16/12/2025
Toujours d'actualité. 😉
PETIT MANIFESTE 23 POUR LES TEUFEURS
Beaucoup de gens connaissent mon passé de militant, et même si je ne suis plus aussi actif maintenant, je continuerai à soutenir les orgas et les soundsystems... comme je le fais souvent lors des événements. Voici donc un petit manifeste pour essayer de vous expliquer un certain point de vue, surtout à l’attention du jeune public qui vient de nous rejoindre avec certaines idées reçues :
Au début des années 90, nous, les acteurs du mouvement, étions encore assez naïfs et utopiques, avec des valeurs de partage, de gratuité, d’offrir aux gens et de s'investir (en temps et en argent) pour la t**f. Mais les lois et aussi (et surtout) les t**feurs nous ont fait baisser les bras...
Nous avons beaucoup donné, mais nous n'avons rien reçu en retour. Quand les premières donations sont arrivées pour couvrir les frais — car une free party coûte de l'argent — les gens se sont mis à protester... pensant et revendiquant que la t**f est un dû (et peut-être un don du ciel), oubliant que les gens des soundsystems sont des passionnés, mais aussi des personnes comme vous qui, au lieu de s'acheter une voiture neuve, préfèrent investir dans des caissons et des amplis...
Plus tu donnes, plus on te prend... J'ai même vu des gens lors d'une t**f en 97 jeter des canettes contre le soundsystem parce qu'il n'y avait plus de gasoil dans le groupe, et personne ne voulait donner un centime pour participer...
La donation, c'est la P.A.F. : la participation aux frais, et vous devenez ainsi un acteur à part entière de la soirée. Quand un son tourne encore dans l'après-midi, dites-vous que c'est en partie grâce à vous, à vos 2/3 euros que vous avez donnés à la donation...
Lorsque je venais en free parties avec mon camtar pour jouer, je vendais mes cassettes afin de rembourser mes frais d'essence. J'ai vu des gens me demander de leur donner mes cassettes car "le son, c'est free"... :) ...bah voyons, et au dealer, tu lui dis la même chose???
Les gens ont commencé à confondre le terme "free" (libre) avec le mot "free" (gratuit)... Les premières free parties en France étaient gratuites surtout pour attirer du monde car en 1993, ce n'était pas du tout populaire (au premier tekos à Beauvais, nous étions à peine 500 participants).
D'ailleurs, pour éclaircir un peu le sujet, si un gros festival comme Boom ou Monegros décidait de faire une entrée gratuite, mais en gardant la même logistique — des agents de sécurité partout, une fouille à l'entrée, des barrières, etc. — on ne pourrait pas appeler ça une free party juste parce que l'entrée est gratuite...
La free party est avant tout une Z.A.T., une zone d'autonomie temporaire, un endroit où tu es libre (free) de faire ce que tu veux pendant une durée déterminée, tout en respectant les autres et soi-même, de t'habiller comme tu veux, de danser comme tu le sens... une zone de non-droit... un petit microcosme utopique pour doux (ou durs) rêveurs (ou raveurs).
Le mouvement lui-même a dégoûté ses principaux militants. Moi, personnellement, je ne veux plus (et comme beaucoup d'autres) m'impliquer dans la défense de la free. Ça m'a valu des jugements aux tribunaux, des amendes, du sursis, des arrestations... tout ça pour me faire traiter de commercial simplement parce que je vis (et survis) de ma musique...
Et beaucoup de soundsystems qui faisaient dans l'illégalité ont finalement, après trop de jugements, de perte de matériel, de saisies, de casse, décidé d'organiser des événements légaux, dans des clubs, des parcs expo, des salles, des terrains légaux...
Ne leur jetez pas la pierre, car quand ces mêmes soundsystems se sont fait saisir et ont demandé de les soutenir financièrement en envoyant des dons, le total de l'argent récolté était ridicule et honteux quand on voit le nombre de participants à la t**f où la saisie a eu lieu...
Voilà pourquoi les orgas, les soundsystems ont besoin de votre soutien et de votre support. Et moi, je tire mon chapeau à ceux qui s'investissent encore et encore, ne baissant pas les bras malgré les reproches, les insultes...
Et la conjoncture actuelle n'est toujours pas en notre faveur. La musique électronique n'est pas encore tout à fait entrée dans les mœurs, loin de là. Les soirées techno font encore peur, les lois se sont assouplies mais nous subissons toujours le poids des a priori et des préjugés qui varient selon les départements ou régions, et selon la souplesse des élus locaux... (le revers de la médaille de la décentralisation).
Nous ne sommes toujours pas à l'abri d'un arrêté préfectoral de dernière minute qui annule la soirée, le jour même, que ce soit en salle, en club ou en open air...
Que dire quand je vois le nombre de personnes, même s'ils sont une petite minorité par rapport au nombre de participants, insulter les orgas (et les artistes) sur les événements Facebook, parce que le prix d'entrée est de 10 à 30 euros (pour 8 à 10 heures de son), alors qu'il y a la salle à louer, la sécurité imposée, le son loué, les artistes à défrayer et toute une grosse logistique derrière qui coûte très cher...
Ces mêmes orgas, qui vous offraient des free illégales, n'ont plus le choix ni l'envie de se battre avec les forces de l'ordre et la justice (pour les raisons citées plus haut). Ils donnaient de leur temps, argent et énergie afin que, malgré tout, nous, les amateurs de techno, puissions nous exprimer, nous rencontrer, et écouter ce que nous aimons...
Voilà pourquoi nous avons tous besoin de votre support, de votre soutien. Nous devons être unis, que ce soit pour la free ou en salle, car le combat n'est pas terminé, loin de là...
Et comme le dit toujours notre vieil ami Allan : **KEEP THEM DANCING !!!**
**MERCI et RESPECT ... ;)**
**RAVE ON ...**
**Joel/SuBuRbASs**