21/08/2025
Chronique :
Protéger l’innocence après la tempête
Par Lauhik NOUMENI...
Journaliste, président de l'association des jeunes engagés pour la promotion de l'excellence
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Lorsque les enfants retenus en otage ont enfin été libérés, j’ai ressenti un immense soulagement. Mais très vite, une autre inquiétude m’a traversé : pourquoi leurs images circulaient-elles déjà, à visage découvert, dans les médias et sur les réseaux sociaux ? Ce doute m’a poussé à faire des recherches. J’ai découvert qu’au-delà du choc, cette diffusion est non seulement dangereuse, mais aussi contraire aux textes en vigueur.
La Convention relative aux droits de l’enfant (CIDE, article 16) reconnaît à tout enfant le droit à la vie privée et à la protection de son image.
La Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (article 10 et 17) insiste sur la protection de l’enfant contre toute forme de stigmatisation ou d’exposition qui pourrait nuire à son développement.
Dans plusieurs législations nationales, y compris au Cameroun, le Code pénal et la loi sur la cybersécurité et la cybercriminalité (2010/012 du 21 décembre 2010) punissent la diffusion d’images portant atteinte à la dignité et à la vie privée, surtout lorsqu’il s’agit de mineurs.
En d’autres termes, exposer publiquement le visage de ces enfants, c’est violer leurs droits fondamentaux.
Mais au-delà des textes, les conséquences sociales sont lourdes : ces enfants risquent désormais d’être réduits à une seule identité – celle “d’anciens otages”. À l’école, dans leur quartier, dans leurs relations, ils peuvent être stigmatisés, surprotégés ou rejetés. Même entre eux, cette exposition peut créer des fractures : certains étant plus visibles que d’autres.
Plus grave encore En diffusant ces images, nous prolongeons leur souffrance et fragilisons leur cohésion sociale. Protéger leur anonymat, au contraire, c’est leur offrir une chance de cicatriser, de se reconstruire et de retrouver leur place d’enfants, sans chaînes invisibles.
La libération a marqué la fin de leur captivité. Mais la vraie liberté celle de grandir sans être prisonnier d’un passé exposé dépend désormais de notre responsabilité collective : respecter la loi et protéger leur dignité.
Peut être que j'ai seulement mal lu ! Prenez moi comme un petit frère
Moïse Benga Merci d'avoir eu un minimum de considération pour ces enfants en flouttant les images. MERCI
(La photo si dessous est juste une illustration)