
22/05/2025
TERRE RICHE, PEUPLE PAUVRE
Le cri des oubliés de Njombe
Ils s’appelaient , , , tous enfants de la terre noire et fertile de Njombe. Leurs mains parlaient la langue du sol, leurs pieds nus connaissaient les secrets de chaque racine. Avant, ils étaient rois sans couronne, maîtres sans titres, vivant en paix avec le rythme des saisons.
Puis, un matin, les tracteurs sont venus. Le chant des oiseaux s’est tu.
À leur place, le bruit sourd des machines, des clôtures dressées, des uniformes et des contrats rédigés dans une langue qui n’était pas la leur.
La terre de leurs ancêtres a été signée, vendue, exploitée.
La PHP – Plantation du Haut Penja – s’est installée comme une reine étrangère, imposant ses lois et ses récoltes.
Aujourd’hui, les fils de Njombe travaillent la terre qu’on leur a volée.
À l’aube, ils se lèvent courbés,
À midi, ils suent pour enrichir d’autres mains,
Et le soir, ils rentrent dans des cases parfois sans électricité, les poches vides, les ventres creux.
Ils sont devenus locataires de leur propre village,
Travailleurs sans droits, sans avenir, sans voix.
Leurs enfants marchent pieds nus à travers les plantations de bananes qu’ils ne goûteront rarement.
Leurs femmes pleurent en silence, devant les dispensaires vides et les écoles sans bancs.
Njombe saigne.
Une terre bénie, exploitée.
Un peuple digne, humilié.
Une richesse immense, mais qui fuit dans les conteneurs maritimes, loin des regards.
Ce n’est plus un village, c’est un champ de silence.
Un musée vivant de l’injustice,
Où les cris des anciens résonnent dans chaque pieds de bananier:
“Nous avons semé la vie, pourquoi récoltons-nous la misère ?”
© Copyright® Léopold Jenner NSANGUE/ SIR NEGRYON