23/11/2025
Ma sœur,
Aujourd’hui, cela fait 35 ans que tu es partie… et pourtant, certains souvenirs restent plus vivants que jamais.
Je nous revois petites, à Plounéour, sur le terrain de Marraine.
C’était notre royaume, notre liberté totale.
Dès que nous arrivions, on filait vers la mer sans perdre une seconde,
comme si le monde nous attendait là-bas.
On passait des heures, épuisettes à la main,
à pêcher des crevettes et des gobies
dans cette piscine naturelle que la mer nous laissait à marée basse.
C’était notre mare aux gobies,
notre trésor, notre terrain de jeu secret.
Nous étions trempées, salées, éclatantes de rire,
fières de nos petites prises comme si c’étaient des trophées.
Et puis il y avait ces parcours d’aventure improvisés,
à sauter de rocher en rocher,
en évitant les taches de mazout
comme si c’était un jeu de survie inventé rien que pour nous.
On avait le monde sous nos pieds,
et rien ne semblait impossible.
Ce souvenir-là, je le garde comme un refuge.
Il me ramène à toi telle que tu étais :
vive, joyeuse, libre, lumineuse.
C’est un coin de notre enfance qui n’a jamais vieilli,
un endroit où tu es encore là,
à côté de moi, les pieds mouillés et le sourire large.
Tu me manques, ma sœur.
Dans les grands moments comme dans ces minuscules éclats de vie
qui faisaient notre complicité.
Aujourd’hui, je retourne à Plounéour dans ma mémoire,
et je garde ton rire dans le creux de mon cœur.
J’espère que, là où tu es,
tu sais que je t’aime — toujours.