
21/09/2025
🏚️ — Kinshasa entre marteau et enclume : démolitions ou droit à la ville ?
Kinshasa est secouée par une vague de démolitions. De Ngaliema à Kintambo, de Mont-Fleury à Ngaba, Masina, des quartiers entiers voient leurs murs tomber sous le fracas des engins. L’État revendique son droit : récupérer les emprises publiques, libérer les lits des rivières, prévenir les inondations, redonner à la capitale un visage digne de son rang.
Mais à chaque coup de pelle mécanique, une autre réalité s’impose : celle des familles jetées à la rue, des commerçants se retrouvant sans source des revenus, des cris d’injustice, de la poussière qui étouffe les rues, des gravats qui bloquent les caniveaux et jonchent les rues, abandonnés sans gestion, certains contenant des restes de peinture, colles ou matériaux potentiellement toxiques, et personne ne sait vraiment où ces déchets iront ni l’impact qu’ils auront sur la santé et l’environnement et du vacarme que résonne un bâtiment qui s'écroule.
Le dilemme est là, brûlant. D’un côté, un État qui agit enfin pour mettre fin à l’anarchie urbaine et dire non à l’occupation illégale des espaces publics.
De l’autre côté, des citoyens se retrouvent avec des documents soi-disant légaux et judiciaires, fruits d’une fraude foncière orchestrée par certains agents du système. Aujourd’hui, ces familles et commerçants paient le prix fort de cette tromperie, voyant leurs maisons, commerces et économies balayés en quelques heures. L’État se retrouve face à un dilemme : doit-il mener une enquête rigoureuse pour punir les agents responsables et restaurer la justice, ou se contenter d’appliquer des démolitions sans responsabilité claire ?
La ville dépense pour détruire, alors que la précarité s’accentue. Faut-il sacrifier la dignité et la sécurité des citoyens pour réorganiser l’espace urbain, ou trouver un équilibre qui protège à la fois la ville et ses habitants ?
✍️ Enock Lubono