
29/07/2025
ÉDITORIAL COURRIER DES RETRAITES CDR77
Sortir de l’anesthésie et de l’insouciance
C’était en 1974, il y a 50 ans ! Le budget de la France était équilibré et la dette publique se montait à 14,5 % du PIB. Depuis cette date, chaque année, la France s’est montrée incapable d’équilibrer ses dépenses, a fabriqué du déficit et fait appel à l’emprunt pour le combler, augmentant d’autant la dette publique.
Une première alerte se produisit en 2012 lorsque les agences de notation dégradèrent leur appréciation sur la valeur de la dette française et lui firent perdre son Triple A. L’émotion que cette décision provoqua fut vite surmontée et la vie continua. Le bon crédit de la France - bien qu’il soit inférieur à celui de l’Allemagne (le spread) lui permettait d’emprunter dans de bonnes conditions pour rembourser les emprunts arrivés à terme et financer le déficit de l’année. C’était devenu une routine et elle continuerait s’il ne fallait pas payer les intérêts échus, le service de la dette.
Ce poste, qu’il est impératif d’honorer sous peine de dissuader les prêteurs ou les inciter à exiger des taux d’intérêt plus élevés, en vient à représenter un des principaux éléments du budget. Par son poids, il limite toute marge de manœuvre au gouvernement. L’inquiétude se renforce à la suite d’une alerte de la Cour des Comptes indiquant que la Sécurité Sociale risquait de rencontrer des difficultés à financer sa propre dette et de ne pouvoir payer ses prestations.
Le réveil est brutal et le Premier ministre s’est déclaré déterminé à mettre un terme à notre insouciance. Il fait part de l’intention de baisser le niveau du déficit public à moins de 3 % du PIB en 2029 et dit préparer, pour mi-juillet, un programme d’action pour le budget 2026 qui serait une étape vers cet objectif.
Dans ses déclarations, il insiste beaucoup sur la nécessité que tous les citoyens devront participer à cet effort, à la mesure de leurs facultés contributives.
Ce programme, encore inconnu, devrait comprendre des économies et de nouveaux prélèvements. Les niches fiscales sont visées et nous savons bien que chacune, quels que soient son rôle et son utilité, héberge un chien méchant qui défend sa ration. On parle aussi d’un retour de l’ISF, de remplacer une partie des prélèvements sociaux par une augmentation de l’impôt (TVA sociale ?), d’augmenter l’impôt sur les successions...
Il importera d’abord que le personnel politique, gouvernement, parlementaires, partis politiques, sachent, comme ils le prétendent régulièrement, faire passer l’intérêt collectif avant le leur et leurs querelles. Ils devront faire de la pédagogie pour expliquer, sans fards, la situation réelle du pays et veiller à ce que les efforts nécessaires soient équitablement répartis.
Ce n’est qu’à ces conditions que les citoyens pourront accepter les mesures qui seront décidées. Ils ont vu que d’autres pays, Grèce, Portugal, Canada ont su affronter de telles difficultés. Ce sera aussi le cas pour la France si le programme concerne vraiment tout le monde avec équité et sans discrimination.
Christian Bourreau - Pierre Conti
Editorial Courrier des Retraités N°77