25/10/2025
Alerte! au - Six ans de détention arbitraire du général Abdoulaye Miskine : une affaire qui défie la conscience judiciaire du Tchad
N'Djaména, 25 octobre 2025 — Ce jour marque un triste anniversaire dans l’histoire judiciaire du Tchad : six années se sont écoulées depuis l’arrestation du général Abdoulaye Miskine, chef du Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC), et de ses trois compagnons centrafricains — Adoum Rakhis, Ringo Djouma et Abdelaziz Gros — survenue le 25 octobre 2019. Depuis cette date, ils sont détenus à la maison d’arrêt de Klessoum, sans procès, sans jugement, et dans des conditions qui bafouent les principes fondamentaux du droit et de la dignité humaine.
Le général Miskine avait été invité au Tchad par le général Mahamat Mamadou Aboubakar, alors directeur général adjoint du renseignement militaire (DGRM), au nom du maréchal Idriss Déby Itno, pour finaliser les engagements du Khartoum Agreement signé le 6 février 2019 entre le gouvernement centrafricain et quatorze groupes armés. Ce déplacement diplomatique s’est révélé être un piège soigneusement orchestré. À peine arrivés sur le territoire tchadien, les quatre hommes ont été arrêtés et informés de charges dont la légitimité reste contestée.
Le dossier judiciaire est marqué par des incohérences flagrantes. Une première plainte, déposée entre 2004 et 2005 alors que le général était en exil au Togo, a été suspendue après qu’il fut établi qu’il n’était pas présent au Tchad au moment des faits. Une seconde plainte a été instruite après que le juge Tobaye Bedoumti se rendit dans les camps de réfugiés centrafricains à Sarh, Sido et Maro pour y chercher de nouveaux plaignants. Lors d’une session d’identification, les supposées victimes désignèrent un autre individu, jetant un doute sérieux sur la crédibilité des accusations. Selon ses avocats, le dossier aurait été clos dès janvier 2021, sans qu’aucun procès n’ait été engagé. Une demande de mise en liberté, enregistrée sous le numéro 031/CA/2025 du 18 septembre 2025, reste à ce jour sans suite.
Les conditions de détention du général Miskine sont alarmantes. Souffrant d’hypertension, d’insuffisance rénale et de troubles cardiaques, il a vu ses soins interrompus par des actes arbitraires. Une perquisition nocturne dans sa cellule les 9 et 10 mai 2025 a conduit à la confiscation de ses médicaments et de 345 000 FCFA destinés à des examens médicaux urgents. Malgré les promesses du procureur Oumar Mahamat Kedelaye de restituer les fonds, aucune visite ni restitution n’a eu lieu. Le général a entamé une grève de la faim le 15 mai pour protester contre cette négligence, suspendue après une intervention partielle.
En 2019, le général Miskine jouait un rôle actif dans la protection des réfugiés centrafricains contre les incursions rebelles à la frontière entre la Centrafrique et le Soudan. Son engagement dans le processus de paix témoigne de sa volonté de stabiliser la région. Pourtant, son arrestation et sa détention prolongée traduisent une instrumentalisation politique de la justice.
Alors que la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) du Tchad, dirigée par M. Belngar Larme Jacques, participe à la 46ᵉ session du Comité des Droits de l’Homme à Genève pour obtenir le Statut A — reconnaissance internationale de son indépendance et de son efficacité — son silence sur l’affaire Miskine interroge. Bien que cette reconnaissance soit une avancée importante pour la CNDH, elle exige plus qu’une présence internationale : elle demande un engagement concret et courageux sur le terrain. Le président de la CNDH doit aller plus loin et s’impliquer activement dans l’amélioration des dossiers des accusés qui ne trouvent pas justice, à l’exemple du général Miskine et de ses compagnons. Sans cette volonté d’agir, le statut A risque de n’être qu’un label sans substance.
Dans ce contexte, les paroles du Conseiller fédéral suisse Ignazio Cassis, prononcées lors de l’ouverture de la 46ᵉ session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève le 22 février 2021, résonnent avec force :
« Ce qui nous concerne tous ne peut être résolu que par tous. » — Friedrich Dürrenmatt
Ce rappel à la responsabilité collective est d’autant plus pertinent que la pandémie de COVID-19 a mis en lumière les inégalités et les atteintes aux libertés fondamentales. Comme l’a souligné Ignazio Cassis :
« La liberté d’accès à des informations fiables est indispensable si nous voulons, en tant que société, relever les défis d’aujourd’hui. Les journalistes doivent pouvoir exercer leur métier sans craindre de représailles ni trembler pour leur vie. »
Et encore :
« L’Agenda 2030 nous montre clairement que sans libertés fondamentales, aucun développement durable n’est possible. »
Ces extraits rappellent que la justice, la transparence et la protection des droits humains ne sont pas des options, mais des fondements indispensables à toute société démocratique.
Les hommes du FDPC menacent de reprendre les armes
LIRE LA SUITE: https://magazine-charilogone.over-blog.com/2025/10/six-ans-de-detention-arbitraire-du-general-abdoulaye-miskine-une-affaire-qui-defie-la-conscience-judiciaire-du-tchad.html