16/08/2024
Ce spectacle n’en est pas un, parce qu’il s’agit en fait d’une traversée sans destination. Une tentative perpétuelle pour créer le motif d’un vivre-ensemble autour d’une pratique des corps vivant, parlant. Son propos persiste à interroger les traditions comme le soc de la réalité humaine, qui nous implante dans une histoire et nous donne les moyens de créer du sens. Mais il ressasse aussi les pertes, les coupures et les infidélités du récit, et du discours qui le porte. Le chant doit procéder comme un enchantement, pour réconcilier l’impérieuse faiblesse du corps humain avec l’obscure puissance de sa parole, et protéger la société.
Après une année d'expériences et de doutes (et après avoir acheté un vrai casque de mixage), j'ai enfin publié enfin le documentaire sur le projet « Entre Nous Soit Dit », à partir du livre éponyme de Jean-Pierre Renault.
C'est un exercice de démocratie culturelle mis en œuvre par la Maison du Patrimoine oral de Bourgogne, dans le cadre de la Fabrique sociale orale.
Pour ce projet, monté suite aux confinements dus à l'épidémie de COVID, il s'agissait de recourir à l'écriture populaire et à la musique traditionnelle pour élaborer, comme le chant d'un grand chœur, une forme d'expression collective et démocratique.
Mon travail se positionne à la toute fin du projet, après deux années de travail des chœurs, lors de la semaine de résidence qui précède son unique représentation, le 14 juillet 2023.
Dans un contexte social tendu par des émeutes faisant suite à la mort d'un jeune tué par la police à Nanterre, une cinquantaine de chanteurs amateurs, venus de toute la Bourgogne, s'est réunie à la Maison du Beuvray pour une semaine de répétitions. J'ai pu assister à ces journées de rencontres, de travail et de retrouvailles, avec mes micros. Jusqu'alors étrangère au projet, j'avais peur de ne pas en saisir la matière vive ; j'ai donc mis des micros partout !
Résultat : beaucoup d'heures de rushs, mais surtout beaucoup de tenue dans l'histoire que j'ai captée. Et un pas en avant pour moi car le processus de montage m'a forcée à prendre la parole, pour la première fois : la durée des épisodes rendait indispensable d’expliquer ce qu'il en était des contraintes et des confrontations mises en lumière par les participants. Et de justifier, aussi, l'ordre dans lequel je les agençais.
Donc, un temps de production long pour une série de podcasts tout aussi longue puisqu'elle compte 6 épisodes de documentaire de 25 min chacun, et 5 épisodes de concert - car je n'ai pas résisté à la tentation de partager celui-ci, avec la présentation détaillée qu’en faisait le directeur artistique à quelques jours de la représentation. Le chant s’ouvre sur un rappel situationniste : « Ceci n’est pas un spectacle ! ». Mais alors, c’est quoi ?
Découvrez-le dans toute sa complexité sur mon site et sur celui de la Maison du Patrimoine oral de Bourgogne.
« S’il y a des territoires qui tiennent à être chantés, ou plus précisément, qui ne tiennent qu’à être chantés, s’il y a des territoires qui tiennent à être marqués de la puissance des simulacres de présence, des territoires qui deviennent corps et des corps qui s’étendent en l...