18/06/2025
🇫🇷⚔️ Les héros du 18 juin (dont personne ne parle).
🪖 Ils n'ont pas entendu l'appel du général De Gaulle du 18 juin 1940. Certains ont en revanche entendu l'appel à cesser le combat du maréchal Pétain la veille.
🇫🇷🇮🇩 Pourtant, ils sont français, polonais et vont réussir à arrêter les allemands contre toute attente, alors que l'ennemi est à Paris depuis 4 jours et qu'ils sont complètement encerclés.
📌 Voici l'histoire de la Bataille du Canal de la Marne au Rhin, dans le Sud du département de la Moselle.
📖Au 17 Juin 1940, la situation est catastrophique en France. Le gouvernement est à Bordeaux, les allemands à Paris, et progressent vers la Loire. À l'Est, Guderian atteint la frontière suisse, achevant l'encerclement des 500 000 hommes du Groupe d'Armées n°2 et du reste de la ligne Maginot.
La situation sur la ligne Maginot de l'Est avait empiré de jours en jours.
📅 Le 12 juin, l'ordre de repli général du de toutes les armées du Nord-Est a été donné, et devait s'opérer en 3 temps, les 14, 15 et 17 juin 1940.
📅 Le 14 juin, les allemands avaient attaqué massivement le secteur fortifié de la Sarre (Opération Tiger) pour percer la ligne Maginot mais avaient échoué. Cependant, les troupes avaient du se retirer durant la nuit, suivant l'ordre de repli, ne laissant sur place que des éléments ret**dateurs.
📅 Le 15 juin, les allemands perçaient finalement la ligne Maginot dans le secteur de la Sarre et suivaient de près les français qui retraitaient tout comme ils arrivaient sur les arrières des autres secteurs fortifiés, annulant de ce fait le repli ordonné par Weygand, bien que la majorité des unités l'avaient entamé. Le même jour, ils attaquaient massivement sur le Rhin dans le cadre de l'opération "Klein Bär et prenaient pied sur l'autre rive.
📅 Le 16 juin, les combats sur le Rhin se poursuivaient, et en Lorraine, les allemands avançaient vers le Sud. Les français et les polonais (car une division polonaise était présente en Lorraine sur la ligne Maginot) mènent des combats ret**dateurs pour permettre aux autres troupes d'évacuer le secteur, sur une profondeur de 65km jusqu'à Baccarat. Les polonais n'hésitent pas à se sacrifier et à se battre jusqu'à l'anéantissement et pour cause : ils se croient considérés comme des francs-tireurs par les allemands et donc promis à l'exécution dans le cas où ils seraient faits prisonniers. Du côté allemand, on affirmait que les polonais ne faisaient pas de quartier et achevaient tous les blessés.
🇨🇭 Le 17 juin, les PanzerDivisions de Guderian atteignent Pontarlier et la frontière suisse. Les armées du Nord-Est sont encerclées. Il n'y aura plus d'évacuation. La boucle est désormais bouclée. L'ordre de repli général est annulé, et sur toute la ligne Maginot, l'ordre est donné de tenir jusqu'au bout. Il ne reste désormais plus que les équipages de forteresse dans leurs ouvrages, casemates et blockhaus prêts à livrer un combat désespéré, toutes les autres troupes d'intervalle, les réserves, le génie, les divisions mobiles étant parties.
Les troupes de la ligne Maginot qui avaient déjà évacuées, comme celles de la Sarre, se retrouvent près de Sarrebourg et ne peuvent être embarquées par train comme elles auraient du. Une nouvelle ligne de défense se met en place sur le canal de la Marne au Rhin pour tenter d'arrêter les allemands déferlant depuis la Sarre. Ces troupes de la ligne Maginot, qui ne s'étaient encore jamais battues pour certaines, vont livrer ce combat de toutes leurs forces. Les soldats sont acculés par les allemands venant de la Sarre mais aussi par l'avancée allemande venant du Sud de la Lorraine.
Nous parlerons ici notamment de la résistance des polonais, non loin de Dieuze et Sarrebourg. 🇲🇨
🔍 Au total, sur tout le front en Lorraine, six corps d’armée français sur le front de la Meuse et du canal de la Marne au Rhin livrent bataille aux 1re et 16e armées allemandes. La lutte est acharnée, désespérée. Sur un front de 80 kilomètres, les fantassins se cramponnent aux berges, les derniers chars contre-attaquent. Légionnaires, coloniaux, tirailleurs, grenadiers polonais, soldats des troupes de forteresse luttent au coude à coude.
⚔️ En ce 17 juin, les polonais de la 1ère DIP continuent de se battre pour ret**der les allemands jusqu'à épuisement des munitions, au Nord du Canal de la Marne au Rhin, notamment près de Dieuze. Plus d'un millier sont finalement capturés, à court de munitions. Dans ce secteur, les allemands ont en grande majorité seulement de l'infanterie à opposer en français, les blindés et l'artillerie sont ret**dés par les inondations et les destructions opérées par les français. Les français du 20e Corps d'Armée sont en position également sur le canal.
Mais les allemands progressent. Vers 20h, ils parviennent à franchir le canal de La Marne au Rhin entre Xures et Lagarde par le 2e régiment de grenadiers polonais, ces derniers n'aillant pas hésiter à charger baïonnette au canon avec leurs officiers en tête.
👉 Le soir, des compagnies de chars français du 20e BCC interviennent et stabilisent la situation, les allemands se retirent précipitamment, mais il y a une très mauvaise coordination avec les forces polonaises. Un char français abat même un lieutenant polonais qui le guidait. Une fois le canal repris à hauteur de Lagarde, les chars français se replient pour la nuit.
La bataille ne fait que commencer. Une chose est sûre : Les allemands ne s'attendaient pas à une telle résistance le jour même de l'appel à cesser le combat. 🛡
Le 18 juin, c'est le 2ème jour de la Bataille du Canal de la Marne au Rhin.
⚔️ Depuis la veille, les Franco-Polonais 🇫🇷🇵🇱 qui ont retraité de la ligne Maginot, et qui sont désormais encerclés, tiennent ces positions fermement face à un ennemi qui n'attendait absolument pas une telle résistance. 💪
"Les derniers chars français valides sont rassemblés et lancés contre les Allemands dans une contre-attaque sur un front de 125 kilomètres entre Nancy et Sarrebourg." 💥
La veille, 17 juin midi, le maréchal Pétain, nouveau chef du gouvernement, a déclaré sa volonté d’arrêter le combat. 🗣️ Son allocution n’a aucune influence sur la volonté de lutte des soldats du 18 juin : troupes de forteresse, coloniaux, grenadiers polonais,... Européens et Africains se battent avec la rage du désespoir. ✊ Ils n’ont pas connaissance de l’appel du 18 juin, qui ne sera diffusé de Londres que le soir. Ces combattants sont en quelque sorte gaullistes avant l’heure officielle. 🇫🇷 (Jean-Pierre Richardot «100.000 morts oubliés» Le Cherche-midi)
Au matin du 17 juin, le 5e bataillon de Mitrailleurs arrive sur les berges du canal de la Marne au Rhin. L’ordre est donné : résister sans reculer. 🛡️ Le 5e BMA doit défendre le pont de Parroy, tandis que celui de Mouacourt est protégé par le 1er Bataillon du 174e RIF. Le 96e Bataillon de Chasseur est positionné sur le passage de l’écluse d’Hénaménil. 📍
Le Lieutenant Bernadet, commandant du 5e BA, dispose donc ses sections entre le canal et la forêt de Parroy. Toutefois, les troupes sont épuisées par ce long retrait et les attaques répétitives des forces allemandes. 😩 Désorganisées, avec des effectifs réduits, les forces françaises manquent de munitions et doutent face aux rumeurs d’armistice. 😔
Le 18 juin, les Allemands attaquent Parroy : le pont saute à moitié faute de munitions pour l’artillerie. 💣 Les Français sont submergés par les forces allemandes présentes sur terre comme dans le ciel mais le 5e BMA résiste au mieux. 😤
Vers 13h00, les Allemands lancent une grande offensive et traversent le canal. Les combats durent une heure mais le bataillon, désarmé, est dans l’obligation de se replier encore. ➡️ Il comptera au moins 12 morts, inhumés dans le cimetière de Parroy. 🕊️ Les pertes allemandes sont inconnues mais certains habitants parleront de cinq camions remplis de cadavres, dont le Lieutenant Henkell (gendre de Ribentropp). Les villageois seront menacés pendant plusieurs heures d’être exécutés mais seront épargnés. 🙏 La prise du pont ne sera pas d’une grande utilité aux troupes allemandes puisque la route de Lunéville sera ouverte par la prise d’Hénaménil.
Côté polonais, le 18 juin à 9 h, un bataillon du 468e IR reprend sous le commandement du major Altmann l'offensive sur le canal de la Marne au Rhin. 🇵🇱 Trois heures durant, il est repoussé. Quand la rumeur de pourparlers en vue d'un armistice se répand, c'est la consternation dans les rangs polonais. 😱 À quoi ont servi les sacrifices de la veille ?
Dans l'après-midi, l'artillerie allemande éteint une à une les mitrailleuses de la 1er DGP puis du 348e RI repliées dans les lisières. Quand ce régiment acculé au sud-est de la forêt de Parroy cède le village d'Emberménil, l'état major du général Hubert, commandant du 20e corps d'armée, refuse d'envoyer de nouveau les chars du 20e bataillon de cavalerie, toujours en réserve. 🚫
Pourtant, les combats continuent au corps à corps dans le bois du Tilleul, dans les rues de Vaucourt et de Xousse. 👊 Les Polonais croient que les Allemands ne font pas de prisonniers, et les Allemands, de même, pensent également que les Polonais n'en font pas. Les combats sont hargneux. Les blessés sont achevés. 💔
Les canons polonais tirent à plat sur les fantassins allemands, hausse 800 mètres, avant de se replier en bon ordre sous les coups de mortiers. 💨 Dans la soirée, le bataillon de reconnaissance de la 368e ID, commandé par von Stetten, s'engouffre dans l'espace abandonné par le 348e RI et atteint la route nationale 4 à hauteur de Thiébauménil.
Le 3e Bataillon du 1er RGP, commandé par Fuglewicz, tient alors toujours le canal à Moussey, seize kilomètres au nord-est, mais l'ordre de repli a été donné. En effet, sur le front sud, Belfort est tombé ce même 18 juin. 😔
Les Allemands ne croyaient faire qu’une bouchée des Français, mais ils sont très surpris en perdant dans cette seule journée du 18 juin plus de 2000 tués. 🤯 Il y a environ 1100 morts du côté français, rien que la journée du 18. 🇫🇷
La lecture du journal de marche de la 60e division allemande d’infanterie, engagée contre le 133e régiment d’infanterie de forteresse, nous donne une idée précise de la résistance des troupes françaises :
« 18 juin, l’attaque d’un autre bataillon ne permet pas de poursuivre l’avance en raison de la supériorité du feu ennemi. 🔥 14 h 30, des éléments avancés vers Réchicourt doivent être repliés avec des pertes du fait d’une contre-attaque française. 💥 16 h 15, l’escadron cycliste reçoit l’ordre d’attaquer sur Réchicourt et Blâmont. La mission ne peut être remplie en raison d’une forte défense ennemie. 🚧 17 heures, la traversée de Réchicourt et du bois de Ketzing, qui sont toujours tenus par des éléments ennemis, provoque de nouvelles pertes. 😥 21 heures, un de nos régiments, le 244e, avec deux bataillons en ligne, est bloqué sur les pentes de Réchicourt. Les Français continuent à se battre dans la forêt, de ce fait nos pertes sont élevées. »
La vigoureuse défense opposée aux deux armées allemandes (1re et 16e) par les fantassins français ne permet pas aux assaillants de pousser aussi loin qu’ils l’avaient envisagé. Le général allemand von Schobert, commandant du 7e corps d’armée, le reconnaît en écrivant : « Après l’usure des combats sans relève de mai-juin dans les Ardennes, après huit nuits de retraites effectuées dans les pires conditions, je ne croyais pas les Français capables d’une telle résistance. » 👏
L’hommage aux troupes françaises du front de la Meuse et du canal de la Marne au Rhin est également contenu dans cette phrase du général allemand Loch, commandant la 71e division d’infanterie : « Les Français se sont défendus avec vaillance, même lorsqu’il n’y avait plus aucune issue pour eux. » 🫡
Mais les lignes sont désormais brisées, et les unités françaises, décimées, vont former partout des poches de résistance. Des régiments luttent sans ordre, sans liaison. 💔 La ville d'Epinal par exemple, est prise après d'intenses combats alors que les Allemands pensaient entrer dans une ville déserte. Les Français utilisent même les anciens forts Séré de Rivières datant d'avant la 1ère Guerre Mondiale autour de la ville pour tenir plusieurs jours durant face aux Allemands. 🏰
Quant aux troupes polonaises, le général Sikorski, commandant en chef de l'armée polonaise en exil, transmet sa décision de répondre à l'appel du général De Gaulle et de continuer le combat aux côtés des Anglais. 🇬🇧 L'appel à cesser le combat annoncé par Philippe Pétain, délie la division polonaise de sa participation au corps d'armée français. 🇵🇱
Le général Duch, qui s'est vu précédemment refuser de reformer de façon plus efficace son ordre de bataille, n'obtient de retirer ses troupes à Baccarat pour tenter de rejoindre la Suisse qu'après accord du général Condé, commandant de la 3e armée, le 20 à midi. 🇨🇭
Elles comptent entre 40 et 60 % de pertes. 😢 Elles se retirent vers les Vosges par Raon-L'Etape où elles livrent encore combat. La retraite polonaise continue à travers les Vosges vers Saint Dié quand le 21 juin à 8 h le code « 4444 » est transmis, signifiant la destruction des armes et des documents et l'ordre de rejoindre individuellement Londres par les ports du sud de la France, ce que tous ne parviendront pas à faire..... ⚓
Aujourd'hui, nous avons une pensée pour ces soldats franco-polonais tombés au combat en se battant avec l'énergie du désespoir, ainsi qu'à toutes les victimes oubliées de ce conflit 🙏
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Sur l'image : Le pont détruit sur le bief 23 du canal de la Marne au Rhin, à Dombasle-sur-Meurthe.