24/01/2020
Rendez-vous le 1er février 😈
/// 🎙 Entretien avec Harbor Concept, collectif Rouennais, qui monte !
Thibault Rubin : président du collectif
Eva Canis : vice-présidente
Antoine Raspilaire : directeur artistique du pôle com
■ 𝗘𝗻 𝗾𝘂𝗲𝗹𝗾𝘂𝗲𝘀 𝗺𝗼𝘁𝘀, 𝗽𝗼𝘂𝗿𝗿𝗶𝗲𝘇-𝘃𝗼𝘂𝘀 𝗽𝗿𝗲́𝘀𝗲𝗻𝘁𝗲𝗿 𝗛𝗮𝗿𝗯𝗼𝗿 𝗖𝗼𝗻𝗰𝗲𝗽𝘁 ?
Thibault : On a voulu faire un truc qui nous ressemblait nous surtout, c’était vraiment ça qui nous tenait à cœur. C’est un groupe de potes, et de ce groupe de potes on en a fait un projet, projet qui nous a tous rassemblés. On a voulu garder cette ambiance, cette attitude qu’on a dans la vie de tous les jours entre nous, le remettre dans le concept. Ça a plutôt bien marché. Nous, ce qui nous tenait à cœur, c’était la techno bien brute, hardcore, on s’est tous retrouvé là-dedans. Le nom vient de mon village natal, qui s’appelle Port-mort en anglais Pearl Harbour et le concept découle de ça.
■ 𝗤𝘂’𝗲𝘀𝘁-𝗰𝗲 𝗾𝘂𝗲 𝘃𝗼𝘂𝘀 𝗽𝗿𝗼𝗽𝗼𝘀𝗲𝘇 ?
Antoine : On propose des grosses soirées, c’est parti aussi d’un constat… sur la ville de Rouen il avait un certain « manque » de soirées sur la scène électro, et particulièrement de la musique que nous, on écoutait, on était obligé de faire des déplacements, que ça soit à paris, à Lille... Et quand on regarde il y a une espèce de diagonale du vide de ce genre de soirée. On s’est dit que ça ne devait pas être si compliqué de devenir acteur, on a décidé de le faire, de mettre un pied dedans, et au final, on a réussi à s’ajuster jusqu’à présent très bien pour donner le maximum.
Thibault : On a amené ce concept, avec nos musiques et les artistes insolent, Koruption et Matrheim, qui sont nos résidents.
■ 𝗩𝗼𝘂𝘀 𝗼𝗿𝗴𝗮𝗻𝗶𝘀𝗲𝘇 𝗹𝗮 𝘀𝗼𝗶𝗿𝗲́𝗲 𝗗𝗲𝗮𝗱𝗹𝗶𝗴𝗵𝘁 𝗮𝘂 𝗦𝗽𝗼𝘁 𝗰𝗲 𝟭𝗲𝗿 𝗳𝗲́𝘃𝗶𝗲𝗿. 𝗤𝘂’𝗲𝘀𝘁-𝗰𝗲 𝗾𝘂’𝗲𝗹𝗹𝗲 𝗮𝘂𝗿𝗮 𝗱𝗲 𝗽𝗮𝗿𝘁𝗶𝗰𝘂𝗹𝗶𝗲𝗿 ?
Antoine : Déjà, on a l’honneur d’être aligné par le Spot club à coté de Casual Gabberz qui est un gros crew qui nous plait à tous et qui est hyper connu. Donc un certain poids sur les épaules. Ils font une musique qui est hyper core et qui dit énormément de choses. Pour la soirée on a décidé de mettre en avant aussi des artistes de différents styles de musique qui peuvent être en parallèle ce que propose Casual Gabberz. On sait qu’il y a des gens qui ne sont pas forcément fans de hardcore, de frappecore ou du gabbers, l’idée c’était que chacun puisse s’y retrouver.
■ 𝗟𝗲 𝗰𝗼𝗹𝗹𝗲𝗰𝘁𝗶𝗳 𝗖𝗮𝘀𝘂𝗮𝗹 𝗚𝗮𝗯𝗯𝗲𝗿𝘇 𝘀𝗲𝗿𝗮 𝗟𝗲 𝗵𝗲𝗮𝗱𝗹𝗶𝗻𝗲𝗿 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝘀𝗼𝗶𝗿𝗲́𝗲 𝗗𝗲𝗮𝗱𝗹𝗶𝗴𝗵𝘁. 𝗖𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗰̧𝗮 𝘀’𝗲𝘀𝘁 𝗼𝗿𝗴𝗮𝗻𝗶𝘀𝗲́ ?
Thibault : On s’est très bien entendu avec Le Spot Club, c’est cool, avec eux. C’est notre troisième soirée là-bas. De fil en aiguille, Fabien le directeur artistique, nous a envoyé un message comme quoi il allait faire venir Casuals Gabberz et qu’il comptait sur nous pour le reste de la soirée. C’est un crew qu’on écoute tout le temps ensemble, c’est un super délire, du coup on était obligé de prendre cette opportunité.
■ 𝗟𝗲𝘀 𝗮𝘂𝘁𝗿𝗲𝘀 𝗮𝗿𝘁𝗶𝘀𝘁𝗲𝘀 𝗾𝘂𝗶 𝗼𝗳𝗳𝗶𝗰𝗶𝗲𝗿𝗼𝗻𝘁 𝗮̀ 𝗹𝗮 𝗗𝗲𝗮𝗱𝗹𝗶𝗴𝗵𝘁 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝗢.𝗡.𝗟. ; 𝗗𝗶𝗰𝘁𝗲𝗻𝘁 𝗥𝗼𝗼𝗺 ; 𝗜𝗻𝘀𝗼𝗹𝗲𝗻𝘁. 𝗣𝗼𝘂𝗿𝗿𝗶𝗲𝘇-𝘃𝗼𝘂𝘀 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁𝗲𝗿 𝗰𝗲 𝗹𝗶𝗻𝗲 𝘂𝗽 ?
Antoine : O.N.L, on le connait depuis assez longtemps. Il est revenu à la charge récemment, avec sa patte à lui, notamment un remix de Mr. Oizo qui est très méchant. Il sait tenir des platines. Il a fait des performances au château de Carano qui étaient assez fat. Quand il va arriver ça va être tout autre chose dans la soirée. Un autre style. Insolent c’est notre gars de chez nous, il vient de la free. C’était une cohérence globale de l’aligner à côté de casual gabbers, il peut mixer sur vinyles, sur cdj etc. Il est très polyvalent et au final même en venant de la t**f, il a une certaine emprunte techno qui est carrément intéressante.
Thibault : il fait le pont entre les deux mondes, et c’est ça aussi qui fait son coté spécial.
Antoine : Et Dictent Room pour son coté mélodieux, il arrive à mettre des symphonies, à trouver une adéquation, un vrai mood entre la techno brute et quelque chose de plus musicalement doux.
Thibault : Pour un warmup ça collait bien, on aime inviter des artistes émergents pour les mettre en avant à côté des têtes d’affiche.
■ 𝗟𝗮 𝗽𝗿𝗼𝗴𝗿𝗮𝗺𝗺𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝗲 𝗰𝗲𝘁𝘁𝗲 𝘀𝗼𝗶𝗿𝗲́𝗲 𝗲𝘀𝘁 𝟭𝟬𝟬 % 𝗙𝗿𝗮𝗻𝗰̧𝗮𝗶𝘀𝗲, 𝗲𝘀𝘁-𝗰𝗲 𝘂𝗻𝗲 𝘃𝗼𝗹𝗼𝗻𝘁𝗲́ 𝗱𝗲 𝘃𝗼𝘁𝗿𝗲 𝗽𝗮𝗿𝘁, 𝘂𝗻 𝗽𝗮𝗿𝘁𝗶 𝗽𝗿𝗶𝘀 ?
Eva : Ça s’est fait comme ça, en fonction de la cohérence du line up.
Thibault : Et puis on avait fait venir des gars de berlin à notre deuxième soirée, Blame The Mono qui est très cool, et on en refera venir de l’étranger dans les prochaines soirées. Ça nous tient à cœur car il y a des sacrées empruntes techno ailleurs, surtout en Europe. Pour la soirée Deadlight, on a fait venir des artistes qui gravitaient autour de nous. On va se vanter un peu mais, la scène française est très bonne, donc parfois c’est cool aussi de rester dans le secteur.
Comment votre initiative a-t-elle été accueillie par le public rouennais ?
Eva : Après notre première action de lancement à La Friche Lucien, les gens étaient trop chauds, « on attend que ça d’avoir des events techno à Rouen ». Ils en redemandaient encore et encore, ils demandaient au vigile « c’est quand la prochaine ? ». C’est génial.
Thibault : C’était aussi un pari, certes la place était vide pour ce type d’évènements, mais est-ce qu’il y aurait du monde ? On a pris ce pari là et derrière, ça a bien marché, ça a bien suivi. Les gens étaient hyper réceptifs et ça c’était génial parce que, quand on travaille pour ça on se donne à fond. Ça nous prend beaucoup de temps, surtout eux qui sont à la com, ils font un travail monstrueux. C’est génial ce qu’ils font, on est fier de ça.
■ 𝗦𝗲𝗹𝗼𝗻 𝘃𝗼𝘂𝘀, 𝗽𝗼𝘂𝗿𝗾𝘂𝗼𝗶 𝗹𝗮 𝘀𝗰𝗲̀𝗻𝗲 𝘁𝗲𝗰𝗵𝗻𝗼 𝗮-𝘁-𝗲𝗹𝗹𝗲 𝘀𝗮 𝗽𝗹𝗮𝗰𝗲 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝘂𝗻𝗲 𝘃𝗶𝗹𝗹𝗲 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲 𝗥𝗼𝘂𝗲𝗻 ?
Eva : la scène techno à Rouen c’est indispensable. On l’a vu à l’époque de l’undeground, il y avait une grosse communauté rouennaise qui se bougeait, l’époque du Yolo, de la Bodega, il y avait vraiment un engouement à travers ce style de musique, il y a des artistes incroyables qui sont passés ici.
Sociologiquement parlant, un mouvement de musique libre, ça permet d’être dans le partage et l’ouverture à l’autre. Ça permet de créer du lien entre les personnes de différents horizons.
Antoine : c’est ça qui est cool aussi, c’est de se rendre compte qu’au final, il y a une soirée qui se passe de 23h30 à 6h30. Sur ce format-là, on se rend compte que ça plaît à des gens auxquels on ne penserait pas, inattendus, et qui reviennent à chaque soirée. Ça fait vraiment plaisir, maintenant, je pense que dans toutes les villes il y a une nécessité en soi, parce que la musique élimine les frontières.
Thibault : C’est une musique qui est très ouverte, qui revendique l’ouverture d’esprit. C’est un peu comme chez MacDo chez nous, on vient comme on est, c’est ça le maître mot. Moi je n’aime pas aller dans des endroits où je vais me sentir jugé, ou me sentir trop différent. J’aime bien me sentir comme je suis et pouvoir être moi-même. C’est ça qu’on veut transcrire dans nos soirées. Il y vraiment cette idée de respect de l’autre, de bonne ambiance sans embrouille.
Eva : On veut fédérer des gens de tous les âges, de tous les milieux autour d’un moment de liberté.
Notre concept se décline autour du débarquement, notre objectif c’est aussi de mettre en avant la culture de la Normandie, notamment dans notre identité visuelle.
Thibault : C’est important d’avoir ce genre de mouvement pour la culture parce que c’est une sous-culture. La culture c’est très vaste, ça peut être le cinéma, la danse, la musique, etc. Si on s’arrête à un style de musique, on ne peut pas dire qu’on soit un grand mélomane. Un grand amateur de musique selon moi doit avoir la curiosité, l’envie d’écouter des sons et d’en découvrir. C’est aussi l’envie de faire découvrir notre univers musical aux rouennais qui nous porte. Pour la house il y a ce qu’il faut, pour le commercial il y a ce qu’il faut, pour le rap il y a ce qu’il faut, mais nous dans ce cas-là, nous on est où ? Pourquoi nous on n’a pas notre mot à dire sur l’offre culturelle ? Du coup c’est bien pour les gens qui adhèrent à cette culture puis c’est bien pour l’ouverture d’esprit de tout le monde, moi je suis tombé dedans assez t**d par rapport à mes potes, et j’ai trouvé ce truc là j’ai pris la claque de ma vie, depuis je n’ai jamais quitté ce milieu-là, je me dis si je m’en suis pris une comme ça, il y en a d’autres qui pourront s’en prendre une.
■ 𝗤𝘂𝗲𝗹 𝗲𝘀𝘁 𝗹𝗲 𝗹𝗶𝗲𝘂 𝗱𝗲 𝗥𝗼𝘂𝗲𝗻 𝗼𝘂̀ 𝘃𝗼𝘂𝘀 𝗿𝗲̂𝘃𝗲𝗿𝗶𝗲𝘇 𝗱’𝗼𝗿𝗴𝗮𝗻𝗶𝘀𝗲𝗿 𝘂𝗻 𝗲́𝘃𝗲̀𝗻𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 ? 𝗘𝘁 𝗾𝘂𝗲𝗹 𝗲𝘀𝘁 𝗹𝗲 𝗼𝘂 𝗹𝗮 𝗗𝗷 𝗾𝘂𝗲 𝘃𝗼𝘂𝘀 𝗿𝗲̂𝘃𝗲𝗿𝗶𝗲𝘇 𝗱’𝘆 𝗶𝗻𝘃𝗶𝘁𝗲𝗿 ?
Thibault : On n’a pas encore de lieu précis, mais on aimerait un lieu qui nous ressemble, un lieu dans lequel on s’amuserait nous... Un bon gros hangar sur les quais les gars ! Les djs c’est compliqué, il y en a plein qui nous font tous trippés. J’adore l’acid Core, Raspi est un amateur invétéré de hard core, Eva est un peu plus techno industriel, du coup un seul dj ça ne correspond pas à notre identité … puis Il y a beaucoup de talents, on voudrait tous les faire venir… L’important c’est un line up cohérent.
■ 𝗨𝗻 𝗱𝗲𝗿𝗻𝗶𝗲𝗿 𝗺𝗼𝘁 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗹𝗲𝗰𝘁𝗲𝘂𝗿𝘀 𝗱𝗲 𝗡𝗼𝗿𝗺𝗮𝗻𝗱𝗶𝗲 𝗘𝗹𝗲𝗰𝘁𝗿𝗼 ?
Antoine : Merci aux lecteurs de Normandie Electro d’être acteurs de la vie musicale de la région, remercier les gens qui sont venus aux deux premières soirées, et ceux qui viendront à l’avenir, n’hésitez pas, c’est vraiment cool.
Thibault : On aimerait aussi remercier les acteurs qui nous ont fait confiance le spot ; Matrheim ; le collectif New School ; les gars de dopamine, qui ont répondu a plein de nos questions. On a vraiment été bien aidé et accueilli.
Eva : Harbor concept a bien débarqué à Rouen, on est en place les gars !