HAM/CSAC Base pour un panafricanisme porteur de développement par la croissance et l'amélioration de la qualité de vie

13/09/2025

Une opinion émise sur les médias se contrebalance par une réflexion contraire. Pas par un procès judiciaire.

13/08/2025

LE QATAR EN CONFLIT D'INTERETS ? MEDIATION NEUTRE FACE A UNE COOPERATION MILITAIRE AVEC LE RWANDA Dans les méandres de la diplomatie africaine, le Qatar joue un rôle double qui frise l'acrobatie géopolitique.
D'un côté, Doha forme les troupes rwandaises à l'art de la guerre moderne ; de l'autre, elle tente de broker la paix entre Kigali et Kinshasa dans l'un des conflits les plus sanglants du continent. Mais cette dualité est-elle tenable ? Ou risque-t-elle d'embraser davantage l'Est de la RDC, où des millions de vies sont en jeu ?
Depuis juin 2025, l'émirat a orchestré un accord de paix historique à Washington entre la RDC et le Rwanda, sous l'œil bienveillant des États-Unis. L'objectif ? Neutraliser les groupes armés comme les FDLR – ces rebelles hutus que Kigali accuse d'être une épine dans son flanc – et lever les "mesures défensives" rwandaises en trois mois. Puis, le 19 juillet, une "Déclaration de principes" signée à Doha a réuni la RDC et le M23 – ce groupe rebelle soutenu par le Rwanda, selon Kinshasa et l'ONU – pour un cessez-le-feu et un dialogue franc.
Les 7 et 8 août, la première réunion du MECANISME DE COORDINATION SECURITAIRE CONJOINT (JSC) s'est tenue à Addis-Abeba, avec le Qatar en maestro, pour transformer ces promesses en réalité tangible. Salué pour sa "diplomatie discrète", Doha défie les vieilles puissances occidentales et mise sur ses liens économiques équilibrés avec les deux camps.
La neutralité perçue du Qatar serait son atout maître... jusqu'à ce que ses actions militaires la fissurent.
La Face Cachée : Une Alliance Militaire qui Arme les Tensions
Pendant que les diplomates toastaient à la paix, les militaires qataris affûtaient les compétences rwandaises…
Le 8 août 2025, 163 officiers et soldats de la police militaire des Forces de Défense Rwandaises (RDF) ont bouclé une formation intensive de six semaines à l'Académie de Gako. Au menu : protection VIP, tactiques antiterroristes, maintien de l'ordre et opérations urbaines, le tout co-dirigé par les forces armées qatariennes. La cérémonie de clôture, présidée par le chef d'état-major des RDF, le général MK Mubarakh, a vu la participation de Son Excellence M. Ali Bin Hamad, chargé d'affaires du Qatar au Rwanda, ainsi que de généraux rwandais et d'une délégation qatarienne. Dans son discours, le général Mubarakh a salué le partenariat avec le Qatar, soulignant l'importance de former des forces prêtes à affronter "une large gamme de menaces" pour la sécurité nationale et régionale.
Ce n'est pas un coup d'essai : un accord de janvier 2025 sur l'aviation et les échanges d'expertise pave la voie, sans toutefois financer d'armement direct. Officiellement, c'est du "renforcement bilatéral en sécurité", déconnecté des négociations. Mais dans un Est congolais ravagé par le M23 – accusé "urbi et orbi" de recevoir l'appui rwandais –, ces entraînements sonnent comme une provocation.
Du côté congolais, crient à l'hypocrisie : "Le Qatar forme ceux qui nous tuent, tout en jouant les médiateurs ?" Et si ces compétences "urbaines" finissaient par s'appliquer à Goma ou Bukavu, villes assiégées ?
Compatibilité ou Bombe à Retardement ? Le Débat qui Divise
Les optimistes y voient une force : les liens étroits du Qatar avec Kigali – investissements, intelligence, tourisme – bâtissent la confiance nécessaire pour des négociations musclées. Washington, partenaire clé, n'a pas bronché, et les accords avec la RDC équilibrent la balance. La médiation n'exige pas une virginité absolue, mais une impartialité pratique. La réunion MECANISME DE COORDINATION SECURITAIRE CONJOINT d'août en est la preuve : pas de violation flagrante, juste du renforcement défensif.
Mais les sceptiques, eux, voient rouge. En, effet, parmi les congolais, l'accusation fuse : en boostant les RDF, Doha renforce un belligérant présumé, sapant sa crédibilité auprès de Kinshasa. Amnesty International fustige déjà les accords pour ignorer les crimes en RDC, et cette coopération pourrait amplifier l'injustice.
Historiquement, un médiateur armé perd vite sa légitimité, surtout dans une Afrique où la multipolarité rime avec méfiance.
Un Pari Risqué : Paix ou Chaos Amplifié ?
Officiellement, tout colle : la coopération militaire n'entrave pas les progrès diplomatiques, alignée sur la vision qatarienne de ponts multilatéraux pour une médiation solide. Pourtant, les critiques congolaises menacent de tout faire dérailler.
Si la RDC flaire un biais, ou si ces formations servent au front, les accords s'évaporeront. Doha, avec son ambition mondiale, danse sur un fil : révolutionner la paix africaine ou l'enflammer ?
Dans l'Est congolais, où la souffrance est quotidienne (le dernier massacre denoncé par l'ONU, au mois de juillet 2025, a provoqué 319 victimes congolaises éliminées par le M23) l'ambiguïté n'a plus sa place.
Le Qatar doit choisir son camp – ou risquer de tout perdre, en termes de crédibilité de sa médiation.
Eugène DIOMI NDONGALA,
Démocratie Chrétienne
https://x.com/EugeneDiomi/status/1954903621805752643

SERVICES PUBLICS EN FAILLITE : UNE URGENCE DE RATIONALITE POUR L’ÉTAT CONGOLAISParProfesseur Dédé WatchibaIntroductionLa...
07/08/2025

SERVICES PUBLICS EN FAILLITE : UNE URGENCE DE RATIONALITE POUR L’ÉTAT CONGOLAIS
Par
Professeur Dédé Watchiba

Introduction

La gouvernance des services publics en RDC connaît une dérive inquiétante, révélée récemment par les propos de l’ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi. Ce dernier a mis en lumière la création, sans cadre budgétaire ni planification, de 53 établissements publics sous le premier mandat du Président Félix Tshisekedi. Cette pratique, contraire aux principes élémentaires de gestion publique, interroge profondément le sens même de l’État en RDC. Au lieu de résoudre des problèmes publics clairement identifiés, ces structures semblent répondre depuis des décennies à une logique clientéliste et de distribution rentière.

Il importe de préciser, dès l’abord, que notre démarche ne s’inscrit nullement dans une perspective de politique politicienne ou de règlement de comptes partisans. Elle se veut rigoureusement analytique, rationnelle et constructive. L’objectif est d’apporter une contribution scientifique utile au débat public, en mobilisant les outils éprouvés des sciences politiques pour diagnostiquer les causes structurelles des dysfonctionnements des services publics et proposer des pistes de réforme crédibles.

Or, en sciences politiques, la création et le fonctionnement des services publics doivent obéir à une rationalité normative et analytique, notamment à travers le modèle séquentiel de l’action publique. Cet article propose une lecture critique de la situation congolaise à travers ce prisme théorique, en convoquant d’autres cadres d’analyse pertinents afin d’expliquer les contre-performances structurelles des services publics congolais.

I. Le modèle séquentiel : une rationalité ignorée

Le modèle séquentiel de l’action publique, tel qu’il est théorisé dans le champ de l’analyse des politiques publiques, repose sur l’idée que toute politique publique suit une succession logique d’étapes interdépendantes. Il commence par l’identification d’un problème public, se poursuit par sa mise à l’agenda politique, puis par la formulation de réponses appropriées, avant que ne surviennent la prise de décision, la mise en œuvre des mesures adoptées, et enfin leur évaluation. Chaque étape conditionne la suivante, dans une dynamique qui vise à rationaliser l’action publique et à maximiser son efficacité.

Dans cette perspective, la création d’un établissement public ne devrait intervenir qu’au terme d’un processus rigoureux ayant permis de diagnostiquer une défaillance ou un besoin collectif clairement défini, d’analyser les options disponibles, et d’évaluer les implications financières, institutionnelles et sociales d’une telle décision. Elle s’inscrit donc dans une démarche planifiée, éclairée et orientée vers la résolution d’un problème public réel.

Or, la création récente de 53 établissements publics en RDC sans aucune planification préalable constitue une rupture manifeste avec cette rationalité séquentielle. En court-circuitant les phases d’analyse, de formulation et de prévision budgétaire, ces décisions traduisent une gouvernance improvisée, où les impératifs techniques et sociaux sont éclipsés par des considérations politiques. Ce qui aurait dû être un processus structuré de réponse aux besoins collectifs s’est transformé en un mécanisme de distribution de rentes et d’ancrage clientéliste, vidant de son sens la finalité même de l’action publique.

Plus inquiétant encore, malgré les critiques publiques formulées par l’ancien ministre des Finances Nicolas Kazadi, qui a dénoncé avec fermeté cette prolifération incontrôlée de structures administratives, de nouvelles ordonnances présidentielles viennent d’annoncer la création d’autres établissements publics, sans que les étapes de la rationalité décisionnelle soient respectées. Cette contradiction est d’autant plus troublante qu’elle intervient quelques semaines seulement après l’annonce officielle, par le président Tshisekedi lui-même, d’un audit des structures publiques existantes. Une telle simultanéité entre volonté affichée de réforme et poursuite des pratiques décriées interroge profondément la cohérence de l’action étatique en RDC.

II. La contre-performance publique en RDC : lecture par d’autres cadres d’analyse en sciences politiques

Au-delà du modèle séquentiel, d’autres grilles d’analyse des politiques publiques permettent de comprendre les causes profondes des dysfonctionnements structurels des services publics en RDC. Parmi elles, le modèle cognitif, également appelé modèle des référentiels, occupe une place centrale. Théorisé par Pierre Muller et Yves Surel, ce modèle met l’accent sur le rôle des représentations collectives, des normes sociales et des valeurs dominantes qui structurent la perception des problèmes publics et influencent les choix des décideurs.

En RDC, ce référentiel dominant repose sur une vision patrimoniale de l’État, où l’administration publique est perçue comme un espace de distribution de privilèges plutôt que comme un instrument de régulation au service de l’intérêt général. Dans cette perspective, la captation des ressources publiques à des fins privées devient un comportement institutionnalisé, et les établissements publics sont souvent créés non pas pour répondre à un besoin collectif, mais pour récompenser des clientèles politiques, acheter des loyautés ou renforcer des coalitions de pouvoir. La culture de la prédation s’impose alors comme norme implicite, sapant les fondements mêmes de la rationalité publique.

Cette crise de finalité est aggravée par des facteurs structurels internes aux institutions, analysés par le modèle organisationnel ou bureaucratique. Ce cadre théorique met en lumière l’inertie des structures, la multiplication des fonctions redondantes, l’absence de coordination entre les services, et surtout le manque de mécanismes efficaces de redevabilité. L’exemple de la Société Nationale d’Électricité (SNEL) illustre bien cette dérive ; au lieu de remplir sa mission de service public en fournissant de manière fiable et continue l’électricité à la population, la SNEL devient le théâtre d’un dysfonctionnement organisé. Des agents sabotent volontairement des installations ou réparent les pannes de manière temporaire afin d’instaurer une dépendance constante des usagers, moyennant des paiements informels. Ce phénomène traduit une perversion de la bureaucratie, où les logiques informelles se substituent aux règles formelles, transformant la mission de service public en opportunité individuelle de rente.

À ces dimensions cognitives et organisationnelles s’ajoute la lecture proposée par le modèle stratégique, également appelé modèle des jeux d’acteurs. Cette approche considère l’action publique comme le produit d’interactions stratégiques entre acteurs aux intérêts divergents. Loin de toute rationalité technocratique ou de planification rigoureuse, les décisions publiques sont ici le résultat de négociations, de compromis implicites, ou de rapports de force entre acteurs politiques, économiques ou administratifs.

Dans le contexte congolais, des entités comme le Fonds de Développement du Service Universel ou l’Autorité de Régulation du Marché de Carbone peuvent ainsi être créées non pas pour résoudre un problème précis, mais pour satisfaire des intérêts particuliers, élargir des zones d’influence, ou créer de nouveaux canaux de captation budgétaire. Le service public devient alors un champ de lutte où chaque acteur cherche à maximiser ses ressources, au détriment de la cohérence globale et de la performance de l’État.

Enfin, le modèle systémique, inspiré de la pensée fonctionnaliste et de la cybernétique, offre une lecture globale de l’action publique comme un système ouvert en interaction constante avec son environnement. Selon ce modèle, toute politique publique est influencée par des flux d’informations, des rétroactions (feedbacks), et des contraintes externes qui devraient normalement permettre des ajustements en cours de route.

Dans le cas de la RDC, l’absence ou l’instrumentalisation de ces mécanismes de rétroaction contribue à l’inefficacité chronique des services publics. Aucune évaluation sérieuse n’est menée, les alertes remontées par les usagers sont ignorées ou neutralisées, et les dysfonctionnements sont souvent recyclés comme opportunités de rente pour certains agents ou décideurs. Le système fonctionne en vase clos, sans réelle adaptation ni correction, produisant des politiques publiques déconnectées des réalités sociales et incapables de répondre aux défis de l’heure. La non-prise en compte des signaux d’alerte, qu’ils soient financiers, sociaux ou techniques, traduit un effondrement du système d’apprentissage organisationnel, et, plus largement, une crise du pilotage de l’action publique.

Ces quatre modèles (cognitif, organisationnel, stratégique et systémique) convergent pour diagnostiquer un État congolais incapable d’accomplir efficacement ses fonctions essentielles. Ils révèlent un univers de politiques publiques dominé par des logiques de rente, d’inertie et d’opacité, qui minent la performance de l’action publique et affaiblissent la confiance des citoyens dans les institutions. Sans une transformation en profondeur de ces dynamiques, toute réforme administrative risque de rester cosmétique, et la refondation de l’État congolais demeurera une chimère.

III. Vers une refondation rationnelle de l’État et des services publics

Face aux dérives structurelles qui gangrènent les services publics en RDC, l’enjeu aujourd’hui n’est plus seulement de dénoncer les dysfonctionnements, mais de repenser en profondeur le fonctionnement même de l’État. Il s’agit d’opérer une véritable rupture avec les logiques anciennes et de refonder l’action publique sur des bases rationnelles, éthiques et efficaces. Cette refondation implique plusieurs transformations interdépendantes.

En premier lieu, il est impératif d’institutionnaliser l’évaluation systématique des politiques publiques. Chaque établissement public, une fois créé, devrait faire l’objet d’une évaluation rigoureuse, indépendante et périodique portant à la fois sur sa pertinence, son efficacité, son efficience et son impact réel sur les problèmes publics qu’il est censé résoudre. Cette culture de l’évaluation doit devenir un pilier de la gouvernance publique, et les résultats de ces évaluations devraient conditionner la reconduction, la réforme ou la suppression de chaque entité. Autrement dit, aucun service public ne devrait survivre à une contre-performance chronique. Il s’agit de rompre avec la logique d’impunité administrative et d’ancrer l’action publique dans une dynamique d’apprentissage, d’ajustement et de responsabilisation.

En parallèle, une refondation ne peut se faire sans un changement radical du référentiel cognitif dominant. La culture actuelle, fondée sur la prédation, la jouissance immédiate et l’appropriation privative des ressources publiques, doit être remplacée par une culture de l’éthique, de la redevabilité et de l’orientation vers les résultats. Cela suppose une réforme en profondeur de la formation des cadres publics, avec l’introduction de modules sur la déontologie, le leadership public, l’analyse de la performance, mais aussi des dispositifs d’évaluation individuelle, de reconnaissance du mérite et de sanctions effectives contre les pratiques déviantes. Il ne suffit plus de former, il faut transformer. Ce changement cognitif doit être porté au plus haut niveau de l’État et soutenu par une volonté politique constante et cohérente.

Par ailleurs, il devient urgent de réduire et rationaliser le périmètre de l’État. La multiplication anarchique d’agences, de comités, de fonds et d’organismes aux missions floues ou redondantes a conduit à une hypertrophie administrative coûteuse et inefficace. L’État congolais, dans son architecture actuelle, peine à coordonner ses propres actions et à assurer la lisibilité de son intervention publique. Il faut engager un processus de cartographie fonctionnelle, en vue de fusionner, supprimer ou réorienter les structures qui ne remplissent pas une fonction stratégique. L’action publique doit être recentrée sur les fonctions régaliennes et les priorités de développement, avec une allocation optimale des ressources humaines, financières et logistiques.

Enfin, cette refondation nécessite la mise en place d’un système d’information publique et budgétaire transparent, accessible aussi bien aux institutions de contrôle qu’aux citoyens. Un Portail national de performance des services publics pourrait constituer une innovation majeure ; il permettrait de consulter en temps réel les budgets alloués, les indicateurs de performance, les résultats atteints, les recommandations issues des audits et les mesures correctives prises. Ce type d’outil renforcerait la redevabilité sociale, faciliterait l’émergence d’un contrôle citoyen, et participerait à la reconstruction du lien de confiance entre l’État et la population. En rendant visible la performance ou la défaillance des structures publiques, on encourage un nouveau contrat de transparence entre gouvernants et gouvernés.

Ainsi, refonder l’État congolais, ce n’est pas simplement moderniser les outils ou multiplier les réformes de façade ; c’est reconstruire la logique même de l’action publique autour de principes de rationalité, d’intégrité et de résultat. Il s’agit d’un chantier immense, mais nécessaire, si l’on veut sortir du cycle de la stagnation, restaurer l’autorité de l’État et remettre les services publics au service du bien commun.

Conclusion : de la prédation à la performance, un choix de société

La création désordonnée de services publics sans ancrage budgétaire ni justification fonctionnelle est le symptôme d’un État en crise de rationalité. La gouvernance publique ne peut plus se permettre d’être l’otage de logiques de jouissance immédiate ou de clientélisme rampant. L’État doit être repensé comme un instrument de transformation, non comme une machine à redistribuer les rentes.

La refondation de l’action publique passe par l’intégration rigoureuse des cadres théoriques éprouvés de l’analyse des politiques publiques. Il ne s’agit pas de technocratie, mais de lucidité politique : un pays en guerre, appauvri, avec 7 millions de déplacés, ne peut se permettre de gaspiller ses maigres ressources dans des institutions inutiles. Il faut choisir entre continuer à gaspiller ou commencer à construire.

11/07/2025

“COURBETTES A LA MAISON BLANCHE” OU DIPLOMATIE INDIGENTE ? POUR UNE REFONDATION DE LA POSTURE AFRICAINE SUR LA SCENE INTERNATIONALE

Par

Professeur Dédé Watchiba

Introduction : une photo de trop ?

La photographie a circulé abondamment sur les réseaux sociaux : Donald Trump, souriant, assis au centre du Bureau ovale, entouré de cinq chefs d’État africain, debout, visiblement mal à l’aise, en retrait. L’image a suscité une vague d’indignation, certains y voyant l’illustration crue d’un rapport déséquilibré, presque féodal.

Plus qu’une question de protocole, cette scène traduit une crise plus profonde, celle de la dignité diplomatique africaine. À travers les propos condescendants de Trump, les réactions parfois obséquieuses des chefs d’État africains et la scénographie même de la rencontre, s’est rejouée une séquence tristement familière de dépendance symbolique et stratégique.

Cette réflexion interroge les racines de cette posture, ses implications pour les jeunesses africaines, et propose des pistes pour une refondation de la diplomatie africaine sur la base de la gouvernance, de la souveraineté et de la dignité.

I. Une diplomatie du minéral : de la souveraineté au marketing extractiviste

La rencontre du 9 juillet 2025 à la Maison Blanche a été présentée comme une opportunité de valoriser le potentiel économique des cinq pays représentés (Mauritanie, Gabon, Sénégal, Libéria, Guinée-Bissau). Mais les discours prononcés par leurs dirigeants ont surtout révélé une logique mercantile étroite : vendre le sous-sol national au plus offrant. De l’uranium mauritanien au gaz sénégalais, en passant par le lithium, la bauxite ou encore les terres rares, les chefs d’État ont agi comme des agents commerciaux, parfois avec une rhétorique déconcertante jusqu’à suggérer à Trump d’investir dans un club de golf à Dakar.

Ce tournant transactionnel, encouragé par Trump qui a explicitement affirmé passer « de l’aide au commerce », n’est pas illégitime en soi. Mais la mise en scène et le contenu des échanges révèlent une asymétrie de pouvoir. Les États africains n’ont pas présenté une vision souveraine de leur développement, fondée sur la transformation locale des ressources ou sur des partenariats équilibrés. Ils ont plutôt cherché à séduire, à rassurer, à plaire, à tout prix. Or, la diplomatie ne peut être réduite à une opération de charme minéralogique.

II. Humiliations feutrées et mépris diplomatique : entre naïveté et résignation

Les remarques de Trump lors de cette rencontre relèvent moins du folklore que d’un discours problématique, porteur de relents paternalistes. Le président américain s’émerveille publiquement du niveau d’anglais du président libérien (« c’est un bel anglais ! Où avez-vous appris ? »), feint la surprise face à l’apparence juvénile du président sénégalais (« Vous avez l’air jeune… »), et interrompt sèchement le président mauritanien en lui lançant : « Soyez bref, allez droit au but. »

Ces propos ne sont pas anodins. Ils révèlent une perception biaisée et hiérarchisante des relations internationales, où l’Afrique apparaît comme une entité à contenir, séduire ou instrumentaliser, mais rarement à écouter en tant que partenaire stratégique. Le fait que certains chefs d’État aient, dans la même séquence, proposé Trump pour un Prix Nobel de la paix ne fait qu’amplifier le malaise. Il est le symptôme d’un tropisme ancien et dangereux, celui de la dépendance symbolique à l’Occident comme garant de la légitimité et de la réussite politique.

III. Le syndrome de la diplomatie de la mendicité

Le cœur du problème n’est pas la rencontre elle-même, ni même l’intérêt africain pour des partenariats économiques. Il réside dans la posture adoptée. Loin de porter une vision africaine de la coopération internationale, les cinq dirigeants ont incarné ce que l’on pourrait appeler une diplomatie de la mendicité, marquée par un déficit de souveraineté, une quête effrénée de validation extérieure, et une capacité limitée à négocier à partir d’une base stratégique propre.

Cette attitude trouve ses racines dans une gouvernance continentale encore trop dépendante de l’extérieur, peu soucieuse d’auto-détermination, et trop souvent préoccupée par la conservation du pouvoir plutôt que la transformation structurelle des sociétés. À cela s’ajoute une faiblesse chronique des institutions panafricaines, incapables d’offrir une voix collective, digne et respectée face aux grandes puissances.

IV. Restaurer la dignité africaine : gouvernance, souveraineté et leadership transformateur

La dignité diplomatique de l’Afrique ne se décrète pas, elle se construit. Elle suppose d’abord une révolution de la gouvernance interne. Aucun continent ne peut prétendre à la souveraineté s’il ne garantit à ses populations un minimum de justice sociale, de services publics dignes, et de perspectives économiques. Un continent où les élites politiques s’exilent pour se soigner, éduquer leurs enfants ou placer leurs avoirs, perd d’avance toute crédibilité à parler d’égalité entre États.

Ensuite, il faut refonder le leadership africain sur des bases éthiques et stratégiques. Il est temps de passer d’une diplomatie d’appoint à une diplomatie de proposition ; de chefs d’État “en représentation” à des dirigeants porteurs d’agendas structurants. Cela implique de se doter d’une doctrine africaine des relations internationales, cohérente, assumée et affirmée, au-delà des jeux d’allégeance et de survie politique.

Enfin, la jeunesse africaine doit être au cœur de ce sursaut. Elle a besoin de leaders capables d’incarner la fierté, la compétence et l’ambition du continent. Des leaders qui inspirent, plutôt que de donner le spectacle d’un continent à genoux.

Conclusion : “L’Afrique n’est pas un mendiant du monde”

Ce qui s’est joué à Washington est plus qu’une rencontre diplomatique ; c’est le miroir d’une Afrique encore à la croisée des chemins. Soit elle persiste dans une dépendance résignée et symboliquement mutilante, soit elle s’engage résolument dans la voie de la souveraineté, de la gouvernance responsable et de la diplomatie digne.

Il ne s’agit pas de refuser les partenariats. Il s’agit de les négocier avec lucidité, sur la base des intérêts réciproques, et dans le respect des peuples. Car la jeunesse africaine regarde. Elle juge. Et elle attend, avec impatience, une génération de dirigeants capables de faire mentir cette image d’un continent qui courbe l’échine là où il devrait se tenir debout.

Pour une analyse plus approfondie des dynamiques de domination symbolique dans les relations internationales et des pistes concrètes pour restaurer une diplomatie africaine souveraine, je vous invité à consulter l’ouvrage « Le Monde de demain – Regards croisés sur le nouvel équilibre géopolitique mondial » (Dédé Watchiba, Éditions Generis, 2024)

🇨🇩 ACCORD DE PAIX DE WASHINGTONPar Germain Mbeku Ikanga Etant très présent dans les réseaux sociaux, j’assiste à presque...
07/07/2025

🇨🇩 ACCORD DE PAIX DE WASHINGTON
Par Germain Mbeku Ikanga

Etant très présent dans les réseaux sociaux, j’assiste à presque tous les échanges entre nos éminents hommes politiques au sujet de l’accord de paix de Washington que la RDC, notre pays, vient de signer avec le Rwanda et les USA, le 27 juin dernier.
Je considère qu’au lieu de nous lancer des quolibets, nous devons plutôt nous dire que le vin est tiré, il faut le boire.
Je trouve que certaines observations que les uns et les autres avancent auraient été évitées dans le choix de délégués dépêchés à Washington pour négocier les termes de l’accord avant sa signature. D’autres personnes pensent certainement comme moi, mais par solidarité politique, ils préfèrent rester sur leur réserve.

Par là, je ne mets nullement en doute la compétence de membres de cette délégation, bien au contraire, je trouve d’ailleurs que Madame Thérèse Kayikwamba Wagner a dirigé cette équipe de main de maître. Néanmoins, je me demande si la présence des éléments comme Christophe Lutundula et Shé Okitundu, à l’Union Sacré de la Nation, n’auraient-ils pas été plus utile pour l’équipe et pour la Nation ? Le choix que le Maréchal Mobutu avait opéré pour le débat de clarification avec la presse belge, en désignant Maître Kamanda wa Kamanda, Professeur Mpinga Kasenda et Maître Nimy Maidikangimbi pouvait nous servir d’exemple, bien que le problème soit d’une autre nature. Le bon choix des hommes porte une partie de solution au problème.
Pour ce qui concerne cet accord, je me répète, le vin est tiré, il faut le voir.

Je considère que pour le mental des partenaires dans cet accord, la RDC y est allée en position de faiblesse, celle de quelqu’un qui a perdu la guerre, même si une certaine opinion ne veut pas l’admettre. Les deux chefs-lieux de province, du Nord et Sud-Kivu, sont entre les mains du Rwanda et de l’AFC/M23. D’où, cette attitude de condescendance des vainqueurs qui imposent la loi aux vaincus.
A l’issue de la guerre de 39-45, les Alliés ont appliqué sur l’Allemagne cette loi des vainqueurs. Mais aujourd’hui, cela n’a pas empêché à l’Allemagne d’être la première puissance de l’Europe.

C’est là que je considère que les USA nous ont tendu la perche en nous associant à la signature de l’accord de paix, au regard de notre situation militaire et sécuritaire. Nous ne perdons pas tout dans cet accord, car notre force, c’est de devoir appliquer notre loi minière qui réglemente l’exploitation minière dans notre pays. Nulle part, l’accord n’abroge la loi minière de la RDC.
Toutes les sociétés minières, coopératives d’exploitation ou autres doivent se soumettre à nos lois en ce qu’elles prévoient le contrôle des produits par les structures congolaises, les formalités d’exploitation et d’exportation. Etre partenaire dans l’accord ne vous exonère pas de vos obligations légales.
Or, dans le mental de nos partenaires rwandais, après l’accord sera comme avant l’accord. C’est-à-dire dans les bonnes traditions congolaises, chaque Rwandais ou chaque société rwandaise aura son Général, son Ministre… pour s’occuper des activités en RDC au point l’agent congolais va faciliter les minerais en fraude jusqu’au Rwanda.

C’est maintenant que nous devons nous montrer sérieux dans l’application de nos lois pour que la population puisse profiter tant soit peu de ses richesses. Les obligations sociales telles que prévues par la loi minière doivent être respectées par les sociétés qui exploitent en RDC.
Autre chose, depuis 1982, le Gouvernement a libéralisé l’exploitation de l’or au pays. Il a aussi autorisé le transport de l’or à l’intérieur du pays. Pour recueillir l’or ainsi exploité par les exploitants artisanaux, le Gouvernement avait autorisé le fonctionnement des comptoirs d’achat d’or. La Banque Centrale avait, à cette occasion, ouvert une direction d’achat d’or. La Banque communiquait journellement les produits achetés dans les comptoirs d’achats d’or.
La population n’a pas arrêté les activités d’exploitation des minerais. Nous ne nous interrogeons pas de la destination que prend cette production depuis 1997 que les comptoirs d’achats d’or n’existent plus ?
Voilà une des dispositions à prendre pour que la RDC puisse profiter de ses minerais à la faveur de cet accord.

Enfin, les Interamwe, parlons-en. C’est le cafard qui a pourrit la vie des gens dans le Grand Kivu. Pour faciliter à Paul Kagame d’assoir son autorité sur le Rwanda, la Communauté internationale avait demandé à Mobutu d’ouvrir les frontières de son pays pour installer ces interamwe. Le Premier Ministre Kengo wa Dondo a résolu de les renvoyer chez eux. Le Secrétaire Général de l’ONU de l’époque, Boutros Boutros Ghali, était intervenu pour ne pas passer à cette opération, ces réfugiés devaient rentrer chez eux en toute dignité ; cette dignité nous a couté très chère. C’est comme le Sage lega qui parle ‘’des testicules qui se transforment en hernie’’.

A quoi ces effectifs résiduels s’occupent-ils ? généralement à exploiter les minerais. A qui les vendent-ils ? Au Rwanda qui les qualifie de forces négatives. Le dindon de la farce dans cette affaire, c’est la République Démocratique du Congo. Nous devrions profiter de cet accord pour assainir cette situation des Interamwe qui nous a pourrit la vie voilà trente ans maintenant.

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