
23/04/2025
L'IA
Chapitre 1.1 La médaille
Réflexion à haute voix sur l’IA, l’écriture, et le monde qui vient
Il y a quelques jours, j’ai écouté un podcast de Pascal Boniface. Je ne me souviens plus exactement du sujet — sûrement géopolitique, forcément, c’est Boniface — mais une phrase m’a marqué : il a dit qu’il écrivait ses livres en huit semaines. Huit semaines. Et quand on lui a demandé comment, il a simplement répondu : « Je les dicte. Je dicte mes livres sur un dictaphone, et une assistante les remet au propre. »
Et là, je me suis dit… chouette. Et m***e. Les deux à la fois.
Parce que ce mec, il n’a aucun complexe de l’auteur. Il ne cherche pas à faire œuvre de style, à jouer les romanciers. Ce qu’il veut, c’est transmettre sa pensée, brute, directe. Et ça, c’est admirable. Il pourrait le faire autrement, certainement, mais il choisit la simplicité. Il assume. Et moi, pendant ce temps, je suis là, parfois prisonnier de cette idée que si je n’écris pas moi-même, si je ne tiens pas moi-même la plume ou le clavier, alors ce que je fais n’est pas vraiment de moi.
Mais au fond, ce que je fais depuis longtemps, c’est déjà une forme d’oralité : je pense à voix haute. J’utilise un dictaphone, je parle, je réfléchis en marchant, en conduisant, en vivant — et je retranscris après. J’écris lentement. Trop lentement parfois. Parce que j’aime le mot, le verbe, la formule. Mais l’orthographe, elle, me fatigue. Et le temps me manque. Alors j’empile des brouillons, des pensées griffonnées dans des carnets, des idées suspendues.
Et voilà que l’intelligence artificielle entre en scène. Elle me tend la main. Elle me propose d’accélérer. Mais j’ai honte, parfois, de m’en servir. Comme si l’écrit devait être souffrance, lenteur, artisanat. Pourtant, c’est une honte absurde. Parce que l’IA, comme Google à son époque, comme l’imprimerie autrefois, n’est qu’un outil de plus. Un miroir de notre temps. Nos grands-parents n’avaient pas cette vitesse d’accès à la connaissance. Nous, on a Google. Et maintenant, on a ça. L’IA. Et c’est une révolution plus grande encore que marcher sur la Lune.
Alors je l’utilise. Je parle avec elle. Elle m’aide à penser, à formuler. Parfois elle me pousse, parfois je la contredis. Mais au fond, elle est un reflet de moi-même. Elle s’adapte à ce que je veux en faire. Elle n’est ni bonne ni mauvaise. Elle est un prolongement.
Mais voilà ce que je vois venir aussi. Et c’est le deuxième point du premier point.
L’IA va nous faire accélérer de plus en plus vite. Et dans cette course, que ce soit en tant qu’individu, entreprise, ou nation, ne pas prendre la vague de l’intelligence artificielle, ce serait une erreur terrible. L’assurance d’un échec. Un échec profond pour ceux qui n’auront pas compris l’ampleur du virage. Et oui, c’est idéologique. Parce que certains veulent sortir de cette compétition. Mais le monde entier est dans cette course. Que vous soyez croyant ou athée, capitaliste ou décroissant, vous êtes dedans. Parce qu’aujourd’hui, tout le monde cherche à imposer ses idées, son mode de vie, sa pensée.
Et l’IA, ce n’est que le début. Viendront la biotechnologie, le transhumanisme, la réalité augmentée. J’ai lu Le Temps des Chimères de Bernard Werber récemment. Il imagine trois nouvelles espèces hybrides — humaines et animales : dauphin, chauve-souris, taupe — chacune dotée de capacités issues du vivant et de l’intelligence. Ce n’est pas si loin. On greffe déjà des cœurs de porc sur des hommes. On explore déjà l’interface cerveau-machine. Et l’IA va accélérer tout ça.
On a quitté l’ère industrielle, on est déjà dans l’ère numérique, dont la fin sera celle de la robotique. Et sans même s’en rendre compte, viendra très bientôt une nouvelle ère que l’Histoire nommera un jour. L’ère du vivant modifié, de l’homme augmenté, de la machine intime. Et a tout cela, c'est l’IA qui ouvrira la porte. C’est elle qui nous portera jusque là.
PSP