya, plus connu sous son nom de scène, « Sans Souci ».
Maître de scène, Sans Souci ne criait pas pour faire rire. Il utilisait son art pour parler au peuple, dans sa langue, avec ses codes, ses douleurs et ses espoirs. Ce n’est pas dans le théâtre qu'il a commencé ce combat, en lui l'art coulait dans les veines.
On le découvrit pour la première fois comme musicien vers les années 1970, aux côtés des légendaires Bella de Soki Vangu et Bella Mambo de Soki Emile, mais très vite, il quitta la scène musicale pour se diriger vers l'univers du théâtre, d’abord la troupe Salongo de l’OZRT, avant de fonder le groupe « Sans souci d’Afrique », qui s’imposera sur le théâtre congolais à travers la chaîne Antenne A comme l’un des plus influents des années 90 et 2000.
Loin des stéréotypes du théâtre de rue, « Sans Souci » viendra introduire dans ses pièces un regard critique sur les maux du Congo. Ses pièces brosseront la corruption, les abus religieux, la misère sociale, les relations de pouvoir, et plusieurs autres réalités. Ainsi, Matondo Mateya jouera des rôles qui vont dénoncer sans jamais prêcher notamment à travers des personnages comme dans « Diallo contre Sans s’Souci », ou encore dans « Papa Pasteur », avec lesquels il offre au public une lucidité brutale mais drôle sur son quotidien.
Sans Souci, c’était aussi un mentor. À la différence de nombreux artistes de sa génération, il n’a jamais fermé la porte aux jeunes comédiens. Il formait, corrigeait et guidait. Pour beaucoup, il n’était pas seulement un maître du jeu, mais un guide moral, un grand frère de scène. Roch Bodo ou Masumu Debrindet témoignent encore aujourd’hui de cette humilité et de cette rigueur qui faisaient de lui un maréchal respecté.
Joshua Desvers Nsiala