
05/06/2025
Bonjour à tou(te)s !
Les amis qui me connaissent savent que je bosse dans le dessin animé depuis longtemps (29 ans au bas mot).
13 long-métrages en tant qu'assistant animateur, une petite dizaine de séries et une poignée de courts-métrages comme animateur : ça fait un moment que je traîne mes guêtres de petit boulon dans cette grande industrie du rêve et des petits personnages qui bougent.
Presque 30 ans, c'est long.
Et j'en ai vu des vertes, et parfois des pas mûres, bien loin de l'image mignonne et sympathique qui nous colle aux basques et provoque des sourires lorsqu'on dit qu'on travaille dans ce secteur...
Ma dernière aventure s'est mal terminée, ainsi que pour plus de 70 salariés du studio qui nous employait, provoquant un petit séisme à l'échelle de la ville, et plus intimement à celle des individus qui en firent les frais.
Un collectif est né de ce petit traumatisme, grande première à cette échelle tant les salariés du secteur se vivent comme des petits mercenaires qui doivent se battre individuellement, parfois les uns contre les autres, pour faire leurs heures d'intermittents dans un microcosme devenu ultra-concurrentiel.
(Si en 2013 nous étions à peu près 6000 à travailler dans la branche animation, tous postes confondus, et qu'il sortait environ 500 élèves des écoles, nous serions aujourd'hui plus de 9000 mais, désormais, il sortirait chaque année entre 2500 et 3000 élèves des différentes écoles privées qui se sont montées dans l'intervalle)
Il va sans dire que La Barbe protège par l'anonymat de son nom et de son nombre les individualités qui la compose.
C'est sa force et c'est sa faiblesse.
J'ai lu dans un article de la presse locale que la directrice du studio affirmait que notre collectif ne représentait qu'une minorité, et que la majorité des ex-employés avaient retrouvé du travail.
C'est faux.
En ce qui me concerne, vu que je suis tricard à Folimage et désormais à Andarta, on peut dire que je n'ai plus d'avenir dans l'animation en Rhône-Alpes, donc en France puisque je ne suis pas à une étape de ma vie où je peux partir me "réinventer ailleurs", pour reprendre une formule à la con de coach de vie.
On va dire que je livre mon dernier combat, au nom de tous les camarades qui pâtiront à ma suite des dégradations de nos conditions de travail et d'existence.
Donc oui, je m'appelle Pierre Bouvier, j'ai 54 ans et je fais parti des 74 licenciés de la série Lana Longbeard. Et contrairement à ce que claironne sa directrice, nous ne sommes pas une petite minorité.
Vous pouvez découvrir notre communiqué de presse ci-dessous et prendre conscience des réalités socio-économiques de notre secteur.
Merci pour votre attention et votre soutien !
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