23/07/2025
🛑 RDC : Vers une mainmise de l’Église Philadelphie sur les institutions ?
Analyse signée Excellence Carel Kasembele
La récente nomination de Medi Vedoso en tant que chargé des missions auprès du président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, suscite de vives réactions dans les cercles politiques et au sein de l’opinion publique. Le jeune pasteur, gendre du leader spirituel Roland Dalo, fondateur de l’Église Philadelphie, vient ainsi renforcer la présence de cette communauté religieuse dans les hautes sphères de l’État.
Marié à Roane Dalo, deuxième fille du pasteur Dalo, Medi Vedoso représentait déjà l’Église Philadelphie aux États-Unis avant son retour en RDC et sa récente ascension politique. Une proximité familiale qui soulève des interrogations sur les critères réels ayant conduit à sa nomination.
Ce n’est pas un cas isolé. Le directeur de cabinet du chef de l’État, Antony Kinzo, est lui-même pasteur au sein de la même église. À cela s’ajoute la présence remarquée de plusieurs fidèles de Philadelphie dans les rouages du pouvoir : à la Présidence, dans les cabinets ministériels, mais aussi à la tête de nombreuses entreprises publiques, où plusieurs viennent d’être nommés directeurs généraux, adjoints, PCA ou administrateurs.
Des voix s’élèvent
Des observateurs dénoncent ce qu’ils perçoivent comme une confusion croissante entre sphère spirituelle et responsabilités publiques, au mépris des principes de neutralité confessionnelle et de méritocratie que prône pourtant la gouvernance républicaine. « On assiste à une dynamique où la proximité religieuse semble primer sur les compétences ou les parcours politiques clairs », commente un analyste politique sous anonymat.
Même au sein de l’Église Philadelphie, certains fidèles issus de partis politiques comme l’UDPS expriment leur frustration. Bien qu’actifs et porteurs de projets politiques, ces jeunes cadres ne bénéficient d’aucune promotion. À l’inverse, ce sont les proches des pasteurs ou membres de leurs familles qui accèdent aux postes stratégiques.
Vers un favoritisme religieux ?
Pour une partie de l’opinion, cette imbrication entre pouvoir religieux et pouvoir d’État pose un risque réel pour la neutralité des institutions. Elle alimente également un climat de favoritisme religieux, potentiellement nuisible à la cohésion nationale et à la perception d’un État impartial.
La question reste posée : l’Église Philadelphie est-elle en train d’exercer une influence croissante sur la Présidence de la République au détriment des principes républicains ? Ou s’agit-il simplement d’un concours de circonstances lié à l’activisme social et spirituel de certains de ses membres ?
Dans un contexte où la gestion publique appelle à davantage de rigueur, de transparence et d’équité, les autorités sont appelées à clarifier les critères de nomination et à veiller à ce que les institutions restent à équidistance des confessions religieuses, quelles qu’elles soient.
> ✍️ Carel Kasembele, analyste politique indépendant