04/08/2025
🇱🇧🇬🇦 L’affaire secoue les plus hautes sphères du pouvoir gabonais. Nazih Marwan Al-Azzi, un jeune influenceur libanais de 25 ans né au Gabon, longtemps présenté comme un fervent défenseur du premier Gouvernement de la Ve République dirigé par le général Brice Clotaire Oligui Nguéma, est aujourd’hui au cœur d’un scandale à la croisée du cybercrime, du chantage politique et de la diplomatie de l’ombre.
Recruté comme « cyber mercenaire » au service du Palais du Bord de Mer, Nazih, connu pour ses sorties virulentes sur les réseaux sociaux contre les opposants du régime, aurait touché, selon plusieurs sources concordantes, une rémunération mensuelle de 4 millions de francs CFA pour ses services de propagande, de dénigrement et d’intimidation en ligne. Mais la lune de miel entre l’influenceur et ses commanditaires semble avoir viré au cauchemar.
Un chantage à 6 milliards de francs CFA
Nazih Marwan Al-Azzi aurait changé de posture après des désaccords internes et des soupçons de rupture de contrat. Dans un revirement aussi spectaculaire qu’inquiétant, il a amorcé une vaste opération de chantage contre ses anciens employeurs gabonais. À l’appui de ses menaces : 46 enregistrements audio et 14 vidéos dites “compromettantes”, mettant en cause plusieurs figures du régime, y compris, selon lui, le président de la République lui-même.
Pour prouver qu’il ne bluffait pas, le jeune homme a délibérément fait fuiter un premier enregistrement audio d’une conversation privée avec le chef de l’État gabonais, déclenchant la panique au sein du régime. Dans la foulée, Nazih aurait exigé le paiement de 6 milliards de francs CFA en échange de son silence et de la non-publication du reste du contenu.
Une arrestation diplomatique à Beyrouth
Conscients des risques politiques majeurs qu’impliquerait une diffusion massive de ces fichiers – perte de légitimité, vacillement du pouvoir, réactions populaires imprévisibles –, les autorités gabonaises ont rapidement saisi leurs homologues libanais. Le 2 août 2025, la Direction Générale de la Sûreté Générale du Liban a procédé à l’arrestation de Nazih à Beyrouth, selon des sources sécuritaires locales citées par des médias régionaux.
L’arrestation a été effectuée à la demande expresse de Libreville, qui réclame désormais l’extradition du cyber mercenaire vers le Gabon afin qu’il réponde de ses actes devant la justice nationale. Le jeune homme pourrait être inculpé pour chantage, injures publiques, atteinte à la sûreté de l’État et corruption en bande organisée.
Un arrangement Gabon-Liban en coulisses
Officiellement, aucune convention d’entraide judiciaire n’existe entre le Gabon et le Liban. Pourtant, selon des sources diplomatiques, un arrangement discret aurait été trouvé entre les deux pays pour faciliter l’extradition. Le Liban, fortement engagé dans la protection de ses intérêts économiques au Gabon – où une importante communauté libanaise est implantée dans les secteurs du commerce et des BTP –, n’aurait pas hésité à coopérer pour éteindre rapidement l’incendie.
À Libreville, l’affaire soulève de nombreuses questions : quelles informations Nazih détient-il réellement ?, jusqu’où allait son implication dans les rouages du pouvoir ? Et surtout : jusqu’où les autorités gabonaises sont-elles prêtes à aller pour empêcher que la vérité éclate ?
Une chose est sûre, cet épisode rocambolesque met en lumière les méthodes troubles de communication du régime en place, où la propagande numérique, l’instrumentalisation des influenceurs étrangers, et les jeux de pouvoir se confondent dangereusement.
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