
25/07/2025
LES MURMURES DE LA COLLINE NOIR
ÉPISODE 7 –M LES PORTEURS DE L'OUBLI
Un silence effrayant suivit la vision du double de Naëla. Un silence si profond qu’on aurait entendu un cœur se briser. Et peut-être c’est ce qui arriva.
Naëla recula, tremblante, les mains serrées contre sa poitrine.
— « Ce n’est pas moi. Ce n’est pas moi. »
Mais Emano, lui, ne bougeait plus. Il fixait le puits, les pupilles dilatées.
— « J’ai vu mon père. Il était là . Il me regardait. Il m’a souri avant de fondre dans l’eau. Mon père est mort avant ma naissance. Comment peut-il ? »
— « Parce qu’ici, Emano, rien ne meurt vraiment. dit Anzel, grave.
Il sortit un talisman fait de cheveux et d’os, et le plaça devant eux. Un faible halo rouge s’en dégagea, comme un dernier rempart entre eux et ce qu’abritait le puits.
— « Ce puits ne garde pas juste les morts. Il garde *les secrets* qu’on sacrifie pour continuer à vivre.
La pièce vibra soudain, comme si le sol respirait sous leurs pieds. Des murmures s’élevèrent des parois. Des voix d’enfants, de vieillards, de mères pleurant.
Et puis un chant. Un chant très doux. Une berceuse.
Naëla s’agenouilla brutalement, les mains sur ses oreilles.
— « C’est la voix de ma mère. Je m’en souviens. Elle me chantait ça avant de disparaître.
Anzel pâlit.
— « Le puits choisit. Il vous attire avec ce que vous avez le plus perdu.
Emano tituba.
— « Il veut que j’entre.
— « Non ! » cria Anzel.
Il attrapa Emano, mais une force invisible le projeta contre le mur. Le garçon glissa vers le puits, comme aspiré.
Naëla réagit. Elle bondit, agrippa Emano de justesse.
— « Tu ne pars pas. Pas seul. Si on doit mourir, on meurt ensemble.
Mais une voix froide, ancienne, s’éleva du fond du puits :
*— Le pacte des porteurs doit s’accomplir. Une mémoire… un pont. Choisissez.
Naëla comprit.
— « L’un de nous doit rester. Et l’autre… porter ce qui vient.
Emano, les larmes aux yeux, serra sa main.
— « Je suis prêt.
Mais Anzel, Ă terre, sanglant, hurla :
— « Non ! Aucun enfant ne doit payer pour la dette des anciens !
Il se leva, chancela jusqu’au bord du puits et se jeta dedans.
Silence.
Puis l’eau se referma.
Le puits s’éteignit.
Et dans l’obscurité, une voix douce murmura :
Le pont a parlé. Mais la dette n’est pas encore effacée.
Naëla et Emano restèrent figés, seuls, au bord du gouffre.
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