17/07/2025
Centrafrique : Les chenilles, « une manne » pour la population centrafricaine
La population de la Centrafrique considère les chenilles comme une véritable « manne ». D'après de nombreux habitants de Bangui, la récolte de chenilles génère des revenus conséquents et contribue à réduire l'insécurité alimentaire. Ce constat a été évoqué lors d'un reportage réalisé par le RVF le mardi 15 juillet à Mbata.
À 10 heures, la commune de Mbata est calme et silencieuse. Le marché est presque désert. Juste à l'entrée de cette commune se situe le bureau de la gendarmerie. Devant ce bureau, deux gendarmes se tiennent debout, et l'un d'eux nous explique que chaque année, pendant la saison des chenilles, près de trois quarts de la population part à la recherche de ces insectes, rendant ainsi la commune presque vide.
Les chenilles, tout comme d'autres produits forestiers non ligneux tels que les champignons et les feuilles de coco (Gnetum africanum), représentent une source de richesse pour cette commune.
Jacques, un résident de Mbata au quartier Camp-Pêcheur, décrit les différentes variétés de chenilles récoltées. Les « Mboyo » sont les plus prisées, se trouvant souvent sur les feuilles des Sapellis, un grand arbre de la forêt dense. Il mentionne également d'autres types tels que les chenilles « guéguéré » et « sounga ». Lorsque les éclaireurs signalent que les arbres commencent à perdre leurs feuilles, les villageois se préparent à la récolte. En une semaine, la population afflue vers les campements.
À 12 heures, des mototaxis chargés de chenilles arrivent à vive allure de Modoukou, Safa Loko, Batalilon, Mokinda, etc, des villages périphériques de Mbata. Ces motos transportent des chenilles soigneusement emballées dans des sacs.
Laurentine, récemment arrivée de Mokinda, décrit son processus : « Je quitte Mbata chaque jour à 4 heures du matin pour me rendre à Mokinda ou dans d'autres villages. Une fois sur place, je marche dans la forêt jusqu'aux campements des pygmées. À 6 heures, ils sont déjà sous les arbres à chenilles, collectant jusqu'à 10 heures. Ensuite, ils nous vendent leurs récoltes avant que je reprenne la moto pour rentrer à Mbata », explique-t-elle, en tant que vendeuse sur le marché.
Des commerçants et particuliers se déplacent même depuis Bangui, la capitale, pour se procurer des chenilles à Mbata. Lisette témoigne : « Je ne suis pas commerçante, mais je viens chaque week-end pour m'approvisionner. Les prix ici sont très abordables. »
Une source de revenus significative
Jouanita Mongbia, une autre vendeuse, partage son expérience : « Je fais le commerce des chenilles depuis neuf ans, durant un à deux mois chaque année. Ce commerce m’a permis de gagner beaucoup d'argent, de payer la scolarité de mes enfants et de subvenir aux besoins de ma famille. Grâce à ce revenu, j'ai pu construire ma maison il y a trois ans. »
Bien que les bénéfices des chenilles soient largement reconnus, Xavier Madomi, maire de la ville de Mbata, souligne l'importance de ces insectes comme une richesse naturelle. Cela permet de lutter contre la crise alimentaire tout en apportant un revenu essentiel : « Pour moi, c'est la manne de la population de Mbata, une richesse qui dynamise la communauté et occupe de nombreux jeunes. »
Les conducteurs de mototaxi expriment également leur satisfaction : « Nous sommes très heureux, car pendant cette période, notre activité est intense. Cette année, j'ai même pu acheter une deuxième moto grâce à ces revenus », témoigne Tibeau, un chauffeur de mototaxi de Mbata.
En Centrafrique, de juin à août, les chenilles apportent un soutien temporaire à l'économie des ménages. Cette année, les vendeuses de Pissa parlent déjà d’une surabondance de chenilles, connues pour leur richesse en vitamines A, B, C et D, et très prisées par la population centrafricaine.
FS Mbagna
MINUSCA
ONU Femmes
Ministère: Promotion du Genre, Protection de la Femme, Famille et Enfant
Fafeca