28/11/2025
🇹🇩 | Diplomatie tchadienne : Dr Abdoulaye Sabre livre le ministère aux réseaux mafieux
Dr Abdoulaye Sabre Fadoul, qui avait promis à sa nomination devant les cadres des Affaires étrangères la « fin du népotisme » et le retour du professionnalisme, révèle aujourd’hui un visage totalement contraire : celui d’un ministre d’État aligné, vulnérable, manipulable et entièrement acquis aux exigences des clans mafieux qui dictent la politique diplomatique du régime. Derrière les discours policés qu’il affectionne, Sabre a abandonné tout esprit de réforme pour se transformer en simple exécutant des volontés présidentielles. « Ils le tiennent, et dans un cynisme dont il a le secret, il se dit foutu pour foutu, j’obéis à leurs désirs, et j’affaiblis et j’humilie le président », confie à TchadOne un cadre du ministère, témoin désabusé de la dérive.
La dernière série de nominations diplomatiques relève d’un sabotage institutionnel. Sur les 29 personnes nommées, 22 ne sont même pas issues du ministère. Une liste intégralement transmise par la présidence, selon nos sources. Les exemples de passe-droits sont sidérants : à Paris, un premier conseiller de carrière, rompu aux dossiers sensibles, a été brutalement remplacé par le fils Kogri, 23 ans, un policier mentalement instable et dépourvu de toute compétence diplomatique. Le diplomate écarté, pourtant l’un des plus expérimentés, a été relégué au poste de deuxième conseiller à Bruxelles, comme une punition silencieuse. Au Koweït, le premier conseiller n’est rien d’autre que l’ancien huissier de Paris, un individu semi-lettré, sans formation, sans maîtrise des enjeux, et parachuté dans un poste stratégique pour le seul bénéfice du réseau clanique auquel Sabre s’est entièrement soumis. « C’est une humiliation institutionnelle, un mépris assumé pour notre métier », fulmine un syndicaliste du ministère, dénonçant une « destruction méthodique de la diplomatie tchadienne ».
Ce que l’on observe est une colonisation totale du ministère par les clans dominants. Le mérite, l’ancienneté les compétences ont été effacés au profit d’un système où les postes sont distribués comme primes de fidélité politique. Les cadres, certains bloqués depuis plus de dix ans sans la moindre mobilité, voient leurs perspectives définitivement enterrées. Pour beaucoup, Sabre n’est plus un ministre : il est devenu l’instrument docile d’un pouvoir qui méprise profondément l’institution qu’il dirige. « Il s’est vendu à Kaka et ses courtisans, il n’a plus aucune marge, il exécute, point », glisse un autre cadre, amer.
Le fossé entre les promesses flamboyantes de réformes et la réalité des nominations est abyssal. Le ministère, déjà fragilisé par une décennie d’ingérences, se retrouve aujourd’hui déstructuré, humilié, vidé de sa substance. Quand ceux qui sont censés garantir l’ordre administratif foulent aux pieds les règles élémentaires, que reste-t-il pour maintenir la motivation, l’éthique et la loyauté des serviteurs de l’État ?
Les syndicats, en colère, promettent de se prononcer bientôt. Dans un contexte où la diplomatie tchadienne devrait être un levier stratégique, elle devient le théâtre d’un népotisme décomplexé et d’un effondrement moral orchestré depuis le sommet.
Correspondance particulière TchadOne à N’Djamena.