
03/08/2025
CAMEROUN, ON JOUE AVEC LE PEUPLE
Au Cameroun, l’élection présidentielle prévue pour 2025 ressemble de plus en plus à une saison inédite d’une télénovela politique, version africaine. À la tête du feuilleton, le patriarche Paul Biya, 92 ans bien tassés, dont l’ombre plane sur toutes les intrigues, même s’il semble avoir plus de rendez-vous avec son oreiller qu’avec le Conseil des ministres.
Le RDPC, un parti ou une pièce de théâtre ?
Dans le rôle des prétendants au trône : des ministres aux sourires larges mais aux dents encore plus longues. Chacun parle de loyauté au « Chef de l’État », pendant qu’il aiguise discrètement son couteau politique dans les couloirs sombres de Yaoundé.
Sam Sévérin Ango, par exemple, s’est récemment improvisé shérif du régime en appelant à l’interpellation d’Anicet Ekane pour « outrage aux institutions ». Apparemment, au Cameroun, penser autrement que le RDPC, c’est déjà un crime de lèse-majesté !
Une opposition en mode cabaret
De l’autre côté de la scène, l’opposition essaie de faire son numéro. Maurice Kamto, Cabral Libii et consorts tentent de tenir le public en haleine. Mais entre les interdictions de meetings, les descentes de police et les micros fermés, leur prestation ressemble souvent à un mime en plein marché : tout le monde regarde, personne n’écoute.
Pendant ce temps, les électeurs jouent les figurants, priant pour qu’on ne les appelle pas que pour applaudir ou voter sous surveillance.
La grande question : qui sera le prochain acteur principal ?
Paul Biya jouera-t-il un ultime rôle ? Va-t-il sortir de sa résidence suisse pour lancer une dernière réplique ? Ou laissera-t-il enfin le script à un successeur ? Et surtout… le script a-t-il seulement été écrit ?
Dans cette comédie politico-familiale, chaque jour apporte son rebondissement. Le suspense est à son comble, le décor est vieilli, les personnages mal maquillés, mais le public est toujours là… par obligation plus que par plaisir.
Bienvenue au Cameroun, là où la démocratie est un théâtre permanent, les élections une scène, et le peuple un public qui rit jaune. À défaut de vérité des urnes, au moins, on ne manque pas de spectacle !
Média – Là où la politique est aussi une comédie