
31/01/2025
âDjibouti, la nuit : la prostitution quâon refuse de voir.
En 2014, une agence avait entrepris de recenser les travailleuses du sexe Ă Djibouti, sous couvert dâune « formation ». Ce recensement a rĂ©vĂ©lĂ© une rĂ©alitĂ© bien plus vaste et organisĂ©e quâon ne lâimaginait : un vĂ©ritable marchĂ© clandestin, structurĂ© en rĂ©seaux, sâĂ©tendant Ă diffĂ©rents quartiers de la ville.
à PK12, un circuit bien rodé alimente les chauffeurs de poids lourds de passage. à Arhiba, ce sont des adolescentes éthiopiennes qui sont exploitées, recrutées dÚs leur arrivée, souvent sous la coupe de proxénÚtes appelées "mama", des femmes plus ùgées qui gÚrent ce commerce avec une main de fer. Dans le quartier 1 (Q1), la situation est similaire.
Avec la nuit, Djibouti change de visage. Si autrefois la prostitution concernait principalement des Ă©trangĂšres, de plus en plus de jeunes Djiboutiennes sây lancent aujourdâhui. Elles sont rĂ©putĂ©es pour ĂȘtre les moins chĂšres, non pas par manque de nĂ©gociation, mais par contrainte : elles Ă©vitent les check-ups mĂ©dicaux, contrairement aux Ăthiopiennes qui, elles, passent des tests de santĂ© rĂ©guliers.
Les Djiboutiennes, elles, prĂ©fĂšrent risquer la mort plutĂŽt que dâĂȘtre reconnues Ă lâhĂŽpital. "Si mon frĂšre apprend que je suis sĂ©ropositive, il me tuera". Ces jeunes femmes se font discrĂštes, mais elles sont pourtant bien lĂ , sous nos yeux.
Dans certains restaurants et bars huppĂ©s comme Pergola, Number One, Sky Bar et d'autres que je vous laisserais deviner, elles dĂźnent, rient, et attendent patiemment quâun Ă©tranger sâinstalle Ă leur table. Un sourire bien placĂ©, un jeu de sĂ©duction, et la soirĂ©e se termine ailleurs. Certaines ont trouvĂ© un nouveau terrain de chasse : Instagram, oĂč elles jouent aux es**rt girls modernes, multipliant les voyages et les soirĂ©es financĂ©es par des "bienfaiteurs".
La prostitution prend de lâampleur, portĂ©e par un contexte Ă©conomique difficile. Pour certaines, câest une question de survie. Pour dâautres, câest un choix imposĂ© par la nĂ©cessitĂ©. Pendant que les discours officiels peignent un tableau de prospĂ©ritĂ© et de stabilitĂ©, la rĂ©alitĂ©, elle, se nĂ©gocie au tarif de la nuit.
La sociĂ©tĂ© ferme les yeux, prĂ©fĂšre ignorer ces femmes qui disparaissent une fois le soleil levĂ©. Mais ce qui Ă©tait autrefois un murmure discret devient aujourdâhui une Ă©vidence criante. Le problĂšme de la prostitution Ă Djibouti ne se limite pas Ă une simple transaction entre adultes consentants. Il cache des rĂ©seaux dâexploitation, une prĂ©caritĂ© extrĂȘme et une dĂ©tresse silencieuse. DerriĂšre chaque femme qui vend son corps, il y a une histoire quâon refuse dâentendre : celle de la pauvretĂ©, du manque dâopportunitĂ©s, et parfois mĂȘme de la peur de rentrer chez soi. La question nâest plus de savoir si la prostitution existe Ă Djibouti, mais jusquâoĂč elle ira.
Et pendant que nous dĂ©tournons le regard, la nuit, elle, continue de vendre ce que le jour prĂ©fĂšre taire. Il est urgent dâouvrir le dĂ©bat, de briser le tabou et dâoffrir des alternatives.
Un accĂšs sĂ©curisĂ© aux soins : CrĂ©er des espaces de santĂ© anonymes oĂč ces femmes pourraient se faire dĂ©pister sans crainte dâĂȘtre jugĂ©es.
Des opportunitĂ©s Ă©conomiques : Encourager la formation et lâaccĂšs Ă des emplois dĂ©cents pour Ă©viter que la pauvretĂ© ne devienne un piĂšge sans issue.
Une sensibilisation collective : Prendre conscience que ces femmes ne sont pas le problĂšme, mais bien la consĂ©quence dâun systĂšme qui les abandonne.
Et vous, que pensez-vous de cette rĂ©alitĂ© ? Devons-nous continuer Ă faire semblant de ne rien voir, ou est-il temps dâagir ?
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Source: BSB