25/05/2025
Economie/60e anniversaire de la Bad : sociétés civiles et mouvements sociaux dénoncent un capitalisme déshumanisant
Des organisations de la sociétés civile et des mouvements sociaux de plusieurs pays africains ses sont réunis à Abidjan du 21 au 22 mai 2025 pour réfléchir sur le modèle de développement proposé par la Banque africaine de développement (BADt. Le clou de ces activités a été la visite de terrain, le 23 mai 2025 d’un barrage hydroélectrique financé par cette banque dans le village de Singrobo (Département de Taabo).
Le constat est sans appel pour ces organisations de la société civile et mouvements sociaux venus des quatre coins de l’Afrique : la Bad est le prolongement du système financier international orienté vers l’exploitation coloniale de l’Afrique considérée « comme un territoire de sacrifice, de dette, d’extraction et de domination. »
La visite de terrain effectuée par les délégations à Singrobo a montré que le barrage hydroélectrique construit dans ce village, loin d’impulser le développement local, est au contraire source de maux divers. Elles ont noté que les populations de ce patelin ont subi « des abus » qui se traduisent, entre autres, par « le non-respect de leur droit à un Consentement libre, informé et préalable ». Celles-ci vivent, selon la délégation « dans la crainte de voir leur maison et le peu d’infrastructure qu’elles ont s’effondrer à cause des impacts de dynamites. »
Les mots les plus dures pour fustiger ce capitalisme à visage inhumain sont venus du Coordonnateur de programme et Chargé de la justice sociale de l’Ong JVE-Côte d’Ivoire, Daleba Nahounou qui indique que « Les impacts des projets dit de développement de la Bad sur les femmes et les communautés à travers l’Afrique sont énormes. Des terres arrachées, des populations déplacées, des fleuves et des forêts détruits. La promesse de prospérité et de bien-être de la Bad n’est qu’un leurre. »
Au réquisitoire musclé du représentant de l’Ong JVE-Côte d’Ivoire, Reine Baimey de l’Ong Panafricain éco féministe WoMin Alliance répondra par une condamnation sans appel : « Nous contestons les affirmations de la Bad selon lesquelles, elle représente les intérêts des Africains, promeut le développement et réduit la pauvreté. Notre travail avec nos alliés et les communautés à travers le continent nous montre que la Bad promeut ce que nous appelons, le mal-développement ».
Il faut noter que la Bad organise la 60e assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs et le Fond africain de développement sa 51eme assemblée, du 26 au 30 mai 2025 à Abidjan (Côte d’Ivoire). En marge de ces évènements, les acteurs de la société civile africaine ont organisé « un contre-espace ». Ces manifestations de protestation se tiennent en même temps en Côte d’Ivoire, au Niger, au Burkina Faso, au Cameroun en Guinée et au Mali.
En Côte d’Ivoire, les manifestations ont réuni des délégations venues, en plus des acteurs ivoiriens, des délégations venues de Guinée, du Burkina Faso, du Niger, du Mali, du Ghana, des organisations de la société civile, des mouvements féministes, écologistes, ruraux et panafricains.
Théodore Sinzé