26/06/2025
Je suis devenu mari, pas encore père
La vie de couple est un mystère. Un défi. Un terrain d’amour, mais aussi de compromis, de patience et parfois, de douleurs silencieuses. J’aime ma femme. Je n'ai aucun doute là-dessus. Elle est forte, courageuse, présente. Elle a traversé beaucoup de choses, et c’est une mère admirable pour ses enfants. Mais il y a un vide entre nous, un espace que ni les mots ni les gestes ne comblent vraiment. Ce vide, c’est l’absence de cet enfant qu’on n’a pas ensemble.
Quand je me suis engagé avec elle, je savais qu’elle avait déjà des enfants. Je l’ai accepté. Je me suis dit que l’amour était plus fort que les liens de sang. Que je pouvais aimer ces enfants comme les miens. Et parfois, je le crois encore. Je les regarde dormir et je ressens de la tendresse. Je les entends rire et ça me fait sourire. Mais il y a aussi ces moments où je me sens étranger dans ma propre maison.
Ce sont des petits riens. Un regard, une réflexion, un « t’es pas mon père » lancé en pleine dispute. Ce sont des moments où je veux intervenir, poser des limites, transmettre des valeurs… et on me rappelle, explicitement ou non, que je ne suis pas le géniteur. Et je ravale mes mots. Je m’efface. Je me retire dans mon silence.
J’ai essayé d’éduquer sans dominer, de corriger sans briser, d’aimer sans exiger. Mais parfois, j’ai juste envie d’être appelé papa. Pas pour l’égo. Pas pour le pouvoir. Juste pour sentir que je suis reconnu, utile, respecté.
Parfois, je parle à ma femme. Je lui dis ce que je ressens. Elle m’écoute. Mais je vois dans ses yeux que ce n’est pas simple pour elle non plus. Elle porte son passé, ses enfants, ses douleurs. Et moi, je suis là, avec mes propres manques, mes attentes, mes blessures. On s’aime, mais on n’arrive pas toujours à se rejoindre sur ce point-là.
Il m'arrive de me demander si je suis un bon mari. Si je suis assez. Si je ne suis pas un poids pour elle. Parce que je veux un enfant, et elle, peut-être pas. Parce qu’elle a déjà donné la vie, plusieurs fois, et moi jamais. Parce que nos chemins se croisent, mais ne s’alignent pas toujours.
Il y a des jours où je me sens fort. Où je me dis que j’ai une mission, que je suis appelé à être un exemple, un pilier. Et puis il y a ces autres jours, plus nombreux que je ne le voudrais, où je me sens vide. Comme si j’étais passager dans une vie que je n’ai pas construite.
Être mari, c’est partager, c’est soutenir, c’est aimer sans condition. Je l’ai appris. Mais être père, c’est autre chose. C’est profond, viscéral. C’est un besoin que je ne peux plus ignorer. Ce n’est pas une envie passagère. C’est une faim, une soif d’exister autrement. D’être appelé. D’être attendus par des petits bras. D’être craint et aimé à la fois.
Je suis devenu mari. Mais pas encore père. Et ce « pas encore » me dévore parfois. Mais il me pousse aussi à croire qu’un jour, ce vide trouvera un nom. Et peut-être, un sourire qui me dira : « Papa. »
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