05/10/2025                                                                            
                                    
                                                                            
                                            Accord de Washington sur les minerais :   pose ses conditions,   déplore un blocage de dernière minute
Alors que tout semblait prêt pour la signature d’un accord économique historique entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, Kinshasa a suspendu à la dernière minute son paraphe au texte, provoquant la réaction de Kigali.
Sous la médiation des États-Unis, les délégations des deux pays avaient abouti cette semaine à un consensus sur le Cadre d’intégration économique régionale (CIR), censé encadrer la traçabilité et l’exportation des minerais stratégiques de la région. La signature était programmée pour le lendemain matin. Mais selon plusieurs sources diplomatiques, le président congolais Félix Tshisekedi a instruit sa délégation de ne pas signer, invoquant la sensibilité de l’opinion publique nationale.
Kigali parle de « prétexte médiatique »
Le ministre rwandais des Affaires étrangères, , a réagi en qualifiant de « prétexte médiatique ridicule » la condition de retrait de « 90 % des troupes rwandaises » du sol congolais.
« Cette condition n’a jamais été invoquée par la délégation congolaise lors des négociations », a-t-il affirmé, rappelant que les discussions sur le CIR sont purement économiques et que les questions sécuritaires relèvent d’un autre mécanisme, le Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité (MCCS).
Le MCCS s’était d’ailleurs réuni à Washington les 17 et 18 septembre pour traiter du CONOPS (Concept of Operations), sans mention d’une telle exigence dans le communiqué du Département d’État américain.
Un accord économique sans volet sécurité
Pour Kigali, les négociations actuelles doivent rester séparées des discussions militaires et sécuritaires. Mais à Kinshasa, de nombreuses voix estiment que cette dissociation fragilise les intérêts congolais.
Un analyste indépendant interrogé voit dans l’empressement rwandais un moyen de « faire avancer le deal minier avant le retour de la paix », afin d’exporter des ressources « pillées » vers les États-Unis et « financer ainsi une guerre sans fin dans le Kivu ».
Un dilemme stratégique pour Kinshasa
Cet expert prévient :
« Si Félix Tshisekedi veut vraiment le retour de la paix, le pays ne doit pas signer l’accord économique avant le retrait du dernier soldat rwandais du sol congolais. Il faut rétablir l’autorité de l’État avant cette signature. »
Selon lui, une signature immédiate équivaudrait à « bénir » les exportations rwandaises de minerais congolais sur le marché international, avec le risque d’ancrer le conflit dans la durée et de « perdre le Kivu pour toujours ».
Pressions américaines et attentes régionales
Les États-Unis, médiateurs du processus, espéraient que cet accord inaugure une nouvelle phase d’intégration économique régionale. La décision de Kinshasa marque donc un revers diplomatique pour Washington, qui voyait dans le CIR un outil de stabilisation à travers le développement.
Pour l’instant, aucune date n’a été annoncée pour une reprise des discussions ou une éventuelle signature. À Kinshasa, le message est clair : pas d’avancée économique durable sans garanties sécuritaires. À Kigali, on accuse Kinshasa d’instrumentaliser la sécurité pour bloquer un accord déjà ficelé.
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